Chapitre 6 : Voie sanglante

12 mins

Une voie impériale est une route bâtie sous l’empire pour faciliter les déplacements et le commerce entre les principales villes de l’empire. Ces routes sont faites de plusieurs couches de matériaux différents sur lesquelles reposent des pierres dures taillées. Elles sont suffisamment larges pour pouvoir faire circuler quatre chariots de front, deux dans chaque sens et des piétons sur les flancs de la voie. De plus, elles sont sécurisées par des patrouilles régulières de la garde impériale qui font une halte systématique à chaque auberge de la voie. Celles-ci sont placées régulièrement toutes les dix bornes kilometrost. Tout cela a évidemment un coût qui se paye aux péages et en taxes sur les marchandises.
-Pinol Imsit, Traité sur les bienfaits de l’architecture impériale

* * *

Iad 41 de l’ère impériale, vingt-sixième dan d’Arntayo

Nouveau dan, dernier dan. Ce soir, je serai n’importe où mais ailleurs. J’ai même suffisamment de monnaie pour payer mon passage sur un navire. Et au pire je peux négocier une ristourne en vendant les services de l’autre.

Les deux compagnons de route étaient une nouvelle fois attablés dans l’auberge qui leur servait de lieu de résidence depuis leur arrivée en ville. Ils n’avaient pris que trop peu de repos ce matin. Par conséquent, Steshin observait fixement son repas composé de pain et de bouillie de céréales, de l’orge essentiellement ce qui attira l’attention d’Oronay.

-Si t’as les tripailles bloquées, je connais un bon moyen.

Quelle direction prendre ? Le Nord, c’est hors de question peu importe la façon. Je m’enfoncerai davantage dans les territoires sous influence de la lame ardente en passant par le fleuve. Les routes à pied ne sont pas de bonne qualité dans ce sens, en dehors de la voie impériale du Nord évidemment. D’autant plus qu’avec le Vima approchant, la neige et le froid vont sans doute pousser les tribus orques à chasser plus au Sud, bien plus au Sud. Le Nord n’est définitivement pas une bonne idée.

Il touillait sa bouillie avec sa cuillère machinalement et sans la moindre conviction.

L’ouest ? Vers la capitale ou le duché de Dorurg ? Dans un cas comme dans l’autre, emprunter le fleuve Loshy sera bien plus rapide que par la voie impériale mais bien plus onéreux.

-Stesh ? Stesh ?

Le Sud par les routes ? À moins de passer par la capitale, il faudra traverser des routes qui ne doivent pas être en bon état au vu du manque de fréquentation par les marchands et les voyageurs. D’un autre côté cela signifie peu de brigands et de taxes de passage.

Il ne réagissait toujours pas malgré les multiples interpellations de son compagnon de table.

Dernière option, suivre la voie impériale Nord-Est en direction du royaume de Forishny, le royaume des elfes. Je devrai traverser le duché de Rosnen avant d’atteindre la frontière. Le trajet sera long et onéreux mais j’y serai bien plus en sécurité. La lame ardente n’y est pas la bienvenue.

-C’est pas le moment…

Choix difficile mais peut-être que je n’aurai pas à choisir, cela dépendra des caravanes et…

-Hé ! Réveille-toi !

Steshin releva la tête, surpris, et regarda Oronay avec un air instinctivement durci.

-Désolé, je me suis perdu dans mes pensées.
-Si tu veux qu’on parte rapidement, tu devrais finir. Sonse est déjà haut.

Le bol d’Oronay était vide depuis un moment visiblement et il en grattait le fond pour passer le temps maintenant.

* * *

Les deux compagnons partageaient un tonnelet de bière pour le déjeuner, près du port fluvial directement assis sur des tonneaux vides dans ce qui pourrait être une sorte de taverne de fortune tenue par et pour des marins d’eau douce. Steshin reposa sa chope à moitié vidée avec un son de satisfaction bien connu avant de mettre à plat la situation.

-Nous avons le choix entre un cogue qui nous ramènera à la capitale en moins de trois dano et une caravane de trois cent personnes en partance pour Pavan, la capitale de Forishny, afin de participer à la fête de Vima. Les deux sont tout aussi onéreux l’un que l’autre et nous coûteront près des deux tiers de ce que nous avons gagné ici.

Oronay vidait lentement sa chope et écoutait attentivement son compagnon.

