Kalel
Maman pousse des cris de douleur. Je ne sais pas ce qu’il se passe, mais je ne veux pas le savoir. Tout ce que je voudrais faire, c’est me boucher les oreilles, fermer les yeux et pleurer. Oui, pleurer, au rythme de ses cris.
Allonger dans des draps affreusement blanc, les jambes redressées et en appuis sur des barres en fer, maman ne fait rien d’autre que crier… L’ai-je mis en colère, je ne crois pas. Maman n’est jamais en colère contre moi. Elle est simplement allongée dans un lit, avec des draps aussi blancs que la neige et a les jambes redressées.
Père se tient aux côtés de maman depuis qu’elle est arrivée dans cette chambre, blanche également. Il a les traits tirés par la fatigue, mais aussi le stress et la peur. Je ne l’ai jamais vu comme ça. Il tend sa main vers maman pour qu’elle la lui sert. Mais elle ne fait que crier, et je pleure de plus bel.
Elle se tourne vers moi et, après un énième cris, me jure que tout ira bien… Mais je ne l’a crois pas, je vois bien à son teint pâle, à ces cernes et à ses yeux rouges imbibés de sang et dilatés, que tout n’ira pas bien. Elle ment. Elle me dit que père sera là pour moi, qu’il veillera toujours sur moi, mais je m’en fous, je sais qu’elle ment. Tout ce que je veux, c’est que maman arrête de crier et qu’elle me prenne dans ses bras.
Une dame vêtue d’une blouse et d’un masque bleu rappelle maman à l’ordre. Elle lui demande agressivement de se concentrer et de pousser plus fort. Mais elle ne voit pas que maman est fatiguée et qu’elle veut tout simplement dormir un peu…
Elle semble tout de même lui obéir et, dans une affreuse grimace, pousse en lâchant un ultime cri bestial et s’affaisse immédiatement après que le cri a quitté son corps. Elle ne dit plus rien, pas un mot, pas un cri, pas même un soupir. Rien…
Un nouveau cri vient briser ce lugubre silence. Il ne ressemble pas du tout aux cris de maman. Celui-ci est plus aigu mais moins puissant que celui de maman. Il ressemble à un cri de bébé.
Alors que le bébé continu de crier, je ne vois toujours pas maman bouger, elle semble s’être endormie. Pourtant autour de moi, les pleurs naissent. Je continue de regarder maman et commence à la secouer. Ce n’est pas le moment de dormir… Je lui demande d’ouvrir les yeux mais je n’ai pour seule réponse que le bras de père qui m’oblige à quitter la pièce. Je me débats pour rester avec maman mais il est plus fort que moi, il l’a toujours été de toute façon… J’ai beau hurler et tirer sur mon bras de toutes mes forces, il refuse de me libérer.
― Lâche-moi ! Je veux rester avec maman ! Tu n’as pas le droit de m’emmener !
― Viens avec moi Kalel. Laisse ta maman dormir. Il faut que tu la laisse et que tu arrêtes de pleurer… N’oublie jamais que les sentiments sont et seront toujours pour les faibles…