Journal d’un loup, page 38 à 40

5 mins

24/06/87

Je me suis abrité tant bien que mal car il a plu toute la nuit. Pas beaucoup dormi. 

Ce matin, j’ai allumé un feu en sacrifiant deux feuilles de l’agenda. Les branches imbibées d’huile qui composaient ma couche ont brûlées rapidement en asséchant quelque peu les environs mais il m’a fallu contrôler la fumée et les flammes qui s’en dégageaient. J’ai récupéré ce qui était éparpillé aux alentours, les crayons, quelques brins de lavande juste de quoi faire un thé dans la canette qu’il me reste. J’ai aussi retrouvé mes bottes et la bouteille de champagne qui avaient été balancés à peu de distance, pas retrouvé le bouchon ni les éclats de silex.

Je dispose encore à cette heure : 

d’un canif, une lance, un briquet, stylo, crayon de mine et couleur, agenda, les vêtements que je porte, la petite couverture, un mouchoir, une gourde de deux litres, une barquette plastique refermable, 1 petit pot pour bebé, 1 bouteille plastique de 25 cl, 1 bidon de 5litres qui à contenu de l’huile, 1 sac poubelle/habit de pluie + 1 entaillé, 1 boussole, 1 aimant, 1 morceau de sel, 1 musette pour ranger le tout.

Remarques : 

-Garder un maximum de choses sur moi quand je pars.

-Mettre les bottes à mes pieds et accrocher mes basquettes à ma musette ou l’inverse. 

-Refaire le plein d’eau et de bouffe.

Avec le sac déchiré, je bricole une pochette étanche pour mon journal. Et je pars en opération de recyclage.

Je recherche un sac poubelle, le moins plein et le plus propre possible,  je le vide dans un autre et n’en retiens que 3 canettes de soda vides qui me suffiront dans un premier temps. Elles ne manquent pas celles-ci, j’en trouverai bien d’autres. 

Un touriste, que je suppose anglais, a oublié sur un banc un mug où est écrit  “Good morning”.  “ Tank iou ! “ dis-je tout haut, en l’adoptant aussitôt avec un petit sourire. Rien d’autre à ramasser, je remonte pour reconstruire un abri avant qu’il ne pleuve à nouveau. 

26/06/87

Repos aujourd’hui bien que je vais épuiser mes réserves. Hier, j’ai reconstruit un petit camp mais sans enthousiasme. Je n’arrête pas de penser à “Mon Chêne”. Je crois que j’ai enfin trouvé un endroit assez sauvage et tranquille mais je désire mieux l’explorer. Cela représente environ un jour et demi de marche si j’y vais directement. 

Il me faudra tout de même quelques provisions pour l’excursion.

27/06/87

Rien trouvé de carné le long de la route. Les chiens ne se plaignent pas mais comme ils vadrouillent tout le temps qui sait ce qu’ils mangent. Au pire ils doivent visiter les carcasses que nous avons abandonnées.

Par contre, j’ai fait une bonne provision d’herbes. 

Menu du jour:

Orties et racine de benoîte en soupe.

Racines de pissenlits et de carottes sauvages avec feuilles de consoude et de bardane cuisinées en une sorte de pâté de légumes revenu dans du gras, 

Salade de mâche et fleurs de mauve assaisonnées de sel de pâture. 

Purée de fraises des bois avec ses feuilles de menthe.

Thé de fleurs de sureau et reine des prés. 

Un festin !

28/06/87

Toujours pas de viande au bord de la route. A nouveau, menu végétarien pour moi. J’ai découvert un sureau plein d’oreilles de Judas. L’humidité de la source qui le borde en a favorisé la pousse. Belle récolte dont je vais faire sécher une partie. 

Un petit bouquet d’origan, des pâquerettes, des fraises et du tilleul. 

29/06/87

La chance nous a souri ce matin.

Une flaque de sang, gluant et froid sur la route, suivi d’une traînée de plusieurs mètres qui mène au bas côté. C’est un sanglier renversé au cours de la nuit qui gît dans le fossé. Surement un camion qui n’aura même pas senti le choc car il n’y a pas de traces de frein ou de débris d’aucune sorte. 