-La caravane mettra près de vingt-huit dano pour arriver à destination. D’un autre côté, nous ne sommes pas forcés d’aller jusqu’au bout avec eux.

Il marqua une pause au cas où son interlocuteur aurait quelque chose à ajouter.

-Tu en penses quoi ?
-Ce capitaine d’eau douce ne veut pas partir tant que son rafiot ne sera pas aussi rempli que celui d’un marchand d’esclaves. Je devrais pouvoir me débrouiller avec son jouet si tu veux bien me laisser faire.
-Nous ne devons pas nous attirer davantage d’ennuis ! Encore moins avec les autorités locales. Et puis, il a dit pouvoir lever l’ancre demain vers le déjeuner. Je te concède que c’est un peu tard. Et même trop tard pour nous.
-D’où ma proposition.

Sa mine s’est assombrie lorsqu’il a abordé le possible côté marchand de viande d’un capitaine de navire. Mauvais souvenir ou réel dégoût pour la profession ? Y aurait-il un fond d’humanité chez ce tueur mercenaire au sang froid ?

Steshin ne put s’empêcher d’afficher un demi sourire narquois lui donnant un air des plus étranges.

-Pourquoi es-tu si pressé, Stesh ?

Il avait bien appuyé sur son surnom ajoutant du poids à son indiscrète question.

-Tu sais bien à quoi on a échappé au manoir.
-Ah ça ! Bah si tu veux mon avis, on les reverra pas de sitôt. Calme toi.

Steshin n’était pas le moins du monde convaincu par la réponse et afficha un air désabusé en conséquence.

-Soit. Dans ce cas les deux destinations se valent à ceci près que les varvarisho ne sont pas bien vus chez les elfes.

Oronay avait retrouvé son air enjoué presque candide habituel de ce genre de discussion.

-Oh, les elfes. Seulement ceux du Nord. On vient leur passer le gudan de temps à autre. Mais t’en fais pas, ils viendront pas me poignarder même si ce sont de bons guerriers. Certains en tout cas. Les elfes ne sont pas très portés sur la bagarre. Ni sur quoi que ce soit de physique d’ailleurs.

Steshin n’était toujours pas convaincu. Il sortit une siregy en argent de Plenovny et la présenta à Oronay.

-Côté croix, le bateau. Côté face, la caravane. Je n’arrive pas à choisir alors laissons faire les dieux.

Il la lança en l’air et elle retomba dans la paume du tavernier qui l’avait rattrapée au vol. Il piocha dans sa bourse pour rendre la monnaie et déversa quelques pièces de bronze d’origines diverses dans la paume de Steshin. Le compte n’y était sans doute pas mais l’écart était peu important.

-C’est une façon peu commune de payer sa consommation voyageurs. Allez, bonne route et que les vents vous soient favorables.

Le tavernier retourna à son travail comme si de rien n’était. Steshin regarda les pièces dans sa main et vit en premier une valsa en bronze de Forishny.

Très bien, j’ai compris. Va pour la caravane.

Il se leva, souriant et partit d’un pas décidé. Oronay lui emboîta rapidement le pas et se permit une affirmation.

-On s’éloigne du port. Donc tu as choisi la caravane, c’est ça ?
-C’est ça. Dépêchons-nous, elle part peu après le déjeuner et nous devons nous approvisionner.

* * *

Vingt-huitième borne kilometrost en partant de Ledan. Sonse descendait dans le ciel et se coucherait d’ici une unia ou deux. La caravane se préparait à passer la nuit au bord de la voie impériale. Pendant qu’Oronay s’occupait du feu avec ses incantations, Steshin discutait avec quelques caravaniers tout en aidant aux cuisines. L’un des caravaniers, une jeune femme, l’aborda d’une voix fluette tout en découpant un oignon.

-Quelles affaires vous amènent à prendre la route avec nous ?

Steshin la regarda quelques instants, interloqué par la question et en oubliant d’agiter la soupe au-dessus du feu. C’était une jeune femme assez jolie, un nez fin, un petit visage en ovale, des yeux bleus clairs, un sourire enjôleur et une chevelure brune retombant sur ses épaules. Le haut de sa chevelure était couvert par un foulard assorti à sa tenue de paysanne qui couvrait un corps bien proportionné et plutôt agréable à regarder. Elle n’avait pas tant souffert des mauvaises récoltes à première vue. En somme, une beauté paysanne presque commune, certes, mais très agréable lors d’une nuit longue et fraîche. Il lui répondit sur un ton des plus sérieux en la regardant droit dans les yeux.

