Tour à tour point, rond comme une bulle,
Je suis un drôle de numéro ;
Point de valeur dans vos calculs,
Je me présente, je suis zéro.
Tu peux être d’humeur légère
Et me faire la tête à Toto ;
Sans aucun doute, tu exagères !
Respecte-moi, Ô grand zéro.
Je ne suis pas le plus petit,
Frontière entre froid et chaud,
Frontière entre deux infinis,
Point d’origine, centre, zéro.
Par les douze coups de minuit,
Chacun des jours a son créneau,
Du dimanche jusqu’au samedi,
Initialisation, zéro.
De Babylone aux Abassides,
De nagari à zephiro,
Je n’ai pas pris la moindre ride,
En rien caduque, moi, vieux zéro.
En dépit de vos théorèmes,
Lorsque je m’élève bien haut
À la puissance de moi-même,
Insaisissable est le zéro.
S’imaginer qu’on puisse m’atteindre
Et pénétrer en mon cerceau,
C’est risquer de bien vite s’éteindre ;
Tout s’arrête près de moi, zéro.
Lorsque je me fais absolu,
Inaccessible est bien le mot ;
Toute résistance est superflue
À l’énergie du point zéro.
Tu cristallises, deviens solide,
Si tu t’approches de mon égo ;
Éloigne-toi, reste liquide !
Toi belle aqua, Moi vil zéro.
Nul ne comprend ma solitude,
Nul ne conçoit mon lourd fardeau ;
Antipode de la multitude,
Unique sans l’être, pauvre zéro.
Illustration : ZÉR0