Mandibule inférieure cassée et pendante. Patte gauche fracturée avec plaie à l’épaule ce qui l’empêche de remonter du fossé pourtant peu profond. C’est une femelle exténuée d’une soixantaine de kilos et aux dents devenues inoffensives. 

Pax, arrivé en premier, la serre à la gorge et abrège ses souffrances en l’étouffant. Saho tire déjà sur la peau tendre de son ventre. Je l’entraine dans le sous bois, les chiens m’aident en tirant dans le même sens. Avec mon canif qui montre ses limites sur l’épaisse couche de soies raides et de peau, je prélève les cuisses avec le poil sous le regard affamé de mes compagnons puis leur abandonne la carcasse. j’y reviendrai quand ils se seront repus des entrailles qui se sont répandues sur les feuilles mortes. Les mouches rôdent déjà. 

Voilà de la viande et du lard pour un moment si je peux la conserver correctement. 

Les cuisses sont les morceaux les plus charnus et les plus faciles à ramener au camp. Désossées, coupées en fines lanières, fumées et séchées, je conserverai les morceaux au sec au-dessus du feu le plus longtemps possible. La peau est trop épaisse pour en faire une couverture ou un vêtement. J’ai de l’occupation pour la journée. 

Au soir

J’ai fait plusieurs allers et retours pour sauvegarder le plus de viande possible. Je suis retourné chercher les canettes que j’avais dédaignées sur le parking pour les remplir, elles aussi, de gras fondu. Je les couvre de plastique noir du sac déchiré qui une fois lié avec le liber d’un tilleul ferat de bons couvercles. 

La journée est passée en atelier boucherie et des morceaux de bidoche pendent au branches tout autour de moi. Il faut assez de fumée pour éloigner les insectes qui lorgnent déjà sur mon stock et pas trop de flammes pour ne pas me faire repérer. 

Je vais y veiller toute la nuit.

Les chiens dorment, la panse pleine, gavés.

30/06/87

Aujourd’hui, finir “ l’opération fumage ”.

 J’ai confectionné une sorte de paravent de branchages vert sur trois des côtés du feu. Il dirige la fumée vers ma viande enfilée sur des brochettes de noisetier. Je vais contrôler la combustion toute la journée car, surement à cause du temps, la fumée stagne dans les branches et descend vers le parking ce qui risque d’attirer l’attention

 Pendant ce temps, je confectionne dans un baliveau du même bois, un autre arc en y apportant plus de soin.

Bien qu’ils aient tout loisir pour vagabonder à leur guise, mes deux comparses sont souvent là à me regarder, pattes allongées droit devant, oreilles dressées tel des sphinx, la tête suivant le moindre de mes gestes, guettant les signes d’une balade, comme par exemple le moment où je saisis ma musette. Impatients de m’entendre dire “ Allez les chiens, en route”. Puis d’autres fois lassés d’attendre, ils prennent l’initiative et partent de concert, dédaigneux de mes occupations.

03/07/87

J’ai de bonnes réserves, environ 4 kg de viande sèche, une barquette plastique pleine de champignons secs, 8 canettes remplies de gras, 1 morceau de sel, 1 petit pot contenant des herbes pour assaisonnement. Il est temps de penser à mon déménagement. Tout d’abord je vais emmener le plus possible de mes provisions et laisser ce qui craint le moins en attendant.

J’ai terminé de sculpter mon arc et revu la fabrication de mes flèches, toujours sans pointes. 

 Finalement je vais pouvoir emmener toutes mes affaires qui doivent peser une quinzaine de kilos. Je répartirai le poids. Dans ma musette tous mes biens et mes ustensiles et dans une besace fabriquée à partir de deux sacs à ordures noués entre eux, mes provisions. Passée par-dessus mon épaule, elle me laissera les mains libres pour mon arc et ma lance. 

J’abandonne la bouteille de champ trop lourde et le bidon de 5 l qui sera plus encombrant qu’utile.

Remarques : 

 

-Accrocher mes basquettes à ma musette ou autour de mon cou.

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Publié dans Pen
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