-Mais qu’est-ce qui vous fait croire que j’ai des affaires en cours ?

La jeune femme resta interdite quelques instants au bout desquels Steshin ne put maintenir son expression et fut pris d’un fou rire. Son interlocutrice l’imita rapidement.

-Toutes mes excuses pour cette petite comédie mais c’était bien trop tentant.

La jeune femme ne lui en tint visiblement pas rigueur, bien au contraire puisqu’elle prit un air angélique.

-N’ayez aucune crainte, vous êtes pardonné. Mais vous n’avez toujours pas répondu à ma question.

Elle termina cette phrase avec un visage encore plus séduisant. Steshin lui répondit avec un ton plus léger que précédemment.

-Je ne voyage pas pour affaires. Je suis un pèlerin en route pour Forishny afin d’en visiter certains lieux.
-Vous comptez visiter les duchés de Tempy et d’Isony ?
-En effet, ces duchés comportent d’importants lieux de cultes il me semble.

J’espère tout du moins.

-En effet, bien que je ne m’y sois jamais rendue.

Quelque chose sembla revenir subitement à l’esprit de la jeune femme comme en témoignait son regard et sa moue.

-Je vous dois des excuses. Au début j’ai cru que vous étiez l’émissaire d’une personne importante à la vue de votre accoutrement et de votre garde du corps.
-Mon garde du… ? Ah ! Vous parlez du varvarish ?

Elle acquiesça de la tête tout en continuant à le scruter du regard sans interruption.

-Ce n’est pas mon garde du corps. C’est un mercenaire que j’ai croisé. Il voyage pour trouver du travail.

Elle se rapprocha de lui l’air de rien et poursuivit sur un ton amusé avec le sourire de circonstance.

-J’ai toujours entendu dire que les varvarisho sont des sauvages assoiffés de sang et mangeur d’enfants. Comment se fait-il qu’il ne vous ait pas transformé en soupe au premier regard ?

Steshin décida de répondre sur le même ton espiègle à cette ironique question.

-Oh ça ? Il suffit de lui jeter un passant bien assaisonné avant qu’il n’essaye.

Ils rirent tous deux à cette vision des plus ridicules. Elle jeta son oignon découpé dans le potage et en profita pour caresser du bout du doigt le dos de la main de Steshin.

-Je pense ne pas m’être présentée. Je me nomme Amsty.

Il lui prit la main avec délicatesse et la baisa du bout des lèvres comme si elle pouvait se briser au moindre contact.

-Ravi de vous avoir rencontrée.
-De même. Et pour terminer ma présentation, je suis la fille d’un prêtre.
-Mon nom est Steshin et je pensais que les filles de prêtre étaient des sortes d’ermites dénués de tout sens de l’humour.

Elle sourit de toutes ses dents moins quelques molaires, mais ça ne retirait rien à son sourire. Elle continua sur cette lancée.

-Oh ! Pas toutes. Et j’ai bien d’autres qualités.

Elle termina sa phrase avec la bouche en cœur et un clin d’œil plein de sous-entendus.

* * *

Iad 41 de l’ère impériale, septième dan de Lonayo

Quatre-vint-dix-neuvième borne kilometrost depuis Rosnen, trois cent quatre-vingtième depuis Ledan, quarante-six restantes avant la frontière du royaume elfe.

Steshin se réveilla au petit matin, juste avant l’aube. La chaleureuse Amsty blottie contre lui, était encore endormie. Il caressait doucement l’avant-bras de sa nouvelle et temporaire compagne de voyage en repensant aux dano précédents. Il repensait à tout ce qu’il avait enduré les dano précédents, ça lui semblait si loin à présent, comme un mauvais souvenir d’une autre vie.

Il sortit de leur couche pour répondre à un besoin pressant et il s’enhardit face au courant d’air frais qui lui chatouillait la peau. La dernière période de chaleur s’était terminé rapidement et le froid revenait à grand pas. Profitant du sommeil des autres caravaniers, il fit son affaire sans aucune pudeur. Retournant vers sa tendre, il en profita pour chaparder deux ou trois amuses-bouches pour tout à l’unia. Elle se réveilla avec son arrivé et lui offrit un baiser somnolent et un de ses sourires dont elle a le secret pour le petit déjeuner au lit. Sonse apporta ses premiers rayons du dan.

