La mort dans tous ses états

3 mins

LA MORT DANS TOUS SES ETATS

PARTIE 1
1852, Londres
              Ma journée de travail venait de s’achever. Qu’elle fut éprouvante ! Toute la matinée, j’avais côtoyé d’immenses machines brûlantes. L’après-midi j’étais dans d’immenses bureaux. Il faisait très chaud mais je n’osais pas ouvrir les fenêtres. Et pour cause : il faisait encore plus chaud à l’extérieur ! Une fois la nuit tombée, l’air redevint frais. Je rentrai chez moi à pas pressés : les rues de Londres n’étaient pas sûres, et des pickpockets et des marauds des bas-fonds traînaient dans les ruelles peu éclairées. Je vis alors une ombre derrière moi. Je me retournai. Rien. La rue était déserte. Je continuai ma marche mais l’ombre me suivait toujours. Je me retournai encore, rapidement cette fois-ci. Encore rien. C’était énervant. Je me dis : « mon pauvre vieux Will, mais tu débloques complètement ! ». J’arrivai enfin à ma porte. Anxieusement, je tripotai les clés une à une pour trouver la bonne. J’entrai, ma femme et moi mangeâmes un bon pot-au-feu et nous nous endormîmes sans qu’aucun autre évènement ne vienne troubler le cours de mes rêves. Le lendemain matin, en allant à l’usine, je vis encore l’ombre mystérieuse. Bizarre…
 
              Les jours s’écoulèrent et au fur et à mesure que le temps passait l’ombre gagnait en intensité et en précision. Au bout d’un mois je pus discerner une forme humanoïde. Un jour, un grand bruit se fit entendre sur la place où, habituellement, se tenait le marché. J’y allai précipitamment. Un homme venait de tomber raide mort comme ça, sans aucune raison. Tout ceci était très étrange. Je passai mon chemin et rentrai chez moi. Un vieil homme m’interpella dans la rue :
« Tu cours un grand danger ! Bientôt tu de… »
Je n’eus pas le temps d’entendre la fin de la phrase : le vieillard était mort. Je me dépêchai de retourner chez moi. L’ombre me suivait toujours, plus nette que jamais. Une fois arrivé dans mon logis, je vis ma femme étendue sur le carrelage de la cuisine. Je l’examinai rapidement. Morte. Ces morts autour de moi…très étrange ! Je me demandai si tout cela avait un rapport avec l’ombre.
« Tu as tout compris » dit une voix derrière moi. Je me retournai et vis une personne encapuchonnée d’un long manteau noir et tenant une faux à la main. La mort en personne !
« Je suis la mort, continua-t-elle. C’est moi qui cause toutes ces morts… Involontairement bien sûr
–  Pourquoi me suivez-vous ? demandai-je.
– Parce que tu es la relève évidemment ! » dit la mort. Puis elle fonça sur moi et tout devint noir.


PARTIE 2
       La mort. J’étais devenu la mort. Maintenant, je comprenais à la perfection le rôle que je devais jouer : quand leur heure était arrivée, je faisais mourir les gens. 2 siècles s’écoulèrent ainsi.
2020 Lyon
Un jour, je sentis qu’un évènement inhabituel allait se passer. J’étais si excité ! Deux noyés par ci, un électrocuté par là et un poignardé pour finir la journée en beauté. Au moment où je rentrais dans mon repère, une traboule condamnée, je vis un jeune garçon d’une douzaine d’années duquel émanait une étrange aura noire. Je compris immédiatement. C’était la relève ! Après deux siècles d’espérance j’allais enfin être délivré et pouvoir me reposer éternellement ! C’est alors qu’il me dit :
« Attends avant de me prendre. Tu n’en as pas le droit. Pour que la relève soit assurée, tu dois me tuer en remplaçant mon cœur par une pierre. Tu t’évaporeras dans…trois minutes vingt-sept » dit-il en consultant une montre qu’il tenait au poignet gauche.  « Il faut qu’entre-temps, tu aies assuré la relève. J’ai lu tout ça dans un livre. Or, je ne veux pas que des gens meurent parce que la mort l’a décidé. Il te reste deux minutes. » En effet, je sentais mon corps devenir très léger et ma faux avait perdu sa lame.
« Il te reste trente secondes » continua le jeune garçon. Précipitamment je pris un caillou et me jetai sur lui. Ce qu’il dit m’étonna au plus haut point :
« La relève ne sera pas assurée » Et il sortit un couteau de cuisine de sa poche et se poignarda le cœur avec. Il était en train d’agoniser. Comme j’étais la mort je DEVAIS le faire mourir. Au moment où son âme quitta son corps, je m’effaçai totalement. Il fut le dernier mort de la Terre et on se souvint de lui durant les siècles à venir sous le nom du Maître de la mort.

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