Il devait être 23H quand je rentrai dans ma voiture. Une voiture si neuve que je ne pus même pas ouvrir la portière. Je m’engouffrais donc en enjambant et démarrai.
Depuis une dizaine d’années, j’occupais le poste de lieutenant. Les affaires – si on peut les appeler ainsi – étaient dures. En effet, rien ne se passait jamais dans notre paisible ville de Mendou. Aucun crime, aucun vol, etc.
Au moment où je pensais à tout cela, je ne me rendis même pas compte que ma voiture passait sous un tunnel. J’ignore ma destination, mais dans tous les cas, je laisse libre cours à mon instinct, qui m’a toujours sauvé des pires situations.
Encore mes maudites pensées qui me déconcentrent ! J’en oublie mes phares ! Il est vrai que je suis sauvé grâce à ces phares, sans eux, je ne pourrai rien y voir et je serais déjà mort une centaine de fois, écrasé par la noirceur de la nuit.
23h30, je continue de déambuler dans le tunnel. Cela fait trente bonnes minutes que je roule sans pour autant atteindre le bout du tunnel. Soudain, deux détails – que je n’avais pas remarqué – surgissent. L’un était que ce tunnel n’était traversé uniquement par moi et personne d’autre : aucunes voitures. Ni devant, ni derrière, ni sur les côtés. Personne. Autre détails : à chaque fois que je dépassais une sorte de panneau, il me semblait que je revenais au début du tunnel. Comment l’ai-je remarqué ? Une porte. La même se présentait sur le côté droit du tunnel.
Piqué par la curiosité et tenté par la découverte, je m’arrêtais, garai la voiture sur le côté. Je descendis de cette dernière pour me diriger vers la porte.
Si quelqu’un autre que moi se baladais un jour dans ce tunnel, à 11H du soir, il ne pourrait en aucun cas distinguer cette porte d’une autre. Personne ne peut la confondre. Elle était en marbre. Ce fut d’ailleurs bien compliqué de l’ouvrir. Je n’avais pas d’outils sur moi. Après tout, je ne pouvais pas anticiper la rencontre avec une porte de marbre dans un tunnel infini !
Malgré la modernité de cette porte, je remarquai soudainement un détail magnifique et surnaturel : une fleur. Une fleur était bloquée dans la fente de la porte.
Je regardai autour dans l’espoir de trouver un moyen d’ouvrir la porte, et j’en trouvais un ; enfin, c’est ce que je pensais. Une feuille de dessin était par terre et attendait qu’on la cueille. Je la pris dans l’idée de la glisser dans la fente pour ouvrir la porte. Mais mon plan se révéla très vite vain.
Alors, j’ai pris le dessin en main, et regardé ce qui y était dessiné : un bouton rouge prêt à être pressé. Pris d’une folie que je ne pus expliquer, je regardais le dessin, puis la porte. Et enfin, regardant à nouveau le dessin, je fus frappé de plein fouet : le dessin du bouton avait disparu.
Je regardais alors la porte et me rassurais : le bouton rouge – situé, plus tôt, sur le dessin – était bien là. Monsieur s’était installé sur la porte et était bien réel. Je le pressai et la porte s’ouvrit.
Derrière cette dernière, l’obscurité régnait. Je m’avançais, la porte se claqua derrière moi. Et sans crier gare, une lumière blanche apparut, venue d’en haut et projetant sa douce luminescence sur le sol.
Je pus distinguer – avec l’aide de la faible lumière – une ombre. Cette ombre s’approchait de plus en plus de moi. Quand elle fut assez proche, j’eu cru que j’allais mourir. Je fermais les yeux et un “Miaou” retentit. Un chat, pensai-je sans en croire mes oreilles.
Je regardais au centre de l’endroit dans lequel je me trouvait, là où la lumière éclairait le plus. Ce tenait bel et bien un chat, roux avec des pâtes blanches. Il miaula une deuxième fois et un tremblement retentit. Brusquement, le sol sous mes pieds s’ouvrit, laissant apercevoir – pendant une fraction de seconde – un gouffre sans fond.
Je ne me souviens plus de la suite des évènements, mais à mon avis, j’avais fait une chute vertigineuse et m’était tout simplement ramassé sur le sol. Quelques jours plus tard, mes collègues m’avaient demandé pourquoi ils m’avaient retrouvé aplati sur le sol de la station essence. D’après eux, je n’avais pas chuté. Je n’étais ni endormie. Mais alors, que s’était-il passé ?
Le lendemain, je me suis rendu, seul, à ladite station essence ; qui ne m’avait rien révélé sur ce jour étrange. Sur le point de partir, j’entendis un miaulement : c’était le chat.