Du néant au frisson. Chapitre 36.

Axel

Je l’ai regardé partir. Elle n’a même pas pris la peine de se retourner comme à son habitude. J’ai encore une fois tout gâché. Mais avais-je le choix ? Non. Ou j’arrivais à régler mes problèmes seul, ou je devais l’appeler. Et il était hors de question que je l’appelle.

Mais, est-ce que j’avais assez de fierté pour la perdre ? Fallait-il que je prenne le risque de tout lui raconter ou la partie la plus sombre de ma vie devait, rester enfouie.

— Mélina, merci pour ton aide. Notre coopération s’arrête ici.

Je lui tendis une enveloppe, avec l’argent que je lui devais. Elle le prit.

— Si j’étais toi, j’irais lui courir après, me dit-elle.

Mélina partit à son tour sans se retourner.

Je suis resté planté, là. À peser le pour et le contre. Devais-je la suivre ?

J’ai pris la décision de ne pas le faire. Je ne pouvais pas y aller tête baissée et risquer de tout foirer encore une fois.

À la place j’ai appelé Allan.

— Hey Axel, ça f’sait longtemps !

— Salut Allan, oue, je sais ! T’as quelque chose pour moi ?

— Ce soir ?

— Oue, de préférence.

— J’ai peut-être un truc oue ! Mais j’te préviens, c’est un balèze !

— J’m’en fous ! Ou et quelle heure ?

— Dans une heure, derrière la gare cette fois-ci ! Tu vois l’ancien parking ? On sera là !

— OK super, merci mec !

— Merci à toi !

Je suis rentré chez moi, je me suis changé.

Quand je suis arrivé au lieu du rendez-vous, Allan était au fond du parking, toujours derrière sa petite table, stylo et cahier dans les mains. Il prenait les paris.

J’ai reconnu quelque habitué en me dirigeant vers Allan. Beaucoup me saluaient, j’avais l’impression d’être une star à la sortie d’un concert. Bon OK peut être pas autant. Mais certaines filles venaient me coller, et certains mecs voulaient absolument me serrer la main.

— Axel ! Mon champion ! J’ai cru que t’avais pris ta retraite !

— Non j’étais occupé.

— J’espère que t’as pas rouillé, et que t’es prêt. Parce que ce soir, ce n’est pas un amateur…

— T’inquiète pas pour moi.

— J’dois te prévenir… Pas beaucoup de gens ont parié sur toi…

— Tant mieux ! C’est quoi ma part ?

— Comme d’habitude ! Si tu gagnes 40 % de ce que je me fais.

— OK !

En réalité je n’en avais rien à foutre de l’argent. J’avais juste besoin de passer ma colère.

Le gars avec qui je devais me battre n’était pas encore arrivé. La foule, elle se faisait plus grande de minute en minute. J’ai pris mon téléphone, pas de nouvelle d’Eliya. Mais je n’avais pas répondu à son dernier message. Je voulais savoir pourquoi elle culpabilise !

Axel : Quelle culpabilité ?

Elle ne répondit pas tout de suite.

Allan me fit signe de m’approcher. Un gars, immense était posté face à lui.

— Axel, j’te présente Jerry ! Jerry, Axel ! Vous allez vous battre l’un contre l’autre ce soir.

J’ai détaillé Jerry des pieds à la tête. C’est vrai qu’il était grand, beaucoup plus que moi. Il était super baraqué aussi. Mais ça ne me faisait pas peur. Tout ce qui était grand est large, était aussi beaucoup moins rapide.

— N’oubliez pas les gars, on n’est pas là pour le sport ! On est là pour le sang ! Alors je compte sur vous pour tout donner !

Allan adorait dire ça avant chaque combat, qu’il organisait. J’étais habitué maintenant, et même si au début, tout m’impressionnait, aujourd’hui, ça me passait bien haut. Mes autres adversaires, en revanche était très souvent flippé. Mais ce soir, Jerry n’a pas eu un semblant de peur.

Il n’avait rien à perdre, je pouvais le voir au fond de ses yeux. Il n’y avait rien. Comme moi à une époque.

Et moi dans tout ça. Est-ce que j’avais quelque chose à perdre ?

Je suis retourné à mon sac, avant que le combat ne commence.

Elle avait répondu.

Eliya : La culpabilité, d’avoir passé la nuit entière avec Antoine !

Mon sang n’a fait qu’un tour, toute la colère emmagasinée de ces derniers jours refit surface.

J’ai appuyé sur la touche appel, il fallait qu’elle m’explique. Je ne pouvais pas rester sans réponse.

Elle décrocha de suite.

— Qu’est-ce que tu veux Axel ?!

Je n’ai pas eu le temps de lui répondre, Allan m’appelait. Le combat allait commencer.

J’ai jeté mon portable contre le mur.

Désormais, j’en étais sûr.

Je n’avais plus rien à perdre.