Elles avaient quatre-vingts ans de différence
L’arrière-grand-mère et Maulde se côtoyaient en permanence
Elles vivaient presque toutes les deux dans insouciance
Elles se faisaient dans le rire un paradis, une providence.
L’arrière-grand-mère avait perdu sa fille à l’âge de treize ans
Maulde est arrivée dans sa vie comme un enchantement
Elle retrouvait chez Maulde le modèle de son propre enfant
Maulde comprenait cette douleur et lui donnait sa part de compassion.
Maulde l’avait surnommé MéméVieilleJeune
Une femme qui avait gardait sa jeunesse en toute beauté dans son esprit
Sa vieillesse disparaissait lorsqu’elle gambadait avec Maulde dans des endroits presque interdits
Où elle y trouvait le sens de raviver son instinct jeune
Elles crapahutaient toutes les deux dans les collines boisées
Durant la pluie comme le soleil, elles s’en moquaient
Elles s’absentaient le plus souvent pendant une journée
Elles s’émerveillaient parfois de voir si loin des villages si éloignés.
Pour ces derniers, l’arrière-grand-mère se munissait de jumelles
Maulde apprenait sans cesse et vivait ces instants présents
Elles voyaient les personnes se déplacer, les voitures passées dans ce tourment
Elles étaient très loin des lieux l’outil leur était ce besoin complément de l’essentiel.
Très certainement MéméVieilleJeune préparait son thème de sortie
Chacune pour Maulde était différente, son accompagnatrice veillait sur le sujet
Cette intergénération devenait très constructive
Ce fût pour Maulde sa plus haute fondation dans sa vie active.
Son arrière-grand-mère avait une instruction
Née au dix-neuvième siècle, elle lui assurait une haute transmission
Elle était dame de compagnie mais aussi enseignante
Elle lui partageait volontiers son savoir dans une grande compétence.
Elle vivait dans le passé près de Paris à Vanves
Son mari restaurait les monuments en qualité de maçon
Ce dernier voyageait très souvent
Le compagnonnage était un autre style de restauration dans l’antique construction.
L’art ici avait toute son importance dans le travail très ordonné
L’arrière-grand-mère insistait très puissamment sur ce fait
Le plus que parfait était devenu le sens de la vie au quotidien
L’art se dessinait, se parlait dans un modèle durable pour le lendemain.
L’art pour elle se cultivait dans la mémoire mais aussi à travers l’usage de la main
Les deux sont essentiels pour équilibrer le vivant de chacun dans son destin
Les études et la pratique de cette connaissance s’associaient sur manufacture
Elles cristallisaient un système dans la plus haute et durable culture.
La valeur humaine était égale à la valeur argent
Elle profitait de ces deux grands élans
Le bénéfice récolté se redistribuait
Car disait-elle il y avait promiscuité
Entre le savoir et l’être
Où la maîtrise de la pratique fixait
Forcément la connaissance de soi
Pour comprendre le développement de son travail et son histoire à la fois.
Ces évènements prestigieux pour Maulde durèrent douze années
Elle n’oubliera jamais : lorsque la racine de la vie se défraîchie
De bien l’arroser pour faire murir d’autres semences sur plans réfléchis
Elle restera pour toujours cet enfant de la Terre pour l’éternité.
C’est du moins ce que lui a laissé son arrière-grand-mère
Ces séquences de joies dans la douleur la plus profonde se partagèrent
Où l’une et l’autre se sont prêtées parfois sur de multiples mystères
Maulde a reçu les mots d’une femme qu’elle serait toujours l’enfant de cette Terre.