Je n’ai pas connu mes parents. Physiquement oui, mais pas en vérité. Mais je sais qu’ils sont la raison pourquoi je suis ici. Et j’en suis content, d’être ici. J’ai vécu une vie, bien qu’en vivant encore je ne sache pourquoi.
Mais ça ne me dérange pas, j’en suis sûr, que chacun de nous a une mission, chacune est destinée pour quelque chose. Peut-être on peut savoir la raison soi-même, peut-être il y a quelqu’un qui est habile de la trouver.
Mes parents sont déjà décédés. Je n’avais jamais eu l’opportunité de les connaître plus, de les connaître mieux que je les connais aujourd’hui. D’ailleurs, en perdant mon souvenir de leur existence, je ne peux pas me souvenir des évènements, qui pourraient me lier avec eux. De temps en temps, je pense que ça sera mieux, quand je ne peux pas me souvenir, je n’aurai pas des questions qui me bouleverseraient.
D’autre coté, j’espère que ma mission ne soit pas l’enquête de la raison d’être, concernant moi ou mes parents. Peut-être on ne devrait pas penser ainsi beaucoup de sa vie, mais c’est au moins une bonne raison pour faire et écrire quelque chose.
Aujourd’hui, il y a deux tombes séparées, deux endroits différents où se trouvent les urnes. Un peu de cendres, un peu d’or, c’est tout ce qu’il en reste.
Beaucoup de gens disent qu’il faut s’y rendre de temps en temps, mais quand on a été contraint pendant toute sa vie, on apprécie le sentiment de ne plus être obligé.
Et de toute façon, n’est-ce frappant, comment a été développé l’exercice du pouvoir entre la méiose et la crémation et comment il a disparu à nouveau, leur libérant de leurs dépendances de leurs parents, créant et détruisant de nouvelles dépendances entre eux et leurs enfants.
Est-il possible que nous soyons vivants mais que nous ne vivions même pas, que notre vie soit désignée et vécue? Et quand c’est vrai, qui ou quoi vit notre vie?
Ils étaient là, ils sont partis, je suis là, et je serai parti. Il y a un début, il y a une fin, mais il y a un but ? Ou il n’y a pas de début, il n’y a pas de fin, mais la fin mène au début, et le début mène à la fin ?
Quoi qu’il en soit, mes parents sont morts, ils ont vécu et je suis vivant.
En lisant Camus.
Très beau texte, touchant et apaisé
J’ai beaucoup apprécié ce texte. La 3è phrase a immédiatement fait écho à mon ressenti.
Merci, Cyrène et Mke Mke, pour vos commentaires, qui me motivent beaucoup.