Plus de quarante ans de boulot pour en arriver là, même pas 1000 balles par mois, juste de quoi m’endormir sous un toit et remplir mon frigo quand je le peux. Si j’avais su tout ça quand on m’avait promis, l’État s’occupe de tout une ponction sur salaire pour assurer vos vieux jours, c’est tout juste les trois quarts de mon dernier salaire, et encore je fais très attention à ne pas déborder, mais là je ne fais plus attention, je mange quand je peux ou bien je dors et je paie mes factures, je n’ai plus vraiment le choix, heureusement mes promenades sont gratuites, j’ai le temps de discuter, les voisins sont gentils, mon quartier depuis plus de vingt ans, certains arrivent d’autres partent, on prend le temps de se connaître.
Il n’y pas si longtemps, la famille qui habite au 22, ils avaient des soucis pour garder le petit, quand je dis le petit, il a tout juste 8 ans, je l’appelle le nain, c’est un truc entre nous, le mercredi je me suis proposé parce qu’il faut l’occuper à son âge, bien sûr un peu trop de télé c’est ce qu’il faisait avant quand ils le laissaient seul, alors on se promène, je l’amène quelquefois à ses entrainements de foot, ma voiture est âgée mais elle roule encore, ses parents paient l’essence je n’ai jamais voulu plus, alors de temps en temps ils m’invitent à manger, mais je commence à refuser, je ne peux leur rendre la pareille, mais je crois qu’ils m’aiment bien, au moins je suis pratique, le nain également, sauf quand on joue à ses jeux vidéo, je ne suis pas si vieux après tout, il n’aime pas quand je le bats. Les vacances scolaires c’est un peu plus spécial, quand ses parents n’arrivent pas à se coordonner, je le comprends très bien, quand on a un travail il y a certaines choses qu’on ne peut refuser, les grand-parents sont loin et pas toujours en forme, je suis avec le nain, ou bien il est chez moi et il branche sa console pour tenter de me battre, j’ai juste un petit souci, il me vide le frigo, j’ai supprimé les yaourts c’est devenu hors de prix et pas très nourrissant, alors il ne reste rien qu’il aime, je me suis arrangé avec ses parents, en guise de raison, je ne sais pas cuisiner, de fait on mange chez eux il n’y a qu’a réchauffer, je n’accepte rien d’autre et surtout pas d’argent, on a sa fierté tout de même, ils n’ont pas à savoir que j’aime rendre service et ainsi autre chose. C’est un peu de repos quand ils partent en vacances avec des jours communs, je mange un peu moins bien simplement.
Il y a le jeune couple qui habite juste en face, bonjour bonsoir, ça n’a jamais été plus loin, peut-être un mot ou deux, on n’est pas du même monde on n’est pas du même âge, mais ils sont très gentils. Une fois ils ont frappé à ma porte, ils savent que je m’absente rarement surtout en pleine nuit j’ai largement passé l’âge de découcher; une urgence de un mois avant terme, il était impossible de prévenir la famille qui habite trop loin, ils m’ont laissé leurs clefs, deux chats et un gros chien, je suis passé plusieurs fois à garnir les écuelles, le nain est venu un jour, on a promené le chien, il m’a un peu aidé à remplir certaines tâches. Comme je n’avais rien à faire, j’ai nettoyé la cuisine et la salle à manger, ça ne devait pas être facile pour elle la veille de son état, lui c’est un ingénieur d’après ce que j’ai compris, il n’a pas dû apprendre à être bricoleur, j’ai réparé quelques prises de courant, des placards en souffrance, les canalisations de l’évier, et j’ai aperçu dans un coin devant une porte entrouverte, une barrière en bois mal montée contre les animaux, j’ai repoussè la porte, des cartons entassés tous marqués IKEA, certains étaient ouverts, mais rien n’était monté sans doute pris par le temps, j’ai habillé une chambre et j’ai mis la barrière avec mes trucs à moi, je suis un peu touche à tout. Ils sont revenus trois jours après avec un beau bébé, quelquefois ils m’invitent à manger, mais je refuse souvent, ils ont beaucoup mieux à faire, surtout quand je le croise avec les traits tirés, on se sourit, quelques mots, il me donne des nouvelles, il sait que je comprends et il comprend mon refus de ne pas manger chez eux.
La dame âgée qui habite plus loin, de beaucoup plus que moi, j’avais l’habitude de la voir rester devant sa porte avec son déambulateur, il y avait une marche qu’elle avait du mal à franchir, je ne voyais jamais personne pour l’aider, pas que je l’espionnais, mais en journée il y a très peu de monde, j’ai dû lui rendre service une ou deux fois à franchir le pas, mais souvent elle refuse parce que pour revenir ce sera le même problème, elle attendait des travaux qui dépendent de la ville ça faisait plusieurs mois. Je savais que plus loin habite un camionneur, sa femme reste seule la semaine pendant ses déplacement, quelquefois on papote, je ne demande rien, c’est elle qui me l’a dit, elle a une grande fille, mais c’est une autre histoire. Je lui ai demandé par hasard du fait de son travail, si son mari pouvait me fournir une ou deux palettes en bois, j’aurais quelques travaux à faire, et la semaine suivante, j’ai pris quelques mesures, j’ai construit une petite rampe, j’ai du temps devant moi, le déambulateur accroche bien, j’ai fait une petite rampe en attendant les services de la ville, mais elle profite maintenant pour frapper à ma porte quand elle me voit passer, elle m’apporte des gâteaux, c’est une bonne cuisinière, ça tombe bien on ne peut plus mieux maintenant, je viens de recevoir un courrier émanant de la caisse de retraite, une ponction de 9.99 % sur ma maigre retraite au titre de la solidarité, je ne mange plus à ma faim, mais je suis solidaire.
