Écrire comme je le fais en ce moment, c’est un peu comme dessiner des visages au stylo bic sur le bord d’une table de cours. C’est distrayant, et à force je m’améliore sûrement. Sauf que je n’ai jamais dessiné autre chose sur mes tables de classe que des visages semblables et encore, sans corps, alors écrire c’est beaucoup mieux. Avec l’écrit, je peux diversifier mes approches, expérimenter différents styles. Et chaque tentative m’enrichit.
Quand j’écris, j’ai le sentiment de baver sur le monde, d’y étaler un peu de moi. Pas dans l’ADN même de l’univers, mais dans un modèle réduit sur papier. C’est déjà çà, comme on pourrait déduire des dires du copain Derek Parfit, écrire maintenant, c’est au moins laisser une trace de mon moi du moment, un souvenir au gusse qui prendra ma place demain. Si cette phrase vous paraît obscure, renseignez vous sur Derek Parfit, je n’ai aucune envie de transformer cette agréable séance de dessin en un rasoir exposé.
D’ailleurs la table est trop petite, et bientôt un professeur me prendra la main dans le sac, coupable de dégradation et d’oisiveté, et dans ces cas comme chacun sait, la sentence tombe … On me demandera d’effacer. C’est bien dommage, toujours un peu douloureux de détruire ce que l’on a créé, même distraitement.
Créer un peu tout les jours… sur sa table. Est-ce finalement une manière de se définir ? Se faire remarquer par son patron, passer un thèse en université, devenir une star du top 50 : du gribouillage.
A quoi bon dans ce cas, parler de professionnel ou d’amateur? Au final, nous sommes tous logés à la même enseigne, de la première à la dernière heure, dans la vie jusqu’à la mort, tous unis au rang des éternels gribouilleurs.
Barre une erreur, tu laisseras une rature. Rate ton coup, interprète mal les règles, et ce seront les fautes d’orthographe qui sauteront aux yeux de la société. Alors on ne prêtera que peu d’attention à ton dessin. Tu seras un tag, un profanateur des lieux publiques… même si tu parles d’amour.
Fait baver ton stylo, dépasse sur les bords de la tables, mais soit assez sale et assez précis, alors peut-être seras tu un artiste ! Ou peut être pas … Le gribouillage n’est savant qu’aux yeux de ceux sachant gribouiller. Bave si tu l’oses, mais ne sois pas surpris si on te demande de nettoyer.
Les baveurs ça ennuie, c’est trop prétentieux. Prétendre c’est mauvais, il faut être ! Et pour être, il faut paraître. Alors peut-être te renverra t’ on ce à quoi tu prétends… Mais sans être prétentieux.
Si les mots ci-dessus paraissent bêtes, c’est que le lecteur n’est pas assez intelligent, ou alors qu’il a un mauvais foie. Ou de la mauvaise foi… qu’importe, il digère mal mes idées ou ne veut pas les entendre. Il n’accepte pas leur naïveté… Pourquoi pas ?
Mais pour ceux qui comprennent, bravo ! Vous êtes incroyables ! Vous voyez bien qu’il n’y a ici rien de bien fameux, ni de bien pourri… Juste du badinage sans acabit. De la légèreté paresseuse, un brin spirituelle, mais pas trop. Juste quelques bons mots pour accompagner le thé. Vert de préférence, çà lui donnera ce qui manque au texte pour être glorieux :
Des vers.