Les deux amants étaient de nouveaux enlacés. Ils s’embrassaient et se caressaient passionnément. Sheshin ne pouvait s’empêcher de rêver à moitié dans sa bulle de tranquillité.

Encore une unia à profiter de ses bras avant de devoir repartir sur la route. Le cadre s’y prête bien. Une matinée fraîche et des bois calmes, presque endormis…

Il souleva la cuisse de sa belle pour la placer par-dessus sa hanche et plaça l’une de ses propres jambes contre l’entre-jambe de son amante.

…Seulement le bruissement du vent dans les feuilles. Pas d’oiseux de mauvaise augure pour annoncer la fin des temps. Bref, l’instant idéal pour se détendre.

Les minuto de volupté s’écoulèrent les unes après les autres, entre baisers, caresses et soupirs d’aise.

Pas d’oiseaux de mauvaise augure… Pas d’oiseaux… Je n’entend pas d’oiseaux malgré le lever de Sonse.

Il se fit moins appliqué dans ses mouvements, distrait qu’il était par ses pensées.

Pas même le coassement d’un corbeau.

Il sera bientôt l’unia de repartir, les autres caravaniers se levaient doucement les uns après les autres.

Quand est-ce que j’ai déjà entendu ça ? Il y a longtemps, je crois… Où était-ce ? Il faisait froid, mes doigts gelés…

Soudain, son mécanisme de survie se mit en branle, il se leva d’un bond et s’équipa en vitesse sous le regard médusé d’Amsty. Il lui intima de faire de même avec hâte mais elle resta immobile. Le hurlement d’un loup se fit entendre au loin. Un gros loup d’après le son. Ce cri fit passer un terrible frisson le long de la colonne vertébrale de Steshin. La stupéfaction gagna tout le camp, d’autres hurlements se firent entendre, la caravane était encerclée.

Ah, ces sifflements ! J’entends encore ces sifflements ! Ces longs sifflements !

Il eut le temps d’attraper son arc, de bander une flèche et de la décocher en direction d’une ombre rapide se dirigeant droit sur lui au travers de la végétation.

Puis un tonnerre assourdissant… La douleur contre un arbre.

Un orque de deux metro de haut chevauchant un loup géant du Nord grand comme un cheval fonçait droit sur lui malgré la flèche fichée dans sa cuisse. Ses deux haches seront bientôt abreuvées.

La neige qui te brûle la peau, la neige rosie, la neige hurlante et gémissante.

Il voyait la mort approcher et elle n’avait pas une tête de porte-bonheur. Le camp était désormais envahi par une dizaine de chevaucheurs et jusque là, seul Oronay parvenait à opposer une résistance. Steshin se jeta sur le côté pour esquiver la charge de l’orque. Les quelques autres gardes de la caravane peinaient à réagir correctement de leur côté.

Merde, Amsty !

Il jeta un coup d’œil à la couche qu’il occupait plus tôt, elle était dévastée mais vide. Il se releva et sortit sa dague, prêt à en découdre. L’orque le prit comme un défi et descendit de sa monture. Il n’était vêtu que de vêtements rudimentaires en fourrure. Il serait presque risible sans son imposante stature, ses deux haches et son loup. Il lança un puissant cri de guerre à l’attention de Steshin pour l’intimider.

Il hurlait dans sa langue primitive quelque chose comme ” Mes jambes ! Où sont mes jambes ?! “.

Steshin ne bougea pas d’un pouce, il était figé par une forme de terreur. L’orque cognait ses haches l’une contre l’autre et grattait le sol du pied. Il sentait la peur en Steshin mais désirait tout de même un véritable combat. Au bout d’une minut d’impatience, l’orque se jeta avec force et vitesse sur son opposant.

Il frappa horizontalement au niveau du torse de Steshin. Ce dernier esquiva en tombant à genoux, la dague en avant, juste avant que les coups ne l’atteignent et ils fendirent l’air juste au-dessus de sa tête tranchant quelques cheveux virevoltant désormais au vent. Il était toujours figé telle une statue. L’orque avait la dague plantée dans la cuisse et recula de deux pas à cause de la surprise. Cet ennemi poussa un nouveau cri de guerre en direction de Steshin et fit les deux pas nécessaires pour l’éliminer d’un coup puissant.

