Au raz de terre (concours "J’ai fait un rêve")

2 mins

J’ai fait un rêve ce matin, étrange et amusant. N’en déplaise à Verlaine, il était moins pénétrant. Sitôt dans les limbes, mon esprit rétrécit. J’étais là, seul et petit, dans un jardin luxuriant. Ce jardin, pourtant, ne m’était pas familier. L’herbe, d’ordinaire simple chevelure de la terre, me dominait immensément. Les brin ondulaient, lentement, très lentement, entre le ciel et moi. Point d’arbre à l’horizon, point d’horizon d’ailleurs, seuls ces immenses brins au vert enivrant. Et loin entre leurs pointes, un ciel bleu éclatant.

J’inspirai profondément, pas effrayé pour un sou. L’exhalaison de l’humus emporta mon esprit au loin dans un sous bois. J’ouvris les yeux sous un pin gigantesque, dont les épines tombées gisaient autour de moi, telles des épées titanesques. Le chuchotement des feuilles, infiniment ralenti, sonnait comme des vagues se brisant calmement. Un cliquetis me surprit. Derrière moi se traînait, pataud et sans grâce, un scarabée irisé. A peine plus grand que lui, je m’approchai pourtant. Toquant de mon index sa carapace infrangible, je me dis pourquoi pas ?

Saisissant une corde, un cheveu ou un poil, que sais-je, je grimpai sur son thorax. Agacé gentiment, l’insecte s’envola. Vrombissant sans scrupules dans mes oreilles assourdies, nous nous élevions vers la canopée d’automne, au teint flavescent. Slalomant dans les branches, puis les feuilles oranges, nous dépassions les cimes de ce bois accueillant. Soudain ébloui par un reflet coruscant du vil soleil sur la carapace de ma monture, je lâchai brièvement mes rênes de fortune. 

Percevant ma faiblesse, le fourbe animal fit un tonneau imprévu, me condamnant à une chute aussi longue que fatale, que l’ironie du sort me fit vivre autrement. Je planai comme une feuille, vers la gauche, vers la droite, au gré capricieux du vent du moment. Ma petitesse aidant, il me sembla faussement que ce vol accidentel durait éternellement. C’était sans compter sur mère nature, qui lança à mes trousses une cruelle ramure. Un bel oiseau pourtant, dont le bec à cette échelle était bien effrayant. Il piqua vers moi, toutes serres en avant, c’en est fini me dis-je, tu meurs maintenant.

Mais le tueur à plume doucement m’attrapa, serrant juste ce qu’il faut pour que je ne souffre pas. Il piaillait à tue tête et moi brinquebalant, je scrutai sol et ombres attentivement. Impossible me dis-je, c’est bien surprenant, que les pattes de cet oiseau soient douces comme un drap blanc. Ma vu se troubla, doucement je m’éveillai, à la fenêtre piaillant, un moineau m’appelait.

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2 Commentaires
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Équipe WikiPen
Administrateur
4 années il y a

Félicitations Mke,
Le Pen est ajouté au concours !

Autumn Bonnie
Autumn Bonnie
4 années il y a

Quelle belle plume! Un brin poétique. Tu as réussis à me faire voyager à travers ton texte. Bravo.

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