La magie des pierres

Aujourd’hui, Baptiste prévoit une sortie entre amis à une heure de route pour une découverte du « Rock Balancing ». Une première pour Simon et Louise, tandis que Lucie a eu le privilège d’assister aux sculptures étonnantes réalisées par Baptiste dont la fibre artistique est une évidence.

Baigné de brume, le paysage ouaté de cette matinée incite à la prudence car la visibilité est réduite. Rassurés par la conduite vigilante de Bat, la joyeuse petite bande plaisante sur beaucoup de sujets en oubliant usages et bienséance. Sur le parcours, Bat fournit quelques conseils sur cet art bien particulier découvert il y a peu de temps : la magie des pierres en équilibre.

Selon la technique du tripode, sans aucun produit liant pour construire ces figures, c’est un jeu habile entre gravité, contrepoids et points de pression. Il leur souligne le sens du partage, la zen attitude et l’art de communiquer avec la nature. Puis avec un malin plaisir, il poursuit en conseillant de ne pas oublier les incontournables de ce site magnifique : des petites niches entre les rochers pour se mettre à l’abri du vent et des regards ! Il s’empresse de rajouter à l’intention de Lucie, qu’il n’en a encore visité aucune, mais serait ravi de le faire aujourd’hui !

Louise devine au coup d’œil que lui adresse Simon, qu’un de ces petits nids d’amour lui plairait bien aussi. Chacun plaisante bruyamment et longuement sur ce sujet, en espérant trouver, malgré l’apparition de timides rayons de soleil, une petite cache douillette et bien capitonnée !

Vers midi, ils atteignent la « plage de Tahiti », un petit coin de paradis accessible par un chemin côtier avec une vue imprenable sur la baie de Morlaix. Un vrai coup de cœur !

Peut-être nommée ainsi en hommage au peintre Gauguin qui séjourna à proximité et avait des inspirations tahitiennes ?

La beauté de cette plage rappelle la Polynésie jusqu’au moment de mettre… les pieds dans l’eau, surtout en ce début d’automne !

En arrivant, le spectacle est saisissant ! Pour un laps de temps, les châteaux de sable ont déserté la plage pour donner libre cours à d’autres constructions aux formes surréalistes, tout aussi éphémères.

De part et d’autre, on peut admirer ces sculptures surprenantes et inattendues tout droit sorties de l’imagination créatrice. Ici, un pont suspendu qui relie deux rocs, semble être retenu par un fil invisible, tandis qu’à l’écart des petites tours de galets rehaussent un alignement de rochers comme des copies miniatures de menhirs à l’âge moderne.

Pendant la pause déjeuner, les amis observent et commentent leurs goûts et leurs préférences de tous ces ouvrages. Baptiste part en premier à la recherche des galets qu’il observe, choisit, ramasse et trie avec beaucoup de méthode et de patience sous le regard admiratif de Lucie qui ne tarit pas d’éloges à l’égard de son amoureux. De leur côté Simon et Louise, glanent ici ou là des pierres sans parvenir à les stabiliser malgré leur persévérance. A chaque effondrement, on entend les rires moqueurs des deux spécialistes qui ont déjà élaboré une base solide, leur réservant la surprise du résultat final.

Déçus de leurs constructions en ruines, Simon suggère à sa chérie tout en lui prenant la main, une visite aux alentours qui devrait leur permettre d’obtenir de meilleurs résultats, à la croisée des chemins entre le yin et yang : les deux parties d’un tout, ces énergies qui s’enrichissent mutuellement dans un équilibre parfait et harmonieux. Juste des secondes qui se consument…

En redescendant vers la plage, ils aperçoivent l’œuvre de Bat et Lucie : une tourelle qui se dresse vers le ciel ressemblant à un totem sans signification symbolique mais réalisée avec talent.

Sans doute à leur tout, partis à la découverte de leur animal-totem, en les imaginant sur le petit sentier, accompagnés par le chant des oiseaux, en tournoyant sur eux-mêmes et avançant de plus en plus vite sans que leurs pieds touchent le sol, jusqu’au terme de leur voyage.

Louise et Bat prennent une photo, puis une autre un peu plus tard avec les créateurs qui posent fièrement, sachant que dans les prochaines heures, la marée montante et le vent viendront anéantir leur réussite comme un château de cartes.

Heureux, ils reprennent la route du retour.

L’automne aux multiples facettes sublime la nature en une succession de petits tableaux où se fondent, les côtes balayées par des tempêtes d’écume, les arbres aux feuillages jaunissants, la belle lumière étendue sur la plaine. Toutes ces fines nuances qui s’invitent entre elles et sont toujours accueillies avec bienveillance.

Tout en regardant le paysage défiler sous leurs yeux, chacun savoure cette journée pleine de passions, de couleurs, de formes, de senteurs d’océan et de nature dans un grand calme intérieur, telle l’étale de la mer entre le flux et le reflux.