Chapitre 1: Calliope
– Déjà fatiguée ? Tu n’es pas très endurante aujourd’hui !
Ali éclate de rire en esquivant ma faible attaque. Je me retourne, et fais une parade, stoppant la lame de bois à cinq centimètres de mon visage. Il recule, arme relevée, un sourire provocant aux lèvres. Je me fends, me propulse d’un grand pas, mon épée tendue vers lui…. et échoue lamentablement, en m’étalant par terre. Ce qui, bien évidemment, ne fait qu’accentuer son fou rire. Je me relève, les joues sûrement un peu rouges de gêne, en essayant de ne pas rire à mon tour, histoire qu’il me reste un semblant de dignité. Il s’approche, et me tapote l’épaule, d’un air exagérément condescendant. Crétin.
– J’espère que ce n’est pas comme ça que tu as réussi à entrer à l’école impériale !
Je repousse sa main d’une tape, et je m’assois contre le chêne centenaire où nous avons l’habitude de nous cacher depuis tout petits.
– Très drôle. Je me suis entraînée avec ma mère et ses soldats hier…. Et je peux te dire que je suis loin d’avoir le niveau ! je grimace. J’ai découvert l’existence de muscles dans des endroits improbables ! Et pourtant j’ai étudié le sujet sous tous les angles pour les examens.
– Tant que ça ! fait-il en se retenant de sourire, ta mère est diabolique de t’entrainer à deux jours des cours !
– Je sens que je vais souffrir demain, je lance en hochant la tête.
– Tu m’étonnes. Rappelle- moi de ne jamais demander à ta mère de m’entrainer !
-C’est sûr, elle t’entraînera beaucoup à la boulangerie, je raille d’une voix acide, le faisant soupirer.
– Arrête. Tu sais que je n’ai jamais eu l’intention de venir avec toi.
– Sans blague!
Il lève les yeux au ciel, et range son épée dans son fourreau, agacé.
– J’ai pas envie de me disputer avec toi, tu pars demain Lio.
– Moi non plus, mais… tu vas me manquer.
Il m’aide à me relever en soupirant.
– Et puis je ne connais personne là-bas. Et tu sais que je suis un cas, niveau sociabilité!
– Mon chat est plus sociable que toi Lio, rit-il en m’aidant à me relever, mais en évitant mon regard.
Je me retiens de soupirer à nouveau. Je vois bien qu’il ne veut plus en parler et je n’ai pas plus envie que lui de me disputer, avant je secoue la tête, et capitule.
– Aie. Tu viens de blesser mon ego. Il a pris un coup.
– Un seul ?
Je lève les yeux au ciel, et range à mon tour mon épée dans son fourreau. Je m’étire, courbaturée par hier. L’entraînement d’aujourd’hui n’arrange bien évidement rien….
– On devrait se dépêcher de rentrer, sinon ta mère va gueuler.
– Menteur. Tu sais bien qu’elle t’adore.
– Et tu devrais faire pareil.
Il me fait un clin d’œil, et je lui donne une tape sur l’épaule.
– Garde ça pour Nahomée idiot.
Il éclate de rire. Je soupire et m’empare du panier. Je lui lance une pomme et croque dans la mienne.
– Allez magne-toi, on doit rentrer avant que la nuit tombe.
– Oui cheffe.
Nous nous éloignons de la clairière,traversant des ruisseaux et foulant des chemins depuis longtemps familiers.
– Attends Ali. Il y a des fraises, ça fera plaisir aux jumeaux. Ils préfèrent quand elles sont sauvages.
– Dépêche-toi alors. Il va faire nuit.
– Alors viens m’aider crétin!
– Non mais tu peux pas le faire toute seule?! il soupire.
Néanmoins, il s’agenouille à côté de moi, et commence à m’aider… en mangeant une fraise sur trois.
Je lui donne un coup de coude dans les côtes, ce qui le fait rire, et fait fuir un petit lapin caché derrière un buisson.
Ali monte dans les arbres pour voler quelques œufs. Il sait que les jumeaux adorent garder les coquilles colorées, et les œufs de certains oiseaux sont beaucoup plus savoureux que ceux que l’on peut trouver sur le marché. Je l’observe, assise dans l’herbe, les yeux plissés à cause de la luminosité des bois et du soleil couchant.
– Alors tout va bien l’oiseau ? je lui lance avec un petit sourire en le voyant virevolter entre les branches.
– Tu devrais venir voir, la vue est magnifique !
– Une autre fois peut-être !
J’en frissonne rien qu’à l’idée. Il sait très bien que j’ai une peur panique du vide, à cause de lui d’ailleurs.Il avait découvert un nid et des oisillons, et avait à tout prix voulu me les montrer. J’ai fini avec la jambe cassée. Même à dix ans il était complètement idiot par moment. De très longs moments…
Un petit sourire se dessine sur mes lèvres à ce souvenir.
