Xénova Chapitre 3

8 mins

3

Xénova

Un portail apparut juste devant eux. Luna s’approcha, puis s’arrêta, pensive. Elle se retourna vers Hugo.
    – Et si tu venais avec moi ? demanda-t-elle.
    – Pardon ?
    – Oui, tu pourrais venir découvrir ma planète. J’en suis la princesse. Tu avais l’air fasciné tout à l’heure.
    – Mais…
    – Je te ferai visiter, et tu iras avec moi à l’école ! Je rentre cette année ! s’exclama Luna, réjouie.
    – Mais…
    – Ce serait vraiment chouette, tu verras !
    – Mais, je ne peux pas ! articula enfin Hugo.
    – Pourquoi ça ? demanda Luna, les sourcils froncés.
    – Je ne peux pas quitter ma famille, mon école,…
    – Allez, tu peux bien partir pour quelques temps ! Tu découvrirais une autre planète !
    – C’est vrai, commença Hugo.
    – S’il te plaît ! continua Luna. On s’occupera de prévenir ta famille, et pour ton école, ce n’est pas grave, tu iras à la mienne.
    – Tu n’apprends sûrement pas les mêmes choses que moi dans ton école, remarqua Hugo.
    – Je n’en sais rien, je rentre cette année. Mais je sais qu’il y a un cours qui s’appelle « Étude des Humains », on y apprend sûrement des choses humaines !
    – Bon, d’accord, réfléchit Hugo. Ma mère n’a plus vraiment besoin de moi, et puis de toute façon, je pourrais rentrer si je le veux ?
    – Oui bien sûr ! Mais tu verras, on s’amusera tellement que tu ne voudras plus rentrer ! dit Luna, excitée.
    – On verra… répondit prudemment Hugo.
    – Allez, on y va !
    Elle lui prit le bras et ils franchirent le portail ensemble.
Hugo eu l’impression d’être aspiré dans un tourbillon. Ils filaient à tout allure, puis tout à coup ils atterrirent sur un sol dur.
    – Aïe !
    Hugo se redressa et se frotta la tête.
    – Tu aurais pu me dire que ça ferait mal! s’exclama-t-il, furieux.
    – Je ne pouvais pas le savoir ! répliqua Luna. Je n’ai jamais utilisé ma bague magique !
    Il se releva et regarda autour de lui. Ils avaient atterrit à la lisière d’une forêt.
    – Où sommes nous ? demanda-t-il.
    – Chez moi ! Cette forêt s’appelle la Forêt Enchantée. Il y a des fées et des elfes qui y habitent !
    – On est vraiment chez toi ? demanda Hugo en regardant autour de lui.
    – Oui! Bienvenue sur la planète Xénova !
    Une immense forêt s’étendait sur toute la droite du paysage. Les arbres étaient d’un vert flamboyant, et on voyait des sentiers partir d’un peu partout pour s’enfoncer dans la forêt. Devant eux s’étendaient des collines, et des maisons s’étalaient un peu partout. On pouvait distinguer un grand lac. Au loin, un immense château blanc se dressait, avec de hautes tours.
Luna l’entraîna pour le faire visiter. Ils marchèrent le long de la forêt vers un petits village. Les maisons étaient biscornues et de la fumée s’échappait des cheminées.
    – Où sommes nous ? chuchota Hugo.
    – Au village des Trolls ! répondit Luna.
    – Des Trolls ? répéta Hugo.
    – Oui. Tu sais, il y a beaucoup de créatures étranges pour vous, les humains. Alors il va falloir que tu t’y fasses. Toutes ces créatures existent.
    Il y avait des mares de boues dans le village et une odeur désagréable se dégageait.
    – Ça ne sent pas très bon, remarqua Hugo.
    – Les Trolls n’aiment pas vraiment se laver, répondit Luna. Pas contre, ils ne sont pas très commodes. Mieux vaux éviter de les énerver ou de leur faire remarquer leurs mauvaises odeurs.
    – Merci pour le conseil.
