Chapitre 9
Confession
Je ne sais pas comment les gens font pour s’habituer aux habitudes. Ni moi d’ailleurs. On ne peut pas s’y habituer. Précisément parce qu’elles restent des habitudes. Il semble que nous nous efforçons à reproduire la même chose, sans se poser de questions.
Jusqu’à ce que survienne une tache sur nos murs.
Alors on double d’effort pour essayer de l’effacer au plus vite. Un chiffon, de l’eau, du savon…
Avec chance et persévérance, elle finit par s’en aller. Nous retrouvons notre confiance, notre confort. Cela en devient même rassurant.
Mais parfois, elle ne part pas.
Dans ce cas, deux solutions s’offrent à nous. Soit, il faut faire avec, sans la voir.
Ou, on la regarde, pour se rendre compte qu’il faudra la faire partir. Mais comment ?
Je me demande parallèlement, ce que signifie ce mot : Temps.
Qui est ‘il ? Pourquoi est-il toujours nécessaire de l’avoir, et surtout, qui le détiens ? Réellement ? Est-ce un personnage ? Un bon camarade ? Se trouve t’il dans les airs, dans l’espace, dans les planètes ? Se décide-t-il, du haut de son trône, s’il en a un, à semer le désordre dans nos vies juste pour le plaisir ? Est-il, de ce que l’on appelle communément, dans toutes les sauces, un « Pervers Narcissique », qui joue délibérément avec nos âmes, notre vécu, notre histoire, notre parcours tout simplement ?
Je dois reconnaitre que je ne sais pas où je me situe, pour l’instant. Pas que je ne pense qu’il y est une tache sur mon mur. Disons juste que je n’en pense rien.
Je prends ma tasse de thé, et la serre entre mes mains.
– « Bonjour ma chérie »
Je me retourne face à un Ray rayonnant.
– « Bonjour chéri, tu as passé une bonne nuit ? »
Il m’observe attentivement.
– « Tu as une petite mine aujourd’hui. »
Il prend lui aussi sa tasse de café.
– « Si c’est pour ta sortie de l’autre fois, ne t’inquiètes pas, je m’en suis remis. »
Il se dirige vers moi, se penche, et m’embrasse sur le front. Il ne travaille pas aujourd’hui. C’est son jour de repos.
– « Tiens, tu n’as pas pris de café ce matin ? »
Je rigole nerveusement.
Oui, aujourd’hui aurait été une journée banal.
Mais j’ai la tête remplie. Impossible de penser à autre chose que Lui. Bon sang, pourquoi ?
Je me reconcentre sur mon mari. Depuis quand nous n’avons pas fait de diner en tête a tête ?
Quand nous sommes jeunes, l’insouciance est notre meilleure amie, car elle aide à traverser la mer, sans que la grande vague de la responsabilité, nous empêche d’avancer.
Apres, un autre décor s’installe. Bientôt, nous devenons parents, vieux, célibataires, en voie d’extinction, selon ce que la voie a décidé pour nous.
Je réfléchis.
Je fouille quelques minutes dans mes souvenirs. Notre restaurant préférer. C’était un soir, lorsque j’étais enceinte de ma 1ere fille, que nous l’avons découvert. Un chic restaurant, entouré de belles bâtisses, des plats fait maisons par-dessus tout. C’est ce qui nous avaient charmés. Lia gardera sa sœur ce soir.
Je prends mon téléphone, et trouve leur numéro dans mon répertoire.
– « Restaurant Trait D’Or Bonjour, je vous écoute ? »
– « Oui ce serait pour une réservation pour deux personnes, vers 21h30. »
– « Bien sûr, je réserve une table pour quel nom s’il vous plait ? »
– « Neila Candellas »
– « C’est noté ! A ce soir, passez une bonne journée. »
Je me rapproche de ma fenêtre. Le temps est bon. Il ne fait ni trop froid, ni trop chaud.
– « Maman, c’est bon nous sommes prêtes ! » m’avertit Lia. Je prends ma veste.
Bientôt, nous nous retrouvons devant le lycée. Je vois Lia me dépasser, et changer de démarche. Un jeune homme s’avance vers elle.
– « Salut Lia, ça va ? Bonjour Madame. » me dit il avec un semblant d’assurance.
Je le regarde prendre la main de ma fille, et partir.
J’arrive chez Mr Kins avec une légère minute de retard. Je dépasse la réceptionniste pour me faufiler dans mon bureau. La pile de dossier m’attend avec impatience. Une femme apparait dans un des dossiers.
Charlotte Miverson, 25ans, photographe.
J’observe de plus près les photos qui accompagnent le dossier. Effectivement, elle est douée. Elle a réussi à faire d’une simple image de vaisselle, une œuvre d’art.
Malheureusement, Mr Kins fait irruption dans mon bureau, ce qui marque la fin a mon enquête.
– « Alors comment s’est passé la soirée avec Blay Simons ? Bien j’espère ! De mon côté, sachez que je n’ai entendu que du bien venant de vous ! Vous avez pu parlez du contrat ? Allo ? Je vous parle ! »
– « Euh… Oui Mr Kins, ne vous inquiétez pas. Mais, en parlant de ça, sans vouloir vous contredire, vous êtes sûr que ce talent est indispensable chez nous ? »
– « Je fais bien de vouloir vous parlez de ce dossier ! je ne sais pas, j’ai l’impression que vous fuyez ce dossier, pourquoi ? »
– « Non ce n’est pas ce que vous pensez ! » m’exclamais- je, impuissante.
