Le lendemain, c’est Arthur qui est venu me réveiller. Il s’est approché de moi pour me souffler qu’il était huit heures vingts-deux et que les grilles du collège venait de se fermer. Je n’étais jamais en retard, d’habitude, mais j’avais oublié d’enclencher mon réveil. Quelle gourde ! J’ai sauté hors de mon lit et je me suis précipitée dans la salle de bain. J’ai essayé tant bien que mal d’avoir l’air fraîche et reposée, puis je suis descendue à la cuisine.
Deux madeleines m’attendaient sur la table avec un verre d’eau que j´ai avalé de travers. J’ai senti le liquide remonté mon nez et sortir dans un éternuement. En toussant, j’ai enfilé mes chaussures les yeux rivés sur l’aiguille de l’horloge qui s’avançait dangereusement vers le six.
En claquant la porte, j’ai lâché un rire nerveux avant de reprendre ma course. Par chance, mon collège ne se trouvait qu’à cinq minutes de chez moi, et en à peine trois, j’y étais déjà. Un surveillant est venu m’ouvrir. Dans ses yeux se lisaient une pitié profonde mêlée à une envie irrésistible à la moquerie. Il m’a demandé poliment mon carnet puis m’a accompagné jusqu’à ma classe. Sans vraiment réfléchir, j’ai frappé et je suis entrée.
La prof me dévisageait, imitée par tous les élèves. J’ai senti les regards m’avaler lentement, un peu comme si je me retrouvais piégée dans un rideau rouge censé me protéger mais qui ne faisait que grandir les pupilles des élèves et rapetisser mon œsophage. Mes oreilles ont commencé à chauffer, puis les joues et le cou. Mes mains sont devenues humides et ma bouche sèche. J’ai senti un tambour dans ma poitrine; mon cœur s’accélérait. Je ne sais pas combien de temps je suis restée ainsi, debout, pleine de sueur, rougissant jusqu’à devenir cramoisie, mais cela m’a paru durer une éternité. J’ai fermé les yeux quelques instants pour me calmer.
– Va t’assoir, Estelle, a lancé ma professeure avec douceur.
J’ai traversé la salle puis je me suis assise. Quelques secondes après, une boule de papier a atterri sur mes genoux. Je me suis tournée vers Théo pour m’assurer qu’il s’agissait bien de lui et je l´ai ouvert.
« Croyez en vos rêves, ils se réaliseront peut-être, Coyez en vous, ils se réaliseront sûrement » Martin Luter-King
Il m’a adressé un clin d’oeil que je lui ai rendu en souriant. Il était une des rares personnes que je connaissais capable de me montrer sa compassion avec juste une phrase, un morceau de papier, parfois simplement un regard. On pourrait croire qu’avec le temps, ce genre d’épisodes devient presque normal pour une timide. Mais il y a des choses auxquelles on ne s’habitue jamais. On ne peut que les adoucir…
Super avec le petit rajout à la fin 😉
ça se lit toujours très bien
Plume toujours de qualité