— Vas-y entre, c’est mon nouvel appartement, je te fais visiter.
Des mois et des années qu’elle ne donnait plus de nouvelles, mais je suivais de loin son parcours amoureux, j’entendais quelques bribes auprès d’amis communs qui évitaient poliment le sujet, ils ont vu ma douleur quand elle s’est faite charmer par un joli parleur, un autre, et puis un autre, je m’enfonçais doucement, je n’ai plus eu besoin de personne pour piétiner ma vie depuis elle.
— C’est pas mal dis-donc, je vois que tu es en train de décorer, je n’ai pas oublié ton goût pour les couleurs.
Elle avait tout refait chez moi, chez nous, du moins je l’espérais, je l’avais laissé faire espérant quelque chose que je n’osais demander, je la laissais tout faire, tout orner à son goût tout peindre à ses couleurs pour qu’elle se sente bien, qu’elle rende son appartement pour venir s’installer, j’en voulais sans doute trop, un jour elle n’est plus venue, un message laconique ” j’ai rencontré quelqu’un “, je n’ai rien pu y faire, je ne l’ai plus revu, personne au répondeur.
— Oui je sais, mais j’en suis désolée, c’est de l’histoire ancienne, et toi, comment tu vas, ça fait combien déjà, tu as fait quoi depuis.
J’avais compté les jours, les mois et les années, je m’étais réfugié chez des amis communs, je pense qu’elle le savait, mais comme dans un poker menteur, il fallait que je paraisse comme une ancienne connaissance qui était passé à autre chose.
— Ça doit bien faire deux ans, je suis resté un an chez Christophe, tu sais celui qui habite en montagne loin de tout, il avait besoin de main d’œuvre pour refaire son chalet, et puis je suis revenu en ville, je continue à écrire.
Un an à retaper une baraque en ruines, j’ai pu me reconstruire, je suis devenu manœuvre un petit peu homme des bois, tout ça grâce à un ami qui vivait comme un ours, je crois que je suis devenu un tout petit peu comme lui, cultiver pour manger, chasser pour de la viande, je me suis même fait attaquer je crois que c’était des chiens, quelques traces de crocs et puis je suis rentré en ville, l’écriture me manquait, ce qu’elle devenait me manquait également, je n’ai pas pu l’oublier.
— Tu sais, je ne t’ai pas vraiment oublié, j’ai demandé de tes nouvelles, mais tu avais disparu, mais la vie continue, et puis j’ai vu ton nom dans une librairie sur ton nouveau bouquin, j’ai eu envie de t’appeler, j’espère que tu ne m’en veux pas, et puis comme tu es là tu pourras me faire une dédicace.
Je m’étais remis à écrire, un récit de montagne de forêts oubliées, un an au fond des bois, j’avais de la matière, mais j’ai voulu y voir une belle histoire d’amour, l’échange d’une nature et d’un homme affamé de parcourir son corps. J’ai voulu conjurer un petit peu de ma vie, une autre histoire d’amour avec une jolie fille, la nature est jalouse parce qu’elle ne partage pas, mon livre se vend bien.
— Tu as aimé mon livre ? Si tu regardes bien, j’ai mis certains détails, tu devrais reconnaitre.
— Je n’ai rien remarqué, tu sais je ne lis pas beaucoup, par contre je vois que tu as pris du poids, pas que tu sois plus gros, mais plus dans le volume, ton séjour en montagne t’as bien profité. Ça tombe bien d’ailleurs, tu as lu les nouvelles, il parait qu’il y a un maniaque qui attaque les gens, il tue dans toute la ville, ça me fait un peu peur, en plus j’ai vu le nom d’un ancien petit ami, mais c’est de l’histoire ancienne, toi tu sauras te défendre.
Nous en sommes resté là, personne n’osait parler de notre ancienne relation, je ne comprenais pas pourquoi elle m’avait appelé, un zeste de nostalgie, un moment de repos entre deux relations, je n’ai pas osé lui demander, mais je savais très bien par des amis communs qu’elle fréquentait quelqu’un, mais que ça n’allait pas bien, je n’avais pas le détail je ne voulais pas savoir, juste heureux de la voir.
Elle m’avait proposé si je voulais rester, en tout bien tout honneur, nous nous sommes assoupis je caressais ses cheveux, je l’ai laissé dormir, je suis rentré chez moi, quelques chapitres à écrire.
Depuis un certain temps, mon corps me démangeait, j’ai sûrement dû attraper quelque chose, je ne suis pas vraiment glabre, mais j’avais quelques poils qui me poussaient sur les épaules, un tee shirt sur le dos et l’affaire est classée, mais j’avais beaucoup de mal à me couper les ongles, la corne était très dure pas que cela me gêne vraiment, mon aspect m’indiffère, mais je prenais trois touches quand je tape sur le clavier, je coupais sans arrêt, j’avais lu quelque part, Google est mon ami, que c’est un signe de bonne santé, je dois sûrement être dans un état superbe, malgré mes cinquante piges.
— Tu pourrais venir me voir, il s’est passé quelque chose chez moi, je n’arrive pas à comprendre, viens me voir s’il te plait, il faut que je te montre.
