Un jour j’ai eu douze ans, et j’ai rêvé de toi. 5/4

4 mins

« Mon chéri, mon chéri, que s’est il passé encore, Mon Dieu, Mon Dieu . »
Elle me mouille la joue de ses larmes, j’ai du mal à parler, ses cheveux plein la bouche.
« Maman c’est bon, arrête je vais bien. »
Elle se redresse enfin, tire une chaise près du lit, elle joint les mains devant sa bouche, je vois très bien qu’elle se mordille pour arrêter ses pleurs.
« Raconte moi s’il te plaît, je suis venu aussi vite que j’ai pu quand ils m’ont téléphoné, je n’ai même pas averti ton père. »
« Mais rien maman, je fatigue très vite c’est tout, je dors très mal, c’est pour ça. Dès que je sors d’ici, tu verras.Tu as vu le Docteur ? »
« Pas encore mon chéri, pas encore, je crois qu’ils doivent lui dire que je suis là. Ils te soignent mal, tu veux que je me renseigne pour changer, tu as besoin de quelque chose ? Dis moi, je ne sais pas quoi faire pour t’aider. »
J’ai de la peine pour maman, je vois bien qu’elle s’inquiète, mais quoi lui raconter sans que quelqu’un le sache.
« J’ai vu le Docteur tout à l’heure, il m’a parlé de fatigue, tu verras avec lui. Il doivent me retirer le pansement qui m’empêche de bien bouger la tête, et comme je ne suis pas à la maison, je suis sur que tout y est pour quelque chose. »

Quand on parle d’un loup, un coup frappé à la porte.
« Bonjour Madame, on vient juste de m’avertir. Comme vous le savez, votre fils a encore subit les symptômes d’une grosse fatigue, pour faire simple, une anémie caractérisée mais non symptomatique, nous continuons les examens pour comprendre ce qui a pu lui arriver. Ne vous inquiétez pas, nous sommes à ses côtés. «
« Mais ça fait la deuxième fois que ça arrive, ce n’est pas normal. »
« Nous le savons bien, nous faisons tout ce qui est possible, et nous trouverons, soyez en sure. Je pense réellement qu’il n’est pas aisé pour un jeune homme de son âge, de décrire avec précisions  les symptômes de ce qu’il lui arrive, et personne n’aime être dans un lit d’hôpital.»
Il me regarde par dessus l’épaule de ma mère en prononçant cette dernière phrase, j’ai l’impression qu’il pense à autre chose, je ne sais pas trop, mais je ne l’aime plus du tout.
« Nous devrions le laisser se reposer un peu, vous reviendrez après. Nous pourrions discuter devant un café ou un thé, j’ai un peu de temps pour vous expliquer si vous le permettez. » 
« Vous avez sans doute raison Docteur, un thé me ferait le plus grand bien. »
Elle m’embrasse sur le front devant un étranger, elle sait que je n’aime pas pourtant.
« Je reviens mon chéri, repose toi. »

Je me retrouve encore seul, avec un peu de fatigue c’est vrai, mais seul, il vient de me prendre ma mère qui venait me voir.
Je redresse l’ ordinateur que j’ai laissé ouvert quand elle est arrivée, j’ouvre mon dossier secret et je note.
Docteur Moreau, attention à lui, il n’a pas l’air honnête.
Rêve vide à coté, ça fatigue quand on le remplit, quelqu’un a lancé quelque chose dedans, ça m’a fait pleurer, c’est peut être à quelqu’un, ne pas y retourner tout de suite.
Je relis tout ce que j’ai écris, ou le peu, mais je remplis pour me souvenir de tout.
Je relis, je relis plusieurs fois mon dossier, mais j’ai les yeux qui se ferment, je baisse l’écran, je sens que je m’endors, que je suis fatigué, je ne vais nulle part cette fois ci.
Je me sens un oiseau qui vole dans le ciel, tout en bas sont des points que je distingue mal. En quelques battements d’ailes je suis au ras du sol, je cherche à m’approcher de ceux qui déambulent. Les gens ont peur de moi je les vois qui s’enfuient, je veux juste comprendre, pourquoi ils ne volent pas. Je regarde derrière, mes ailes ont disparues, un poids sur la poitrine je sens qu’on me retire, je me redresse d’un coup.

« Vous m’avez fait peur Monsieur, je croyais que vous vous étiez endormi avec l’ordinateur, je voulais éviter qu’il ne tombe. »
L’infirmière se recule, mon portable dans les mains, elle ne sait plus quoi faire.
« Il est quelle heure, j’étais a moité endormi, ou est ma mère ? »
« Elle vient juste de partir, j’amenais votre repas, elle n’a pas osé vous réveiller m’a t‘elle dit. »
Je regarde le plateau posé sur la desserte, je suis vraiment vaseux, je tente de lui sourire, je dois être en train d’esquisser une grimace parce que tout un tas de choses que j’essaie de mettre en ordre arrivent en même temps : maman est partie sans me dire au revoir, le docteur a discuté avec elle, l’infirmière m’a réveillé, je vivais un drôle de rêve, il est l’heure du repas, je sens les effluves d’un plat chaud, j’ai du m’endormir quelques heures pour que ce soit l’heure de manger.
« Posez le à coté, je faisais juste une petite sieste. »

Je me retrouve encore seul, Maman aurait bien pu rester un peu ou bien me réveiller, j’en ai marre de tout ça.
J’expédie mon dîner, je vois tout en mangeant le personnel qui passe au loin dans le couloir. Certains me jettent un œil, un animal de foire, je me fais cet effet, je crois que pour une fois je n’ai pas tout fini de mon maigre repas, j’ai l’estomac noué je n’arrive plus à mâcher, j’ai l’impression d’un poids tout au fond de mon ventre.
Je repose le plateau sur le bord de la table, il m’échappe des mains, j’ai complètement oublié que je suis relié par un fil a mon doigt, ce faisant je l’arrache d’un coup sec en voulant rattraper.
J’entends courir dans le couloir, l’infirmière entre sans frapper, je suis en train de ramasser les débris sur le sol.
« Laissez moi faire, ce n’est pas grave, je m’en occupe. Faites attention au câble, ça a sonné dans l’office. Je remet tout en ordre. »
« Pourquoi j’ai ça, alors que tout le monde peut me voir du couloir ? »
« Je ne sais pas, c’est un ordre du professeur au cas ou vous nous feriez encore une petite peur. Posez lui la question demain, il doit passer vous voir, j’ai lu que c’était programmé le matin. »
Elle repart, le plateau dans les mains, me souhaitant bonne nuit, il est huit heure du soir, je n’ai envie de rien, je regarde la télé qui n’est pas allumée, je regarde mon portable, je me remets au lit, j’ai envie de pleurer.

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