    Ils continuèrent à marcher, traversèrent le village des Trolls et débouchèrent sur une grande clairière.
    – Personne n’habite ici ? demanda Hugo.
    – Oh si, il y a des licornes.
    Hugo ouvrit de grands yeux.
    – Elles sont là-bas, reprit Luna en montrant le fond de la clairière.
    Il y avait de gros arbres tout au fond, et on apercevait des formes bouger.
    – Elles n’aiment pas trop se montrer quand il y a du
monde, mais si tu as la chance de les apercevoir, tu verras comme elles sont magnifiques !
    Ils dépassèrent la clairière et Luna l’entraîna en face, vers la forêt. Ils entrèrent et marchèrent quelques instants. Un arbre majestueux se dressait plus haut et plus large que tous les autres.
    – Ouah ! s’exclama Hugo.
    – Cet arbre s’appelle le Grand Chêne. Les êtres de l’air habitent ici, dit Luna.
    – Les êtres de l’air ? Qu’est-ce-que c’est ? demanda Hugo.
    – Sur notre planète, il y a toutes sortes de créatures, expliqua Luna. A part nous, les Luars, il y a d’autres créatures qui ont des pouvoirs magiques. Quatre groupes magiques autre que nous habitent dans notre royaume : les êtres de l’air, les êtres de l’eau, les êtres du feu, et les êtres des glaces. Chacun habite à des endroits différents qui leur correspondent. Les êtres de l’air habitent dans ce Grand Chêne, tout en haut.
    – Les Luars, c’est comme ça qu’on appelle ceux qui ont des objets magiques ? devina Hugo.
    – C’est ça ! Mais ces créatures font de la magie sans rien, dit-elle en montrant l’arbre. Elles dirigent leurs éléments grâce à des pouvoirs innés. Les êtres de l’air dirigent le vent.
    Ils sortirent de la forêt et reprirent le chemin. Ils marchèrent pendant quelques minutes et arrivèrent dans un autre village. Celui-ci avait des maisons normales, en pierre. Un puits était placé au milieu de ce qui semblait être la place du village. Il y avait des jardins fleuris et de jolies fleurs qu’Hugo ne connaissait pas.
    – C’est le village des Luars, dit Luna.
    – Donc le tien, remarqua Hugo.
    – Oui, mais pas tout à fait. Je n’habite pas ici. Je t’ai dit que j’étais une princesse;
    – Tu habites… dans le château ? demanda Hugo.
    Luna hocha la tête. Ils passèrent devant un immense bâtiment appelé « École du Pommier d’or ». Il était encerclé de murs.
    – Voici l’école où on ira ! dit Luna en pointant le bâtiment du doigt.
    – Je n’irai sûrement pas toute l’année, dit Hugo.
    Ils continuèrent leur visite. Après le village se trouvait un grand lac.
    – Les êtres de l’eau habitent ici, l’informa Luna.
    Le lac avait l’air profond. Hugo se pencha pour essayer d’apercevoir quelque chose, mais il ne vit rien.
    – Ils vivent tout au fond ? demanda Hugo.
    – Non, c’est juste qu’ils font en sorte de troubler l’eau à la surface, pour les curieux, répondit Luna.
    Elle reprit en baissant la voix :
    – Les êtres de l’eau sont les plus vaniteux, ils se croient souvent les meilleurs. Tu verras quand on ira à l’école.
    – Il y seront ? s’étonna Hugo.
    – Oui, bien sûr. Il n’y a pas que les Luars qui vont à l’école. Il y a beaucoup d’autres créatures, comme les Trolls, les êtres de l’eau, de l’air, du feu, et des glaces.
    Après le lac, le château royale se dressait sur une colline. Derrière lui se trouvait un volcan et une montagne enneigée.
    – Voilà le Volcan Grondant, là où habitent les êtres du feu, et le Pic Glacé, là où vivent les êtres des glaces. Ils faut éviter de contrarier les êtres du feu, si tu vois ce que je veux dire, dit Luna.