– Je te le rappellerai !
Je le regarde descendre doucement, quelques œufs dans les poches, qu’il pose délicatement dans le panier.
– J’ai hâte de voir ce que ton père va nous préparer ce soir !
– Qui te dis que t’es invité ? je lui réponds, avec une expression amusée.
Il lève les yeux au ciel en soupirant, ce qui me fait éclater de rire.
– Très drôle.
– Je suis hilarante je sais, je lance.
Espèce de narcissique… il marmonne.
Je fais semblant d’avoir l’air choquée.
– Je ne vois absolument pas de quoi tu parles!
– C’est ça, bien sûr, il sourit.
Je me laisse tomber contre l’arbre, et ferme les yeux, laissant mon sourire se faner, jusqu’à presque disparaître.
J’ai encore du mal à réaliser que je pars demain, et que je ne vais pas voir ma famille pendant de longs mois. Il y a encore un an, l’école impériale n’était qu’un lointain rêve, à moitié inaccessible. Les derniers vestiges de mon rire finissent de s’éteindre tandis qu’Ali tombe à côté de moi.
Le silence s’installe doucement entre nous. Ils n’ont jamais été gênants lorsque nous sommes tous les deux, et bien évidemment, aujourd’hui ne fait pas exception. Cependant, je crois déceler un certain malaise chez lui.
Mais je dois me faire des idées…
Je calque ma respiration sur la sienne, et écoute la forêt. Les oiseaux qui chantent, le bruissement de feuilles, et le doux chant d’un ruisseau au loin.
– Ça va faire bizarre quand tu seras plus là, dit Ali, rompant le silence après un petit moment sans rien dire ou faire, seulement à observer le balancement des feuilles sous l’impulsion du vent.
– Menteur. Tu seras occupé avec la boulangerie et Nahomée, je souris.
– C’est fou la confiance que tu as en moi! il rit, avant d’ajouter, plus sérieusement: Tu m’écriras?
Et toi? je réponds du tac au tac, la gorge nouée à l’idée de ne pas avoir de nouvelle de lui, et d’être autant confrontée à moi-même.
Il a toujours été mon pilier de soutien. J’aurais tellement aimé qu’il m’accompagne à l’école impériale… Mais nos espérances sur notre futur sont bien différentes, le temps ne fait que le confirmer.
– Bien sûr!
– Alors moi aussi.
– Même si tu es très occupé, ce qui sera le cas?
– Pourquoi je serais trop occupé pour écrire à mon meilleur ami? Et puis on pourra s’appeler en miroir, je souris, étonnée par sa remarque.
– Pas faux. Mais ça sera pas pareil.
J’éclate de rire, presque par automatisme.
– Je rêve ou tu deviens sentimental? je plaisante, ne sachant pas quoi dire d’autre.
– Lio tu vas te barrer pendant un an. Évidement que je le suis! il soupire.
Je soupire à mon tour, ne sachant que dire. J’ai l’impression que je n’ai jamais les mots pour dire les choses qu’il faut. C’est sûrement pas qu’une impression, d’ailleurs.
– Trois mois, je corrige. Je reviendrais aux Jours Saints. Ça va passer vite tu vas voir.
Il a un petit rire amer. J’ouvre les yeux et tourne la tête vers lui, rencontrant son regard. Il se détourne et se relève en souriant. Il me tend la main pour m’aider à me relever.
– On y va?
Je lui souris en retour et prends sa main, m’arrachant avec difficulté du tapis moelleux formé par l’herbe. Encore une chose que je vais regretter!
– On y va.
Nous sortons de la forêt, et marchons dans les rues, qui se remplissent petit à petit avec le marché nocturne. Nous nous faisons bousculer par les passants, et nous nous laissons entraîner par la vague. La nuit commence à tomber tandis que les effluves des boutiques avoisinantes inondent la rue, nous faisant saliver.
Arrivés sur le marché, nous achetons ce dont nous avons besoin, puis nous prenons le chemin du retour, lorsque mon ventre se met à gronder, ce qui fait rire Ali. Nous passons devant un étal de forgeron, où il s’arrête. Je l’attend, observant les échoppes voisines. Mon regard s’attarde sur une boutique de vêtements.
La vitrine retient tout particulièrement mon attention avec ses vêtements de voyage et de combats.
– Je reviens, je lance à Ali après un bref instant d’hésitation.
Ali hoche la tête sans me regarder, admirant une dague sur un petit étal. Je me demande même s’il a vraiment écouté ce que j’ai dis. Enfin bref, il est comme ça. Je soupire et entre dans la petite échoppe en secouant la tête.
