I Ͷ T Ǝ R S T Ξ L L ꓯ I R Ξ S

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Là. Quelque part, sortant directement d’un conte horrifique, un amas monstrueux de volutes noirâtres, dont la cavité est gorgée d’une multitude de cristaux opaques, se déverse en ce vaste monde.
Et à travers cet espace à demi-entrouvert, ils viennent.

Aussi furtivement que nous puissions découvrir ces paroles énigmatiques, à l’unisson, bercés par une voix gutturale qui chante dans l’infinitude des louages inaudibles pour des milliers d’yeux remplissant un ciel d’une infime couche d’obscurité la plus totale, ils arrivent promptement. Et dans l’impassible insouciance, dans un soupçonneux mélange de torpeur et de bravoure entrelacées, et en notre regard posé qui ébranle un songe diluvien où d’horribles envoûtements s’accroissent, ils fuient quelque chose de laid, de répugnant, de monstrueux, à la fois terrible et machiavélique, telle une pouacre bête qui gronde les eaux de rage que forme dans la joyeuseté dansante cet amas poussiéreux de denses nuées indivisibles aux éclats vermeille.

Et les particules rougeoient, rugissent. Et la voix craquelée, nouée, se dénude.
De tout sens.
De tout bon sens.
Et de toute forme indescriptible qu’il ne nous ait indiscutablement possible d’éclairer ce qui semble être visible. Pour des milliers d’yeux.

Ils débarquent de très loin.
Et d’un souffle qui respire le Néant, d’un Ailleurs que nous ne pouvons hélas deviner un instant une quelconque existence, déguisés sont-ils par un miasme incolore, ils viennent en grand nombre en cette vaste contrée énigmatique. Et dans une volonté quasi inexistante, ils se montrent à la lumière du jour, se cachent dans la pénombre horrifique des contes connues. Là, quelque part, ils se déplacent progressivement, lentement et d’une allure sereine, en emportant avec Eux leurs Images. Et comme leur singularité n’est point composée de forme, de chair et de sang, ils descendent tous, telles des bêtes en proie à se faufiler sur cette terre mouvementée. Puisque nous le savons dès lors qu’ils n’appartiennent à un aucun de ces éléments que nous venons à l’instar de rapporter, seule la Matière leur est donnée. Une Matière travaillée, polie, subreptice, et à laquelle nous suggérons vainement encore que cette dernière apparait ici comme telle, leur Existence. Et contre toute attente, perdant le fil de l’histoire obreptice que nous peignons dans l’obscurité la plus secrète, il nous est indubitablement impossible d’émettre un discours narratif en cet endroit mystique.
Ils sont là, depuis longtemps, certainement bien avant que ne naissent les innombrables Étoiles qui enchantent le Monde de sa belle lumière diffuse. Et dans une clairvoyance nouvelle qui nous frappe prestement, ils attendent. Sagement. En riant.

Certes encore, ils se réfugient dans cet amas poussiéreux étrange, leurs Images nous laissent cois, perplexe, et invraisemblablement une indivisible divinité priant dans une croyance amère en ce jour n’a su encor poser un nom pour ces créatures : Eux.
Eux, qui n’ont pas de noms, Eux, qui n’ont ni odeur ni forme.
Ils sont venus nombreux. Ils s’avancent en grand nombre en chantant des antiques louages fugaces, imperceptibles pour des voix suggestives, empreint d’allégories fantomatiques.

Et soudain, survenu de nulle part, un amoncellement de brumes noirâtres où dansent une multitude de cristaux opaques, s’épaissit à travers ce convoi où se dresse cette civilisation archaïque : ces Êtres qui frôlent des marches, nous les voyons comme en plein jour. Dès à présent. Ils descendent le fleuve invisible de ce long navire aux mâts fragiles dont les voiles scintillent une poussière cosmique. Et de cette nuée qui tournoie, venant effleurer une forme ressemblant étrangement à une jambe, ils se déplacent furtivement.

Dehors, au-delà des Cieux, une mouvance peine à s’y glisser dans cette enivrante nébulosité qui vient aussitôt faire son apparition dans ces noirceurs familiers où, autrefois, des envolées énigmatiques se dispersent, surgissant en abondance sur ces voiles encore endormies. Et bien que les ombres funestes se réveillent dans ces ondulations hystériques, des émanations douteuses se laissent happer dans la pénombre pour y peindre un astre où des mystérieuses formes gravitent en son noyau. Tout cogite, semble respirer une poussière singulière, battant une morsure du temps qui coud une à une une ère nouvelle, dans chaque liaison qui fracasse, qui déchire l’anéantissement. Des particules s’amoncellent, fléchissent, tournoient entre elles : telle une gravitation, nous pouvons aisément affirmer que la révélation que nous apprêtons de faire arrive dans son dénouement.