    – Pas sûr que je retienne tout ça, dit Hugo en essayant de ne rien oublier.
    – Ne t’inquiète pas, c’est normal. Je te répéterais si tu oublies.
    Ils commencèrent à gravir la colline pour se rendre au château. Ils marchèrent quelques instants et arrivèrent devant une grande porte en bois avec de magnifiques ornements. Deux gardes étaient devant l’entrée. Ils avaient une tenue bleue et tenaient une lance pointue dans une de leurs mains. Hugo se retourna pour regarder le paysage. Il aperçut tous les lieux qu’ils venaient de visiter. Il remarqua un grand désert derrière le village des Luars.
    – Qu’est-ce-que c’est ? demanda Hugo en le montrant du doigt.
    – Oh ça, c’est juste un désert. Personne n’y habite et quasiment personne n’y va, répondit Luna.
    Ils s’approchèrent des gardes qui saluèrent Luna et regardèrent Hugo étrangement, puis ils leur ouvrirent les portes. Ils pénétrèrent dans un immense hall, éclairé par de grandes chandelles.
A droite et à gauche du hall se trouvaient plusieurs portes fermées. En face se dressait un immense escalier. Luna entraîna Hugo vers l’escalier.
    – Qu’est-ce-qu’il y a derrière ces portes ? demanda Hugo.
    – Des bureaux, des pièces avec des armoires pour ranger tout le bazar de mon père ! répondit Luna en riant.
    Elle s’arrêta net en apercevant un homme, debout, tout en haut de l’escalier.
Hugo tourna la tête. L’homme avait l’air sévère. Il ne paraissait pas très jeune, et avait quelques cheveux bruns qui ressortaient de sa chevelure grisonnante. Il tenait une sorte de sceptre dans sa main, un long bâton doré avec au bout, une pierre d’un violet flamboyant. Il portait un long manteau gris qui lui descendait jusqu’aux chevilles, et Hugo n’aurait jamais deviné qu’il était le roi si une couronne n’était pas posée sur sa tête.
    – Euh, bonjour papa ! dit Luna d’un ton faussement enjoué.
    Elle avait l’air mal à l’aise.
    – Bonjour ? s’écria son père. Bonjour ? Tu fais comme si de rien n’était ! J’étais malade d’inquiétude ! Où étais-tu passée bon sang ! Je me lève ce matin et qu’est-ce-que je découvre ? Ton lit vide ! Et ta bague n’était bien sûr pas là non plus ! Tu l’as utilisée n’est-ce-pas ? Avoue que tu t’en ai servie !!
    Pendant tout ce temps là, Luna n’avait pas bougée. Elle baissait la tête. Son père avait l’air fou de rage. Il posa enfin les yeux sur Hugo. Ses yeux s’agrandirent.
    – Qui-est-ce ? demanda-t-il en le désignant d’un mouvement de tête.
    Comme Luna ne répondait pas, il reprit.
    – Je ne l’ai jamais vu au village… Ne me dit pas que…Non…
    Il regarda Luna et sembla avoir tout compris.
    – Où-es-tu-allé ? demanda-t-il en articulant bien chaque syllabe et en regardant Luna dans les yeux.
    – Sur Terre, répondit enfin Luna.
    Le roi ne paru même pas surpris. Il l’avait déjà deviné.
    – J’ai voulu essayer ma bague, reprit-elle. Je sais bien que c’est défendu,  mais je voulais juste l’essayer pour voir si je savais la manipuler avant la rentrée. Mais j’ai dû mal faire quelque chose.
    Elle s’interrompit et regarda son père d’un air triste.
    – Je suis tombée sur Terre. Je me suis protégée grâce à la bague, et j’ai atterrit dans un champs. Il m’a trouvé et m’a aidé à rentrer.
    Elle désigna Hugo.
    – Et que fait-il là ? demanda son père. Chez nous?
