Sven
– Ismaël.
Ce fut la seule chose que j’avais réussi à dire, lorsque nous apparaissions dans la forêt.
Kohl me regardait bizarrement, son regard me scrutait pour savoir si j’allais bien. En levant, je lui fis un petit sourire, qui ressemblait en réalité à une grimace. Alors que j’allais me lever, il me retenait d’une main :
– Non, ne bouge pas… Reprends des forces… Et je voulais te dire que pour tour à l’heure quand je…
– C’est bon, tu n’avais pas le choix de me lancer cette boule de feu. Il fallait lui faire croire que tu étais de son côté, parce que nous savons tous les deux que si tu n’aurais rien fait, on serait sûrement morts à l’heure actuelle… Alors merci.
– Qui est Ismaël ? Me demandait-il, soudainement.
– Mon meilleur ami… Enfin c’était, lui répondais-je les larmes aux yeux.
– Je suis désolé.
Je sentais les larmes coulées sur mes joues, Ismaël, mon meilleur ami, mon frère, n’était plus de ce monde. L’Ancien avait pris son corps pour envahir son âme. Je savais que je ne verrais plus. Alors que j’allais baisser la tête, je sentis deux bras forts m’entourer, je callais ma tête dans le creux de coups et je me lâchais, je pleurais tellement que Kohl me caressait le dos en me disant de me calmer.
Après quelques minutes, je relevais la tête pour le regarder, et sans m’apercevoir, j’approchais mon visage du sien et l’embrassais du bout des lèvres.
En voyant l’erreur que j’étais en train de faire, je me reculais :
– Désolé, je ne sais pas ce qu’il m’a pris.
Kohl me regardait et je sentis une main derrière ma nuque qui m’attirait vers lui et c’était lui qui m’embrassait. Nos lèvres se mouvaient ensemble, notre baiser devenait de plus en plus fort, je sentais sa langue qui me demandait son autorisation et je lui donnais.
Nous interrompions notre baiser, faute d’oxygène. Nous nous regardions dans les yeux, des sourires apparaissaient sur nos visages. Mais nous savions que ce n’était pas le moment. Nous devions retrouver l’Ancien, pour le bannir de nouveau mais surtout retrouver la « Clé des Mondes ».
– On ne devrait pas rester là ! Me dit Kohl en sortant de mes pensées.
– Quoi ? Lui demandais-je.
– On ne devrait pas rester là, c’est trop dangereux, me redit-il, avec un petit sourire moqueur.
– Oui, allons-y, lui répondais-je, en me levant.
Après quelques heures de marche, la fatigue commençait à se sentir. Nous décidions de trouver un endroit calme et discret pour nous reposer. Arriver à l’endroit, je fais apparaître une petite tente en bois et de la nourriture. Je me retournais vers Kohl :
– Ça sert la magie, non ?
– Je vois ça, me répondait-il en souriant.
Le moment que je redoutais le plus, c’était le coucher. J’avais fait apparaitre un simple matelas, comme la cabane n’était pas grande. Nous nous installions tous les deux, ne sachant pas quoi faire, je lui tournais le dos. Alors que j’allais m’endormir, je sentais de nouveau ses bras, qui m’avaient consolé tout à l’heure, se serrais autour de moi et j’entendis un simple « bonne nuit » suivi d’un baiser sur ma nuque.
Mais malheureusement, son « bonne nuit » s’était transformé en mauvaises nuits.
Ismaël, avec son épée, transperçait Kohl.
Je me voyais courir vers lui en hurlant.
Son corps sans vie.
Le rire de l’Ancien qui résonnait dans la nuit.
Ma magie qui éclatait autour de moi.
Le rire d’Ismaël qui se stoppait.
Mes ailes déployées, ma colère qui me hurlait… Vengeance.
Le combat avait commencé.
Des boules de feux, du sang, des corps de démons sur le sol boueux de la forêt.
Et soudain, une lueur… La « Clé des Mondes »… Là dans ma main.
J’avais compris… J’étais la clé.
Je la serrais aussi fort que je pouvais, tout en fermant les yeux, je l’imaginais en feu et ce fut le cas.
Je relevais les yeux vers l’Ancien et lui dit avec une haine, qui lui fit peur :
– Retourne en exil Démon, que la paix soit retrouvée, je te bannis à tout jamais.
Et sans plus attendre, je lui lançais la boule de feu et soudain plus rien.
Il avait disparu.
Plus un bruit, le calme, la forêt s’était arrêtée de vivre quelques instants. Je me retournais vers le corps sans vie de Kohl.
Et c’est là que j’avais compris, ce n’était pas un rêve… Tout était vrai.
Le bannissement de l’Ancien.
La mort de Kohl.
La douleur que je ressentais de l’avoir perdu.
Je savais que le combat n’était pas fini. D’autres démons referaient surface, pour prendre le pouvoir de l’Enfer. Mais je serais prêt, je ne lâcherais rien.
Pour Kohl, pour mes parents. Pour qu’ils soient fiers de moi.
« Fin »