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PARTIE 1
Chapitre 4
Le vent souffle sur les rideaux à travers la fenêtre semi-ouverte. Les rayons du soleil illuminent déjà la chambre. 11h et le son insupportablement aigu du réveil résonne dans la tête de Jeff qui tente de l’éteindre en lui tapant dessus comme une brute. La nuit fut courte, il n’a pas l’impression d’avoir pioncer. En pleine gueule de bois, il est difficile pour lui d’ouvrir les yeux. Rien à foutre des tâches qu’il devait accomplir aujourd’hui. Il décide de rester dans son lit mais les vapeurs de Ricard l’empêche de se rendormir. Et putain qu’est ce qu’il a soif. Il se retourne sur la gauche pour trouver une meilleure position et avec son bras espère enlacer Amy. Ce dernier s’écrase sur le plumard. Il est étonné de ne pas la trouver à ses côtés. Elle était infirmière et travaillait non stop en ce moment. Il pensait qu’elle aurait profité de son jour de repos pour faire grasse mat mais ce ne fut vraisemblablement pas le cas. Il crie son prénom à plusieurs reprises mais elle ne répond pas. Sans doute à cause de sa cuite qui l’a fragilisé, Jeff ressent au fond de lui une étrange sensation. Comme si elle n’était pas prête de revenir. Comme si une partie de lui même s’était envolée avec elle. Il profite au maximum de la chaleur toujours présente du corps d’Amy sur les draps et de son odeur si délicate qui en émane, mais malheureusement ceci ne la remplace pas. Pris d’une angoisse qu’il ne comprend pas, il attrape son portable et tente de l’appeler. Il tombe sur la messagerie et se demande qu’est ce qui lui arrive. Il doit se faire des idées. Il se dit qu’elle avait du le prévenir, qu’elle avait des choses à faire aujourd’hui mais qu’il ne l’avait sûrement pas écouté. Une nouvelle fois. Ce qui est sur, c’est que lorsque elle rentrera, il l’a prendra dans ses bras. Il ne savait pas pourquoi mais il en avait besoin, il en avait tant besoin. « Je molis se dit t’il ?! »Rarement une cuite l’avait mis dans un tel état de vulnérabilité. Il s’assoit sur le lit pour reprendre ses esprits.
Leur chambre est divisée en deux parties. Du côté de Jeff, on retrouve ses habits de la semaine éparpillés un peu partout sur le sol, avec des verres et des assiettes par ci, par là, ainsi que des Clinex sales ou encore un nombre incalculable d’écouteur et de câble en tout genre. Le reste de ses vêtements sont rangés en boule dans son armoire qui déborde. De l’autre côté, la partie d’Amy est bien rangée, bien ordonnée comme le sont si bien les femmes d’après les préjugés. Ses affaires sont délicatement pliées dans son armoire. Son livre, sans la moindre encornure, est placé au centre de sa table de nuit avec un marque page flambant neuf. Tout est à sa place, là où ça doit être, tout à l’exact opposé du coin de Jeff.
Bref, faut qu’il se bouge. Rester là immobile, ne l’aidera pas à se remettre de sa cuite. Il décide enfin à se lever, traînant des pieds jusqu’au salon. Là aussi on peut dire que le ménage laisse à désirer. Malgré tout les efforts de Amy à jongler entre tâche ménagère et son travail de 45 heures par semaine, il était très difficile pour elle de maintenir l’état de la maisonnette. Faut dire que Jeff n’était pas d’un très grand soutien. Il prônait comme philosophie que le ménage était une perte de temps. Tu as beau rangé, le jour d’après la maison est une nouvelle fois en désordre. C’était un cercle vicieux pour lequel il ne voulait pas participer. Il faisait le minimum et pour lui ça suffisait. Pas mal pour un mec qui passait son temps à glander, à jouer à la pétanque, à boire des coups et à fumer des pétards en écoutant des vieux morceaux des Clash. Comme vous pouvez l’imaginer bons nombres de disputes venaient de ce débat. Ceci dis, il valait mieux qu’il ne fasse rien. Chaque fois qu’il touchait à quelque chose, il arrivait une catastrophe. Il prend le premier verre sale qu’il trouve et se précipite au robinet pour s’enfiler un litre d’eau. Actuellement la vaisselle déborde de l’évier, tout comme la corbeille de linge sale. Une fois sa soif un peu estompée, Jeff commence sa journée par ses rituels habituels, au lieu de s’attaquer au rangement. Il allume sa baffle. Le son des Vieilles Salopes -Jamais debout, toujours par terre résonne dans sa maison. Une musique décrivant très bien son quotidien actuel. Il nourrit son chiot de 5 mois, un petit labrador qu’il avait recueillit à la Spa qu’il avait surnommé Walter en référence au film The Big Lebowski. Il avait une de ses bouille. La venu de ce chiot avait fait beaucoup de bien dans la vie de Jeff, et l’avait rendu un poil plus responsable. Après avoir fait la discussion avec lui (les animaux rendent vraiment les gens gaga), il s’affale dans son canapé avec une tasse de café. Pour passer sa gueule de bois, il se roule un petit joint de beu et après avoir tirer quelques tafs, les souvenirs de la veille refont surfaces. Le retour ne s’était pas passé exactement comme prévu. N’ayant pas remarqué la barre d’essence à son minimum, ils s’étaient tombés en rade à mi trajet, les obligeant de finir la route à patte. Jeff ne pouvait pas compter sur l’aide de Yann pour pousser son scooter, ce dernier étant trop perturbé par sa blessure. Cette habituelle grande gueule n’arrêtait pas de pleurnicher et de se plaindre, devenant presque aussi lourd que le poids de l’engin que Jeff devait se trimballer. Il ne savait pas à quelle heure ils étaient rentrés mais la lumière du jour s’était déjà levée. Ils ne se souvient même plus si Amy était présente dans le lit ou était déjà partie.
Walter le rejoint sur le canapé, lui faisant la fête, remuant sa queue dans tout les sens. Après l’avoir caressé à maintes reprises, Jeff enfile le premier tee-shirt et le premier short qu’il trouve. Il quitte son domicile avec son chiot en espérant que sa compagnie rende sa journée un peu moins pénible que prévu.