La petite Élodie, je devrais dire la grande, la fille du camionneur, je la croise quelquefois quand je discute avec sa mère, elle part à l’université pour suivre certains cours, la fierté de sa mère, mais ça remonte il y a deux ou trois ans d’avant. Un soir, j’ai entendu des cris dans la rue, ils n’habitent pas très loin, je regarde par la fenêtre, je vois la petite assise sur le trottoir une valise à la main, j’avais comme l’impression qu’on vient de la mettre dehors, je ne me mêle d’aucune histoire et surtout pas de problèmes de famille, c’est un engrenage dangereux, il reste dans le frigo un petit peu du gâteau de la veille de la vieille, je vais attendre demain et fermer les volets, dormir c’est diner, ce sera mon petit déjeuner, la petite est toujours là, la tête entre les jambes, je siffle par la fenêtre elle relève la tête et s’approche de moi car j’ai un peu insisté, j’ai bien fait attention que personne ne me voit, de toute façon il fait nuit. J’ai compris vaguement, une histoire de copain, de rater tous les cours pour plutôt travailler à gagner de l’argent et pouvoir s’installer, sa mère ne savait pas, ça s’est très mal passé. Elle est restée dormir, avec une part de tarte. Un café au matin et on a discuté, elle n’aime pas le café, mais je n’avais que ça, on a parlé de demain et du surlendemain, je lui ai raconté mon travail à la chaine et mes petits boulots, j’ai dû parler de retraite et de frigo anémié, je crois qu’on a bien rit, et je l’ai laissé seule, une serrure à réparer plus loin en échange de livres, j’adore la lecture, c’est un acte gratuit. Elle était toujours là quand je suis revenu, les yeux mouillé de larmes, elle m’a dit avoir appelé sa mère sans lui dire ou elle se trouvait, je lui avait fait promettre, son copain est venu, je me suis éloigné, j’avais deux amoureux qui squattent mon canapé et la chambre d’ami, ils ont commandé des pizzas, je crois que j’ai bien aimé, et puis elle est rentrée chez elle, ça s’était apaisé entre sa mère et elle. La clef est sous les fleurs, le troisième pot à droite, Élodie retrouvait son copain quelquefois et a repris ses cours, moi je continuais mes travaux pour les gens du quartier, tant qu’elle m’avertissait, motus et bouche cousue.
Je suis tombé malade, pas un truc vraiment grave, je me suis trompé de ligne dans ma déclaration d’impôts, la CAF me réclame 150.14 € de trop perçu, la contrainte suivra par le prochain courrier, c’est un petit peu fouillis, mais j’ai passé l’âge d’être assidu à l’administration, c’était le mois dernier, je m’en souviens très bien, mon frigo rendait l’âme, pourtant il était vide à part des pâtisseries. On est venu me chercher, j’ai eu assez de force pour appeler les secours, un numéro gratuit.
Je suis rentré chez moi après quinze jours d’hôpital, je n’ai pas tout compris, on me demandait de ne plus sauter les repas, quand l’ambulance m’a ramené, j’ai aperçu des voisins qui me faisaient des signes, je vais reprendre mes promenades et sans doute mes travaux.
J’ai un frigo tout neuf, c’est le voisin d’en face qui me l’a expliqué c’est un truc très moderne, un rebut en commun de personnes du quartier, il se remplit tout seul quand on est retraité, je n’étais pas au courant, les factures également, je n’ai plus eu de relances, là je n’ai pas bien compris, il ne reste plus rien quand j’ouvre ma boite aux lettres hormis quelques publicités, une chose me semble louche, certains pots de fleurs semblent avoir la gigote, les traces d’humidités peuvent se déplacer, mais j’ai bien vérifié la clef est toujours là, il n’y a qu’Élodie qui le sache, elle m’a fait une promesse, et elle a continué ses études, le nain est devenu grand, ils sont tous devenus grands et titrés, j’ai continuè à prendre de l’âge, mais eux ont avancé.
Une nouvelle famille vient de s’installer à coté, c’est Élodie qui me l’a dit, elle vient me voir souvent, j’espère qu’ils sont gentils et un peu solidaires.
je sais, c’est un peu court, mais je m’y suis mis tout à l’heure, en écoutant mon voisin, ^^ rien n’est vrai, rien n’est faux. J’ai écris vite fait, je n’ai pas encore corrigé, rallongé …
J’ai lu, il n’y a pas si longtemps, beaucoup de personnes âgées ne mangent pas à leur faim, mais chut, ce sont des personnes fières il ne faut pas le dire.
J’ai adorer.