Depuis le collège, je me sens seule. Toujours ce sentiment qui me manque une part de mon être. Je me trouve constamment un défaut ; à chaque nouveau chapitre, une tâche inédite apparaît sous les feux des projecteurs, comme-ci elle avait été là, depuis tout ce temps, sans que jamais je m’en aperçoive.
A chaque fois que j’arrive à me détacher de ce besoin ridicule de me trouver une erreur sur moi et, de contrôler mes émotions, de ne pas être vue comme “stupide” ou bien “affreuse”, juste de vouloir faire bonne impression, j’ai ce sentiment qui revient tel un boomerang que j’aurais oublié de rattraper, qui viendrait me gifler le visage violemment, ce sentiment d’être mise de côté de tout, et pour tout.
Ce cercle vicieux reste accrocher, empoisonnant mes relations avec mes proches.
Je n’arrive plus à réfléchir; cette lâcheté marque son territoire, jalouse de mon existence. J’apprenais à supporter cette aigreur et même parfois à l’oublier jusqu’au jour où je suis arrivée en première, dans un tout nouveau lycée.
Quand je suis rentrée dans cette vaste institution, les efforts que j’avais eus auparavant, n’ont plus servis à rien. Je devais abandonner mes connaissances, toutes récentes de la seconde, pour essayer de m’en refaire, encore une fois, bien que je n’en avais pas la moindre envie.
Ce désir aigu de passer mes dernières années dans le secondaire paisiblement, d’enterrer cet acharnement persistant se faisait ressentir davantage. Mais dès le premier jour de classe, les larmes ne se sont pas faites attendre et ont déroulées leur tapis de soie embrumé le long de mes joues, et continuèrent ainsi les semaines qui suivirent. Même mon esprit ne savait plus où se mettre.
J’ai tout simplement arrêté d’avancer, comme je l’aurais souhaité. A vrai dire, j’ai plutôt battu en retraite. Mon estime de moi, déjà négligée, m’avait lâchée, abandonnée sans aucun scrupule, rendant mes journées funestes et mes nuits blanches en une mauvaise habitude qui n’allait pas me quitter de sitôt.
Laissant des signes avant coureurs remplis de peur, de stress et de colère chroniques. J’avais peur, je voulais rester chez moi, ne plus remettre un pied dans ce lycée qui m’étouffait. Je stressais du regard et des jugements acharnés des autres. La boule au ventre grandissait chaque matin, comptant les minutes jusqu’à la sonnerie de ce réveil sec. J’étais énervée, car je me sentais faible, vulnérable, et que je ne pouvais rien y faire. On dit de moi que je faisais semblant d’être une victime, qu’il fallait que j’aille de l’avant, que je n’étais pas le centre des critiques et du monde.
Mes pensées ne tenaient qu’à un seul fil, plus noires et désespérées.
Cette faiblesse, je ne peux qu’en accepter la souffrance. Je veux devenir plus forte. Je sais que je ne pourrai jamais redevenir ma version passée, mais qu’au contraire, je peux mûrir, accepter mes fautes et m’en servir pour réparer ce fragment absent.