La boutique, assez petite en apparence, est toute en longueur. Plusieurs clientes admirent les tenues, plus extravagantes les unes que les autres. Je grimace, et cherche du regard quelque chose de plus simple, sans le trouver. Je m’enfonce dans la boutique, me perdant dans les rayons, admirant les vêtements, presque trop beau pour être porté. Au bout d’un long moment, je trouve mon bonheur dans un tout petit endroit, à part, qui ne doit pas beaucoup être visité. Les robes les plus simples y sont entreposées, ainsi que des tuniques, des pantalons de toile ou de cuir, et des chemises amples. Des vêtements simples, qui serait idéal pour les voyages ou les combats, mais qui sont délaissés par les fortunés de la ville, et qui sont trop cachés dans les méandres des rayons pour être repérés, à part dans la vitrine, mais ils y occupent une place trop minuscule pour vraiment attirer l’attention des passants.
Je caresse les tissus, admirant les coupes et les couleurs. Je sors ma bourse, comptant mes pièces. J’ai suffisamment pour m’acheter quelques vêtements. Je souris à moi-même, et regarde plus en détail les tissus. Je tombe sous le charme d’une robe bleue. Ce n’est pas vraiment une robe, mais une chemise blanche, et une jupe d’un très beau bleu, avec deux ou trois épaisseurs de tulle d’une nuance plus claire. Une tulle plus foncée tiens la taille, et retombe sur la jupe.
– Tu comptes pas mettre ça j’espère?
Je sursaute violemment, et remarque dans le miroir le reflet d’Ali derrière moi. Il est appuyé sur une étagère, les sourcils haussés. Je plisse les yeux.
– Et pourquoi pas?
– Bah je sais pas, ça te va pas.
Je me retourne vers le miroir.
– Tu trouves? Moi j’aime bien…
Sûr et certain, il déclare d’un ton catégorique.
Il me prend la robe des mains, et la repose à sa place. Je grimace, dépitée, et détourne le regard à regret. J’aimais beaucoup cette robe… mais il vaut mieux écouter Ali. Il en sait plus que moi en matière de vêtements.
– Si tu le dis…
Il hoche la tête, apparemment satisfait, et ajoute:
– Je te rejoins à l’entrée d’accord?
Je hoche la tête à mon tour. Il tourne les talons et je regarde sa silhouette disparaître dans le labyrinthe de vêtements. Je soupire.
– Bon…Cette robe ne me plaisait pas tant que ça de toute façon, je marmonne, sans vraiment y croire moi-même.
Je rejoins Ali pour payer quelques minutes plus tard. J’ai décidé de reprendre des vêtements de voyage pour mon entrée à l’école impériale. Des chemises, quelques pantalons de toile ou de cuir, et des blouses. Et une ceinture, pour y placer les fourreaux et dagues.
Dès que j’arrive devant le comptoir, Ali cesse tout de suite de parler. La commerçante me lance un regard étrange, qui disparaît presque aussitôt ma sortie. Ali hausse les sourcils en voyant les pièces d’or.
– Un cadeau de tes parents ou est-ce que tu t’es enfin mise à travailler? me demande-t-il une fois de retour dans la rue, railleur.
Je soupire. Il connaît très bien la réponse. Je n’ai jamais vraiment travaillé de ma vie, n’en ayant pas la nécessité grâce au travail de mes parents. Chose qu’Ali n’a jamais vraiment accepté, puisque lui-même ne roule pas sur l’or, ne voulant pas accepter l’aide de mes parents.
– Un cadeau pour mon départ. Pour les frais et d’autres choses, je dis, le regard rivé sur le sol, m’attendant encore à une de ses remarques sarcastiques.
Mais il se contente de ricaner sans rien dire de plus.
Hello Elea, c’est un bon début, je coche j’aime et je m’abonne pour avoir la suite.
Cependant il y a des petits problèmes quand même, surtout dans les incises de tes dialogues, ça fait un peu étrange à lire, je vais essayer de te donner un exemple :
– Un cadeau pour mon départ. Pour les frais et d’autres choses, je dis,….
Il faudrait écrire :
– Un cadeau pour mon départ. Pour les frais et d’autres choses, dis-je,….
eh puis il y a cette phrase:
Des vêtements simples, qui serait idéal pour les voyages ou les combats, mais qui sont délaissés par les fortunés de la ville, et qui sont trop cachés dans les méandres des rayons pour être repérés, à part dans la vitrine, mais ils y occupent une place trop minuscule pour vraiment attirer l’attention des passants.
Beaucoup trop de "qui" imbiqués, il faudrait trouver une autre façon de la formuler
PS: je ne dis pas que je fais mieux que toi ! Mais quand je repère des choses je préfère les signaler à l’auteur.