De loin, si loin, toi qui es parti de loin,
A l’aube, aidé par les tiens, tu as pris le chemin
Pour fuir un destin incertain
Sur le vieux rafiot surchargé
Tu as vu les côtes qui s’éloignaient
De loin tu es parti ce matin
Les barbelés qui encerclaient ta ville sont déjà loin
Sans un mot, tu t’es réfugié dans ton coin
Et dans la nuit sans fin
La mer est devenue ton unique et seule alliée.
Dans les nuits troublées par des vents endiablés,
Chaque jour, Tu as pu essuyer les vagues déchaînées
Qui te poussaient bon gré malgré, vers un exil forcé
Mais, toi l’enfant d’une guerre malvenue
Sans trop y croire, la mer tu l’as vaincue
Au travers de tous ces inconnus et de tant de vies perdues
Et dans la nuit noire, quand la baie s’est enfin pointée
Personne ne t’attendait sur les quais brumeux et obscurs qui s’ouvraient
aux portes d’une ville de la méditerranée.
Marqué par ton éprouvante odyssée,
Tu t’es retrouvé seul, pour faire face à toutes sortes de préjugés.
De loin, si loin, toi qui es venu de loin
Vous étiez des milliers à avoir tout quitté
Pour chercher une once de liberté
Par terre et par mer, un voyage périlleux
Sur des chemins tourmentés et houleux
De loin, vous êtes partis au péril de vos vies
Jeunesse sacrifié, solidaire et unifié
Pour reconstruire un monde à l’avenir perturbé.
Petit, quand vient le jour et quand tombe la nuit
Tu vis dissimulé sans comprendre la réalité.
Alors, tu fermes tes yeux et tu revois ta patrie quand la vie n’était que douceur devant les souks bondés et sur toutes
les terrasses des cafés.
Tu te souviens de ces femmes aux traditionnelles tenues bigarrées
Que l’on pouvait croiser dans les ruelles chargées d’histoire de ta belle contrée.
De lointains souvenirs d’un monde de paix dans lequel tu te réfugies pour retrouver un brin de vie dans toute ta nostalgie.
Et pour survivre à ton chagrin et à la tristesse de ton exil, tu gardes sur toi les photos de tous tes frères que tu as quittés et de ceux que tu as tant aimé
Dans cette errance où aucune main ne s’est-tendue,
tu façonnes ton histoire avec de simples mots qui t’aideront à guérir
de tous les maux.
De loin, si loin toi qui es venu de loin
Ta liberté tu veux la gagner
Pour cette fille aux cheveux dorés qu’un matin tu as quittée
Celle qui est restée au loin, si loin et avec laquelle tu voulais
construire ta vie.
D’elle, il te reste ses yeux perlés de pluie
Remplis de mélancolie ainsi que ceux de ta mère
au visage marqué et le regard de ton père que tu n’avais jamais vu pleurer
Leurs souvenirs t’aident à exister.
Dans tes nuits d’errance, son beau visage t’envahit
Enracinée dans la peur, tu sais qu’elle doit
compter les heures.
Pour elle, tu construiras une autre vie,
au sein de tous ces gens venus de divers continents.
Des symboles de la diversité, aux belles couleurs métissées.
Elle pourra y trouver ses repères sans aucun préjugé.
Ta quête pour être heureux
Tu la mèneras pour tous les deux.
Toi qui est venu de loin, de si loin
Petit gamin opprimé
de ton pays en guerre, tu as été projeté.
Dans chaque pays traversé, la violence était ton quotidien
que tu croisais sur ton chemin.
Après des mois d’errance, ta recherche d’un refuge de paix aujourd’hui tu l’as enfin trouvé. Maintenant, comme un slogan, ton nom brille sur les murs dépouillés de la ville où tu es arrivée.
De loin, si loin, cet exil volontaire que tu as choisi
Ne sera plus une déchirure car le temps soignera tes blessures et tous tes sacrifices subis.
Ca, je le sais car mon amie l’hirondelle à l’oreille me l’a dit.