Roman, “Journal d’un loup”, au jour le jour, la vie d’un “loup” (1994)
PROLOGUE
En 1942, les deux derniers loups Français étaient abattus en Haute-Marne. Il aura fallu attendre un demi siècle pour que l’on retrouve sa trace sur notre territoire. ” Une louve tuée près de Beauvais ! “
Sitôt qu’il réapparut en Lorraine, pour y mourir, lui pourtant si discret fit la une de tous les médias.
Depuis tous les ans on parle de lui, mais rarement en bien.
Autrefois parqué dans sa réserve du Mercantour, ce prédateur européen par excellence revendique ses territoires de chasse. Il y a sa place, il la mérite, et si …?
DEMAIN LES LOUPS !
“AUX LOUPS…! AUX LOUPS…! AUX LOUPS…!
Depuis combien de temps ce cri n’avait pas retenti dans les villages environnants…? Peut-être deux ou trois cents ans…? Quand ils venaient rôder, présage de malheur, affamés sous les remparts. Puis repoussés, pourchassés, battus, ils ne hantaient plus les forêts, ni les marais qui entouraient jadis la grande cité. Ensuite la ville a poussé ses murs, asséché les marais, coupé les arbres, englué les villages les plus proches. Dans sa soif d’étalement, elle avait oublié cette peur.
Les loups étaient en peluche, en plastique recyclable. Héros de films ou de dessins animés, ils étaient devenus sympathiques comme le sont devenus tous ceux dont on a plus rien à craindre car sans terre et si peu nombreux.
Pourtant depuis quelques temps, la forêt, conservée à l’état de parc régional, bien proprette, sillonnée de sentiers pédestres, de pistes cyclables, ceinturée de parkings et autres aires de pique-nique, s’était vidée.
Le marcheur délaissait les chemins égayés de pancartes multidirectionnelles et multicolores dont dépendait sa forme. Le cycliste abandonnait les montées et les descentes qui entretenaient la sienne tout autant que les voleurs à la roulotte ne s’aventuraient plus sur les parkings faute de véhicules à détrousser. Même les chasseurs étaient habités par un autre sentiment que celui du pouvoir de vie et de mort en toute impunité. La terreur ancestrale de la “Bête” se tenait à nouveau au creux de leurs ventres. “ Les loups…! Les loups…! “ car c’était bien d’eux dont ils s’agissaient, étaient revenus. ON les avait d’abord entendu deci delà mais ON a pensé à des chiens. Puis il y a eu les “événements” et ON, a mis cela sur le dos d’une bande organisée, spécialisée dans le trafic de viande et se servant de chiens pour rabattre les troupeaux. Ensuite quelques disparitions inexpliquées, fugue, suicide, qui sait ? Et enfin le corps de ce garde de l’ONF retrouvé par d’intrépides cueilleurs de champignons. Ses restes, dispersés sur une cinquantaine de mètres, furent identifiés grâce aux lambeaux de son uniforme. Ses pieds et le haut de ses chevilles étaient encore dans ses chaussures, rangers militaires en gros cuir très dur pourtant rongées comme un os.
– “Des loups …! Des loups, vous dis-je…!”
A nouveau ce cri retentissait d’un bout à l’autre de la région, courant sur toutes les lèvres, interrompant les siestes, effrayant petits et grands. Il faisait resurgir les disparitions inexpliquées et les images de troupeaux égorgés qu’on voyait à la télé.
Dans les villages, les lanternes à loups ressortaient des greniers poussiéreux et des caves humides, ces petites lueurs de toutes formes se rallumaient aux coins des rues, aux portes des fermes isolées mais semblaient bien ridicules face au danger qui menaçait. ON, les avait même vu en ville.
-”Aux loups ! Aux loups !” Qui aurait pensé entendre encore ce cri à l’aube du XXIème siècle.
Bonjour Daniel Simon. En écho aux cris "Aux loups"de la foule déchainée, la tuile à loup, instrument éolien,répond dans un souffle en annonçant les catastrophes à venir. Merci pour l’ambiance !
Bonjour ! Je ne connaissais pas “La tuile à loup” . Voilà qui est très intéressant. Il y a aussi un film de 1972 que je vais essayer de regarder. Je ne pense pas pouvoir l’utiliser dans mon roman car la région ne correspond pas. Merci toutefois pour votre suggestion. J’espère que vous continuerais à lire et que l’ambiance vous plaira toujours. Cordialement, D.S.