Steshin entendit un immense craquement avant de voir l’orque grandir démesurément et de sombrer dans un tourbillon de ténèbres.

* * *

-Hmph…
-Il se réveille enfin.

Steshin ouvrit les yeux lentement et vit le visage d’un homme d’âge moyen, ses vêtements étaient sales, couverts de sang par-ci par-là. Il tenta de se relever, la tête lui tourna et l’homme l’aida à ne pas se relever trop vite.

-Doucement. Vous avez reçu un gros coup à la tête. Vous avez…
-Dégage !

Le visage d’Oronay se substitua à celui de l’homme et il aida son compagnon à se relever sans ménagement.

-Oh ! J’ai l’impression de m’être pris un chariot sur la tête.
-C’est à peu près ça.

L’homme inconnu s’était relevé avec peu de grâce après le coup de force du varvarish.

Qui est cet homme ? Un des caravaniers ? Il me semble, oui.

-Est-ce que quelqu’un peut me dire ce qu’il s’est passé ?
-On s’est fait massacrer. Tu as besoin de savoir quoi de plus ?

Ce varvarish a l’air d’être sur le point d’exploser…

Un début de réponse lui sauta aux yeux subitement lorsqu’il le regarda un peu plus attentivement.

-Où est ton armure Oronay ?

Le visage de l’intéressé s’empourpra et prit un air sanguinaire qu’il ne lui connaissait pas.

-Un de ces sacs à purin d’orque arriéré et fini à la pisse d’ours m’a pris mon armure pendant que j’étais dans le noir. Si j’attrape ce fils de rat mal branlé, je lui fais bouffer ses ancêtres rôtis à la broche. Et…

Il continua ainsi dans un langage de plus en plus cru et insultant aussi bien pour les ancêtres que les descendants de l’orque en question.

Il sait se montrer imaginatif en la matière au moins.

La caravane ne comptait plus qu’un chariot en état de rouler et une dizaine d’individus. Steshin se tourna vers celui qui l’avait accueilli au réveil afin d’en savoir plus sur le combat.

-Les orques nous avaient presque tous occis lorsqu’une patrouille impériale a surgi. Ils nous ont sauvés mais ils nous ont aussi abandonnés à notre sort une fois la menace écartée.
-Typique des troupes impériales.

Au moins, elle n’était pas là pour moi. Une bonne nouvelle en soi.

-Et pour Amsty ?

Le caravanier ne savait visiblement pas de qui il parlait jusqu’à ce qu’il reçoive des précisions supplémentaires et une illumination traversa son visage avant de s’assombrir.

-Je crois bien qu’on l’a enterrée tout à l’unia.

Steshin sentit la peine étreindre son cœur, non pas qu’il s’y était réellement attaché mais plutôt face à ce qui semblait être un sort assez injuste pour une jeune femme qui était sans doute loin d’être une sainte mais ne méritait pas de finir ainsi. Oronay venait tout juste de finir son monologue sans se rendre compte de l’inattention de son auditoire inexistant.

-On y va ?

Encore une brisure… Encore quelqu’un que j’aimais bien… Disparue aussi vite qu’elle est apparue.

Steshin observa autour de lui ainsi que ce qui restait de la caravane avant de répondre à Oronay.

-On ne peut pas les abandonner comme ça.
-Pourquoi pas ? On ne leur doit rien. Et ta copine est morte.

Ce salopard a raison dans le fond ! Mais on ne peut pas les laisser tomber quand même.

-Écoute, on va les escorter jusqu’à la destination finale. Je te payerai pour ça. Ou mieux, je t’aiderai à retrouver ton armure.

Oronay soupira longuement avant de terminer cette négociation comme si ça ne lui faisait ni chaud ni froid.

-Très bien. Pour l’armure on en rediscutera en arrivant.

Steshin sentit un poids disparaître de ses épaules. Les deux compagnons de route organisèrent les survivants et s’équipèrent comme ils le pouvaient avec les restes abandonnés de la bataille. Ils étaient presque aussi bien dotés qu’avant l’attaque, l’armure composite d’Oronay en moins bien entendu. Steshin prit le temps de se recueillir devant la tombe collective en mémoire d’Amsty avant de préparer le dîner pour les survivants.

* * *

Iad 41 de l’ère impériale, huitième dan de Lonayo

La caravane, enfin ce qu’il en restait, reprit la route de Pavan, la capitale du royaume elfe de Forishny.

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