Il s’est passé dix jours la dernière fois que je l’ai vue, elle n’arrive pas à comprendre que j’ai mal de la voir, j’ai mal de la revoir, mais je veux la revoir, pourquoi c’est moi qu’elle appelle, il faut que je lui demande.
— Regarde, regarde dehors sur la terrasse, quelqu’un a uriné sur la vitre, heureusement que c’était fermé.
Une grande flaque souillait le bas de la coulisse et s’étalait sur le sol, je ne comprenais pas également, l’odeur en était forte, quelqu’un aurait grimpé à son troisième étage rien que pour se soulager ? Je ne savais pas quoi lui dire.
— Tu étais seule enfermée ? Tu as vu ou entendu quelque chose, parce que c’est trop haut pour un chien ou un chat.
— C’est mon ami qui a entendu gratter, il est venu au milieu de la nuit, on était dans le lit.
Elle venait de me faire mal, une flèche dans le cœur, mais ce n’était pas Cupidon qui ne fait pas son boulot, soit je réponds calmement ou alors m’en vais, je ne savais pas quoi faire, j’étais en train de la regarder, j’ai retroussé mes lèvres comme si je voulais grogner.
— Tu as un mec dans le lit et c’est moi que tu appelles, tu t’entends bien ce que tu dis ?
Elle s’est retournée d’un coup, consciente d’avoir parlé trop vite, elle a toujours parlé trop vite, ce petit quelque chose m’avait séduit quand je l’ai rencontré, en parlant haut et fort elle séduisait tout le monde, mais ce qu’elle ne savait pas, une fois l’attention attirée, les regards se tournaient plutôt sur le physique, je sais qu’elle en jouait, mais je me suis pris pour un Dieu, tout au moins l’assistant, une flèche mal placée pour tomber amoureux.
— Oui je suis désolé, une relation toxique, je sais je m’en rends compte, mais je ne sais pas quoi faire, en plus il est marié, mais il est amoureux de moi et de sa femme, je t’en prie, ne me laisse pas tomber.
Il faut que je cherche une réponse une phrase intelligente, mes oreilles frémissaient cherchant un bruit suspect, mes poils se hérissaient, j’ai repris le dessus.
— Pourquoi tu appelles pas ton mec, c’est moi qui suis ici, avoues que c’est un peu fort. Mais bon, on laisse tomber, qu’est ce que tu veux de moi, je t’avertis tout de suite, je n’ai rien à échanger, je suis là pour t’aider puisqu’il n’y a personne.
— Tu as une idée de ce qu’il s’est passé dehors ? Ce n’est pas moi, ce n’est pas lui, on a regardé autour, les terrasses des voisins sont beaucoup trop éloignés, j’ai pensé que quelqu’un avait jeté un sac plastique, mais il n’y a pas de traces.
— J’y ai pensé également, je n’ai aucunes réponses, tu as entendu du bruit, tu as vu quelque chose de spécial ?
— Non pas vraiment, quand on a regardé, c’était la pleine lune on voyait assez bien, pourquoi ici et pourquoi moi.
La Dépêche du midi, édition de l’Ariège.
Une vague de meurtres sauvages dans la ville de Foix, la Police est sur les dents. Selon certaines indiscrétions, le corps de plusieurs victimes de sexe masculin auraient été retrouvées, émasculées et égorgées, l’enquête se perd en conjonctures, tous les chenils de la région ont été mis sous surveillance, la SPA également, un lieutenant de louveterie a été appelé sur place.
J’ai le dos qui me gratte comme si des poils me poussaient dans le dos, ça date du temps ou j’étais en montagne chez mon ami au fond des bois quand je me suis fait mordre, je surveille plus loin haut du troisième étage, la lune éclaire une terrasse, une femelle habite là, je connais son odeur.
Que certains me pardonnent, non pas pour le texte ^^ une errance de l’esprit ^^, mais pour les férus de latin, il est bien entendu que cette phrase a normalement trait à l’esprit guerrier ^^ je détourne ^^
Ah Michel, toujours un plaisir de te lire. Tu as un style vraiment particulier. Il me fait penser à ces montagnes que tu cites, un peu abrupte, allant de sentier en corniche, une falaise en transition. J’ai bien vu que c’était une ébauche, je te souhaite du courage dans le cas où tu irais au bout de la démarche.
^^ je sous-entends tellement de choses quand je me mets à écrire ^^ que ça me ferait partir dans toutes les directions ^^ mais tout reste dans un coin, de l’oreille qui frémit ^^
Aha! Voilà un texte bien réussi, le mystère caché derrière le voile me parle
J’aime beaucoup la mise en forme et le prétexte au propos
Très plaisant ! J’aime beaucoup comment on vient petit à petit à l’évidence. Merci pour ce texte très intéressant !
Merci, merci pour votre complaisance ^^ quelque peu désolé que certains trouvent trop court ^^ mais le format de ce site fait qu’il faut condenser ^^ je vous lis tous ^^ ne croyez pas ^^ mais je déborde quelquefois ^^ il faut que je me canalise, l’écriture peut- être ? ^^