    – Je lui ai proposé de venir visiter notre planète. Il avait l’air fasciné. Je… je me suis dit…
    – TU T’ES DIT ! la coupa son père. LUNA, TU ES NAÏVE ! TU CROIS TOUJOURS QUE TOUT LE MONDE EST GENTIL ! MAIS NON MA FILLE ! TU DÉCOUVRIRAS UN JOUR QUE LE MONDE EST PLUS CRUEL QUE TU NE LE CROIS !!!! ET SI TU NOUS AVAIS RAMENÉ UNE PERSONNE MALVEILLANTE!?!  TU Y AS PENSÉ ? NON ? BIEN SUR QUE NON !! TU LE CONNAIS ASSEZ POUR LE FAIRE ENTRER CHEZ NOUS ?!
    Luna baissa la tête. Visiblement, elle n’y avait pas pensé.
   – Je… il m’a paru bien, dit-elle en prenant la défense d’Hugo.
    En vérité, elle avait été tellement contente à l’idée de pouvoir rentrer chez elle qu’elle n’avait pas réfléchit un seul instant à la conséquence de ses actes.
Son père ferma un instant les yeux. Il avait l’air d’essayer de se calmer.
Il les rouvrit et regarda sa fille.
    – Et peux-tu me dire comment va-t-on faire rentrer ce jeune homme chez lui ?
    Luna se tourna vers Hugo. Elle fronça les sourcils.
    – Grâce à la bague ! dit-elle comme si c’était une évidence. On peut recréer le portail et le ramener sur Terre ! Non ?
    Sa voix s’affaiblit quand elle vit que son père la regardait avec de l’incompréhension dans les yeux.
    – Tu ne le sais peut-être pas, mais quand un objet magique est utilisé avant l’autorisation, c’est-à-dire la rentrée, tous les pouvoirs qu’il a accomplit sont automatiquement supprimés, et l’objet magique en question ne peut pas relancer le sort supprimé avant un an. Or, tu sais toi-même que seul l’objet magique qui a ouvert un portail peut le rouvrir.
    Au fur et à mesure que le roi parlait, les yeux de Luna s’agrandissaient et Hugo sentait naître en lui une inquiétude grandissante.
    – Ce qui veut donc dire que ton ami ne va pas pouvoir rentrer chez lui avant un an. Allez, file dans ta chambre et donne moi ta bague au passage.
    Il tendit la main et regarda Luna monter les escaliers en silence, tête baissée.
Elle ne regarda même pas Hugo, déposa sa bague dans la main de son père, et sans un mot, disparut en haut de l’escalier.
Le regard du roi se posa sur Hugo. Celui-ci retint son souffle.
    – Quant à toi mon garçon, sache que j’aime ma fille plus que tout, même si elle dépasse parfois les limites. Je vais essayer de trouver un autre moyen pour te faire rentrer chez toi. J’imagine que quand Luna t’as proposé de visiter la planète, tu ne t’es pas imaginé rester ici un an ! En attendant, tu peux dormir dans la chambre 222. C’est celle en face de Luna. Je vais aussi prévenir ta famille.
    Le roi regarda monter Hugo en espérant que sa fille avait raison de faire confiance à ce garçon.
Hugo monta le grand escalier et arriva dans un long couloir. Il remarqua un escalier à droite qui montait dans les hauteurs du château, un peu plus étroit que celui qu’il venait d’emprunter. Il passa devant, avança dans le couloir, trouva la porte portant le numéro 222 et entra. Il n’arrivait pas à en vouloir à Luna, parce-qu’elle lui avait fait de la peine quand elle était tête baissée au pied de l’escalier alors que son père la disputait. Mais l’inquiétude laissait place à la colère, et comme il n’avait personne à qui s’en prendre, il s’en prit à lui-même.
    – Quel idiot je suis ! se dit-il en se frappant le front de la main . Je n’aurais jamais du me laisser emporter ! Visiter une planète ! Et puis quoi encore ! En plus, maman va s’inquiéter ! Et que diras Camélia ?
    Il se laissa tomber sur son lit, et s’endormit profondément.

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