VINGT-DEUX — MAËLLE
Une fois sorti de la propriété, Alexandre se tourna vers moi.
– Alors ? demanda-t-il.
Il paraissait anxieux.
– C’était très bien. Je suis presque sûre que tu as étonné maman, ce qui est quelque chose, le rassurai-je.
Il se détendit et commença à marcher, je le suivis. Mais j’allais dire quelque chose qui n’allait pas lui plaire :
– Mais… je ne comprends pas. Pourquoi tu as été si tendu lorsque tu as rencontré papa ?
Il se raidit et accéléra.
– Je ne sais pas. J’ai été surpris qu’il me demande de l’appeler par son prénom, dit-il simplement.
Il mentait. Et il savait que je l’avais remarqué, mais il s’en fichait.
– Ah, fis-je. Et pourquoi tu as menti sur tes parents ?
Il se raidit encore plus et força encore l’allure. Nous étions presque arrivés à son immeuble et je peinais à le suivre.
– Je stressais, marmonna-t-il.
C’était encore un mensonge. Il m’énervait.
– Mais tu sais que ma mère est au courant. Elle n’aime pas les menteurs, menaçai-je.
– Oui, je sais.
Je n’en revenais pas. Je m’énervai :
– Tu as risqué ta seule chance d’éviter l’orphelinat parce que tu ne voulais pas faire pitié à mes parents !
Il s’arrêta et me regarda dans les yeux. Toute la tension qu’il avait accumulé se transforma en colère, qu’il déversa sur moi à travers ses yeux.
– Je n’ai pas peur de la pitié de tes parents, murmura-t-il, menaçant. Je t’ai dit que je ne sais pas ce qui m’a pris.
– Tu mens.
– Tu n’es pas obligée de me croire.
– Je croyais que j’étais ton amie. Tu peux tout me dire, et tu le sais.
Il soupira, hésitant.
– Je suis désolé, dit-il calmement. Pas cette fois.
Il tourna les talons et courra jusqu’à son immeuble.
Je restai planté là, ne sachant pas trop quoi penser de son attitude. Finalement, je me décidai à rentrer. Tout en marchant, je réfléchissais à la raison de sa colère. Il était tendu, mais ce n’était pas la seule raison. Pourquoi avait-il menti ? Pourquoi ne voulait-il pas m’expliquer alors qu’il m’avait confié les moments les plus horribles de sa vie ? Me faisait-il confiance ?
Ces questions me tourmentèrent jusqu’à mon arrivée à la maison où Maman convoqua une réunion de famille dans la salle-à-manger, pour parler d’Alexandre.