Et dans le lointain, des formes se livrent dans un combat étonnant, frappées par un son disparate et grossier : telle un violent et tumultueux enchainement macabre, des brisures opaques se dissolvent, créant de ce fait des visions évanescentes sur ces points suspendus dans le vastitude cosmos, brûlant ainsi la rétine des abominables créatures qui traversent cette tempête que voici. Et à travers leurs yeux iris flamboyants, gigantesques, et au-dessus de leur crâne difforme sur lequel des étincelles crépitent de douleurs incontestablement abjectes, et de leur forme énigmatique, et de leur Matière indiscutable, nous observons dans le crépuscule doré une déformation sauvage et délétère, aussi rustique pour des milliers d’yeux qui scrutent les astres maudits maintenus dans le silence abscons des civilisations surannées.

Ils débarquent en nombre.
Sans que nous puissions nous préparer dans ce long voyage soupçonneux, bercées perpétuellement par une voix gutturale aux louages inaccessibles, des étranges lumières se mettent à chavirer de toute part sur ce navire qui porte une colonie d’êtres ignobles, et ce, se déclinant en gravitation. Et d’une vaporisation subreptice à laquelle toute croyance se remémore des infatigables bruits de pas qui résonnent, ces effluves lumineux tournoient inlassablement, comme pour donner une pulsion antique. Et grandissent ces anneaux horrifiques dans ce grand espace devenu éclairé, entrelacés par cette mouvance indissociable où jaillissent des particules argentées.

Ils avancent furtivement. Là, dans le cosmos agité.
Et des couches imperceptibles se mélangent dans la noirceur. Et des rires menaçants s’évaporent dans ce continent qui pleure un torrent bouillonnant de comètes, une pluie antédiluvienne d’étoiles filantes devenues en cet instant atteignables. Au loin, une giboulée sidérale accessible par l’oreiller du rêve se nourrit d’écumes écarlates, précipitant de par son dessein un amarrage vers une immense terre meurtrie.

Cette civilisation ancienne que nous venons de confondre avec un navire n’est autre qu’un croissant de lune qui peine à accoster sur cette grande prairie verdoyante où de très hauts conifères vibrent dans une passion ecclésiastique. Certes, cette grande végétation présente ne cesse de prime abord de tressaillir et d’alimenter les pensées obscures des innombrables feuilles qui tombent une à une dans cette mélancolie joviale. Et de par cette surprenante manifestation qui prend racine en ce lieu oppressant, assourdissant, tous les amoncellements de particules se convergent à un point bien défini dans l’infinitude des contemplations innovatrices d’où est plongée cette histoire secrète. Puis, nous discutons nous, nous questionnons nous, nous lamentons nous comme de pauvres hères, pour percer le mystère qui entoure ce paysage obscur.

Ils débarquent en une seule nation.
Lassé de tout soupçon qui ébranle cette immense prairie verdoyante qui jouit de cet accablement, tangue sur ces hautes branches cet immense croissant de lune. Et de par sa nature qui s’émane dans un affolement incertain, ces créatures descendent le fleuve invisible où un méandre béant les attend, les engloutissant dans les abîmes tourmentés bleuâtres jusqu’à ce que nous ne puissions ni écrire quoi que ce soit en cet ultime instant ni émettre un réel soupçon de ce qui vient précipitamment d’arriver.

Et cette épave engloutie pour l’heure projette des effluves cosmiques qui aussitôt viennent se ricocher sur les bordures de ce vaste étang paisible où une nouvelle forme sied depuis fort longtemps et dont cette dernière se trouve au cœur de cette immense forêt menaçante.
Et des sempiternels éclairs volumineux se dispersent à l’horizon, changeant ainsi l’optique des Cieux noyés dans ces eaux de rage à la poussière divine des cristaux opaques renfermant des étranges poissons.

Et dans un murmure chaotique, où gronde la tempête, dans un souffle guttural qui rend l’anéantissement de ces êtres venus des Etoiles qui apportent les Images avec Eux, sans contestation, d’une manière éclairante, une voix s’élève et prononce dans la nuit :

La prochaine fois, je ferai une entrée normale !

Et là, en cette heure tardive, dans la nuitée la plus chaude où l’on respire la sagesse dénudée, des effluves continuels crépitent au travers de cet amas céleste. Et parmi ces nombreux points ancrés dans l’univers, ce qui est invisible devient subitement visible pour des milliers d’yeux.

Mettre les voiles
Le jour se lève…

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