C’était la fin de ce week-end de mai qu’elle a passé avec Jean, rencontré quelques mois auparavant.
Deux jours fades et insipides qui n’ont eu d’autre intérêt que la visite du Palais de le Découverte et une pièce hilarante, un gros succès du moment.
En se quittant sur le quai de la gare Montparnasse, elle lui a dit « au revoir » mais a pensé « adieu » !
Élisa rejoint sa place et constate qu’elle est située en club duo. Elle est contrariée ! « Décidément, pense-t-elle, moi qui aimerais être tranquille, je vais avoir quelqu’un juste en face de moi durant trois heures ! ». Heureusement, elle va reprendre la lecture de son livre commencée à l’aller.
Elle dépose sur sa tablette tout ce dont elle aura besoin pendant le voyage, et remet un peu d’ordre dans son sac à main. En entendant dire « bonjour », elle lève les yeux pour répondre.
Un flash de lumière ! Devant elle, se tient un grand et bel homme aux cheveux noirs et des yeux, des yeux… dont elle ne peut se détacher ! Il lui semble qu’elle ne laisse pas indifférent ce voyageur du hasard qui la regarde avec insistance.
Il y a quelques instants, elle espérait l’ombre d’un endroit paisible et elle a trouvé la lumière dans les beaux yeux sombres d’un inconnu. Aux nuls autres pareilles. Un éblouissement !
Au fil du rail, leurs regards se croisent souvent en s’attardant un peu, puis l’un et l’autre reprennent leur lecture, laquelle pour Élisa a perdu de son intérêt.
Lui dira-t-il quelques mots ? Elle n’a plus entendu le son de sa voix depuis les salutations au départ de Paris et elle attend qu’il se décide à parler.
L’annonce dans le haut-parleur prévient que le train entrera en gare de Bordeaux dans quelques minutes. Les passagers se préparent à descendre. C’est le terminus, il descendra forcément ! Elle le regarde encore une fois mais il ne se lève pas. Elle quitte sa place et récupère son bagage.
Élisa dispose de quatre minutes pour opérer le changement avec sa correspondance pour Toulouse, alors elle se hâte et monte dans la rame.
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Vous prenez celui-là ? Lui demande-t-elle alors qu’elle le voit arriver derrière elle.
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Non, mais je veux que vous sachiez que grâce à vous j’ai passé un très bon moment dans un délai trop court !
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Moi aussi ! lui répond-t-elle juste avant la fermeture des portes.
Il y a encore trois heures, elle ignorait l’existence de ce bel inconnu et tout de ce foudroiement qu’elle vient de vivre, cette sensation unique, enivrante, inexplicable à presque cinquante ans ! Elle que se croyait hors d’atteinte. Le trajet Bordeaux-Toulouse sera bien différent…
Mais quel joli moment ! Merci Cora Line, tu m’as donné envie de prendre le train 😉
Merci Séverine. Elisa c’était moi et oui,un très beau moment que je n’ai pas oublié et dont je me souviens chaque détail !
C’est encore plus beau alors 🙂