“La société est un mur. L’idéaliste, c’est celui qui cherche à y percer des fenêtres.” -Auteur inconnu
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L’idéal, c’est ce nom masculin donné à ce que l’on se représente ou se propose comme perfection ou modèle absolu. Ce qui donnerait une parfaite satisfaction aux aspirations du cœur ou de l’esprit.
C’est du moins ce qu’en dit le dictionnaire.
L’idéal, c’est ce que l’on observe de loin, que l’on tente de toucher du doigt mais que l’on n’arrive jamais à seulement effleurer… Celui que l’on poursuit sans relâche pour soi, pour un autre, pour le Monde.
C’est une utopie tenace et propre à chacun tout en étant commune à tout Homme.
Cependant, vous n’êtes point ici pour lire un essai philosophique sur l’idéal, n’est-ce pas ?
L’on vous a vendu une histoire. Une pensée littéraire romancée, un nouvel univers dans lequel s’échapper… Toutefois, gardez bien cette définition dans un coin de votre esprit. L’Idéal, l’on ne sait jamais lorsqu’il se manifeste.
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1949. Il était là. Observant l’extérieur par le cadre de la fenêtre du salon.
Les doigts enroulés autour du verre froid, vide depuis maintenant un moment, il n’était qu’une silhouette dans l’éclat argenté de la Lune illuminant la nuit à laquelle il remettait ses pensées.
Tout était vide du moindre bruit excepté le paresseux et lancinant tic-tac lointain de l’horloge comtoise dans le couloir derrière lui, s’agrippant au silence qu’elle faisait d’autant plus résonner entre les courtes pauses de son balancier.
Son esprit vagabondait. Aussi calme qu’une douce sérénade posée avec délicatesse sur les touches blanches et noires d’un vieux piano sonnant comme dans d’anciens souvenirs d’enfant…
Rien. Il ne voyait rien. Il ne voyait rien de plus que cette tache de vide dans laquelle s’était perdu son regard. Ce petit bout d’ailleurs semblant venir d’un autre monde que le nôtre, cet horizon cloisonné par la vision brouillée d’une longue réflexion.
On vit.
On meurt.
On s’attache à ses idéaux comme un navire à la clarté d’un phare.
On se bat.
On vainc.
On rate.
On recommence encore et encore pour gagner du sens.
Dans cette recherche de Sens, cette recherche interminable d’un monde meilleur, parfois, souvent, l’on se perd.
Plus ou moins loin, plus ou moins violemment… Puis l’on se réveille comme d’un mauvais rêve ou avec la déception de n’avoir qu’entre-aperçu les bribes d’un prodigieux songe.
…
…
C’est incroyablement pessimiste, n’est-ce pas ?
…
Mes Créations le hurlent dans le silence : leur sentence évoque les flammes de l’Enfers.
…
Je suis allé trop loin.
Trop loin…
Si loin…
…
Je m’y suis perdu.
…
…
Sa main s’était resserrée d’un coup sur le verre qui s’y brisa en un craquement cristallin. Il senti doucement les morceaux translucides venir contre-attaquer sa paume qui les avait désolidarisés.
Comment en était-il seulement arrivé là…
Les années étaient passées, il comprenait désormais qu’il n’avait fait que les regarder lui filer entre les doigts.
Qu’était devenu son but ?… Il avait autant volé en éclat que le verre teinté de vermeil qu’il venait de lâcher.
Il venait de voir son reflet dans la vitre qu’il avait jusqu’ici de ses pensées ignorée.
Monstre.
Un monstre créateur de Monstres.
Cet être décharné faisant peur aux enfants, hantant le noir et dormant sous leur lit ; cet être chimérique que l’on doit vaincre, surmonter comme l’on surmonte ses plus grandes peurs, pour avancer. Était-il alors devenu son propre monstre ?…
Un mouvement dans son dos le fit légèrement tourner la tête pour jeter un œil par-dessus son épaule et apercevoir celui qui venait d’entrer dans la pièce pour briser doucement le silence :
“Nikolaï, il faut y aller.”
L’art d’attiser la curiosité des lecteur. Ce n’est pas une mince affaire et pourtant, cette envie est présente !
Le texte est profond et me plonge dans ces instant sérieux que j’ai du mal à retrouver en ce temps de confinement. C’est un travail soigné et parlant.
C’est rapide à lire, il n’est pas difficile malgré les nombreuses métaphores. Je recommande vivement à toutes personnes qui aimerait se lancer.