– « Bien dans ce cas, mettez-vous au boulot ! Ce n’est pas par hasard que je vous ai fait confiance, voyez-vous, bien vrai que j’ai le flair pour sentir les affaires, mais pas seulement ! J’ai aussi vu vos compétences et votre prestance, vous l’avez en vous ! Faites-vous confiance ! »
On entre dans le bureau, et ma stagiaire se dirige vers lui, avec une note. Il la lit, se lève.
– « Nous terminerons cette conversation plus tard, je compte sur vous ! »
Maintenant seule, je me replonge sur le dossier.
20h45.
Il me manque le collier que Ray m’a offert pour mon anniversaire. La touche finale.
– « Tu es magnifiques ma chérie » me dit Ray au creux de l’oreille.
Nous nous regardons mutuellement dans le miroir de notre chambre. Il m’embrasse sensuellement sur le cou, m’examine de plus près, espérant aussi une réponse.
– « Toi aussi chéri. »
Je ferme les yeux. Ce soir c’est notre soirée. Il me caresse les seins, s’aventure à aller plus loin. J’ouvre les yeux. Il m’attire vers lui et m’embrasse.
Nous arrivons main dans la main chez Trait D’Or. Une serveuse nous accompagne.
– « Alors, la soirée te plait ? » Me demande Ray.
– « Oui c’est ce dont nous avions besoin, et pour te dire je ne regrette pas. »
– « Content de l’entendre… »
Nos plats respectifs viennent au même moment.
– « Dit Chérie, j’ai une question, tu fais confiance en tes copines ? »
– « Ray quel question, tu parles bien de mes copines ? Absolument ! je leurs fais confiance pourquoi ? »
– « Simple question. »
– « Tu devrais manger avant que je fasse ! c’est super bon !!»
Je pioche dans mon plat quand quelque chose a l’extérieur attire mon attention. Je jurerais voir quelqu’un me contempler depuis sa voiture. Une voiture noire. Son visage est fixé sur le mien. Je me retourne pour voir si c’est bien moi qu’elle contemple. Apparemment oui.
Je me rapproche de la fenêtre. En un éclair, la personne a bord du véhicule s’éclipse.
Qu’est-ce que c’était ?
Le reste de la soirée se déroule plutôt bien. Il est 1h00 quand nous sommes chez nous. Les filles dorment. Je lui jette un coup d’œil.
Ray voit clair dans mon jeu. Il me déshabille lentement, je fais de même pour lui. Il me porte et nous voila dans notre chambre. Il entreprend de caresser mes seins avec sa langue et n’oublie pas mes tétons qui pointent.
Avec impatience, je le pousse sur le lit, j’embrasse son torse, avant de me mettre à califourchon sur lui. Un soupir m’échappe. Il entre en moi avec force, désir, détermination, ce qui me surprend d’une part, et me rend folle de l’autre. Il m’en faut peux. Je ne tiens plus. Il me bascule afin que j’atterrisse sur le dos, et reprend sa dance sur moi. Chaque allez et vient en moi, décuple mon plaisir. Plaisir fou, doux, incertains, qui s’entrechoquent avec nos sueurs, nos bruitages. J’écarte mes jambes et l’encercle sur son dos, me cambrant dans l’espoir que notre rapport ne prenne fin. Mon cœur s’accélère, il va au rythme de cette mélodie…
– « Ne t’arrêtes pas Ray ! Continue !»
– « Désolée ma puce mais je ne vais pas pouvoir tenir plus longtemps… »
– « NON Ray retient toi ! »
– « HUMM… Excuse-moi chérie ! Oh… Mince! J’ai fini. »
Il s’allonge à mes côtés. Ray a fini. C’est souvent la même chose. Trop excité, Il finit par éteindre trop rapidement la flamme qui s’allume en moi.
J’imagine que la sexualité change aussi, a un certain temps, une certaine période, elle n’est plus aussi libre, aussi crue, et elle change de vêtement pour laisser la place a un autre, qui lui viendra contrôler nos gestes, nos aptitudes, nos performances au lit ? Peu importe, tout ce que je sais, c’est que ce soir, j’en voulais plus. Beaucoup plus… Que ça.
– « Ça va aller ma chérie ? »
– « Oui ne t’inquiètes pas. »
Quand mon réveille sonne, j’ai la tête qui tourne. Je me trimballe tant bien que mal dans mon bureau et ferme la porte. Les regards commençaient à être trop persistants. Peut être ne m’on t’ils pas vu avec cette tête depuis… Belle lurette, en fin de compte.
Je me replonge sur mes dossiers. L’heure s’affiche sur l’écran. Il est déjà 10heure ? La porte de mon bureau s’ouvre alors gaillardement.
– « Vous avez de la visite Madame ! » me dit Mr Kins sans trop prêter attention à mon état quand je vois la « visite » en question.
– « Mr Simons… Que faites-vous ici ? »
– « Voyons c’est comme cela que vous l’accueillez ? J’ai une nouvelle formidable à vous annoncer ma chère dame, Mr Blay Simons organise un voyage d’affaire la semaine prochaine, avec son équipe. Il m’a demandé l’autorisation de vous avoir avec lui, quelle bonne idée vous ne trouvez pas ? Je vous donne votre semaine Mlle Candelas. Partez avec lui. N’oubliez pas, je compte sur vous ! »
Je ne suis pas sûr d’avoir compris le reste. Que cherche tu Blay ?
