Un chapitre, une musique. – Prologue 

Cette nuit la il m’appelait encore. C’était la troisième fois cette semaine. 

– Carla je peux entrer ? Dis moi je peux ? 

J’ai fermé les yeux et n’ai rien dit. J’ai ramené mes couvertures sur moi et ai écouté. Il était toujours là derrière la porte. Je priais le ciel pour que ce soir là il ne se passe rien. 

– Carla dit je peux… ?

Il a ouvert la porte de ma chambre pour entrer dans la pièce. Seules les lumières du lampadaire de la rue filtraient à travers le volet à demi fermé de la fenêtre. 

J’étais sûr que de là où il était, il voyait très bien mes yeux. Mon regard qui lui implorait de ne rien faire. Je voulais ouvrir la bouche pour dire quelque chose mais aucun sons, aucun mots ne sortaient. 

Il se déshabillait devant moi. J’étais recroquevillé sur moi même. 

Il était désormais nu.

Il était beau, imposant, très grand. Il devait mesurer dans les 1m80. A vrai dire je n’avais jamais pensé a lui poser la question. Pourtant on se connaît. On se connaît même très bien. Depuis toujours.

Je connais ses parents, il connaît les miens. Je connais ses amis il connaît les miens. Je sais tout de ses passions, de ses loisirs. Il connaît tout de moi aussi. Alors pourquoi ? Pourquoi me rend il visite toutes ces nuits ? 

Sous la lumière du lampadaire, je pouvais deviner chaque contour de ses articulations. Je pouvais aisément voir cette lueur qu’il avait au fond des yeux. C’était mon prédateur. 

Je le regardait fixement. Mes larmes s’écrasaient sur mes joues. 

Tous les soirs c’était le même rituel, il prenait la chaise de mon bureau, s’asseyait dessus et passait sa main dans mes cheveux. 

– Je sais que tu en meurs d’envie Carla, je le sais. Tu es à moi. Arrête de pleurer et exécute toi ! 

J’avais la gorge nouée tous les soirs, je tentait d’étouffer mes sanglots, mais mes larmes inondait mes joues. Il perdait patience, je le savais. A chaque fois c’était le même rituel. 

Il m’attrapait violemment par les cheveux, me ramenant à lui tout en restant assis. 

– Carla j’attends ! Dépêches toi, j’en meurs d’envie. Ouvre la bouche, tu sais ce qu’il faut faire. Ne te fais pas prier. 

Il me faisait mal, j’entendais ses gémissements. Je n’en pouvais plus. Il fallait que ça s’arrête. 

Il faut que ça s’arrête.