Pourquoi, quand l’orage gronde ?
En regardant mes comparses à la sortie du train souterrain,leurs déplacements lents, mus par des cuisses lourdes, j’ai vu leurs regards troubles et leurs épaules s’affaisser, sous la charge d’un monde, qui les mettait à genoux.
Leurs vies, un moulin de sang. Quand chacun se transforme en animal de trait, aliéné à tourner en rond jusqu’à s’en rendre fou, avançant vers une mort misérable dépourvue de passion, pas après pas, approchant de leurs tristes tombes, mais toujours le pas dans le même sillon, sans espoir ni rêves, ni surtout rébellion.
Revenant à la surface quittant ces troupeaux mortifères, je me demandai pourquoi, lorsque l’orage gronde, c’est toujours de l’eau qui tombe, et pas des gens.
Puis longeant les trottoirs je pensai aux artistes prétentieux croisés en nombre, mes cheveux se dressaient sur mon crâne à l’écoute de leurs artistiques tourments. Quand je les entendais geindre leurs vies, leurs chairs, leurs queues ou leurs cons. Geindre leurs propres esprits qu’ils prétendaient perdus, quand leur folie n’était qu’une humilité tordue, un désir d’amour, de gens incapables d’aimer, et geindre leurs foutres, jusqu’à la lumière, ou l’air qu’ils respiraient. Geindre des dieux dans lesquels ils n’ont jamais cru, en réalité des Dieux qui n’ont jamais cru en eux. Geindre des amours, perdus avant d’être connus, geindre leurs os – que sais-je – leurs moelles, le moindre atome de geignard qui composait leurs corps, Et geindre ! Et geindre toujours ! L’artiste menteur aveugle aux êtres comme au Monde qui l’entoure, mais qui par la Grâce magique de l’Heure Pinardeuse se transcende en déesse, au lieu d’une mauvaise baiseuse, ou qui d’un génie, à la place d’un connard prétentieux. Engoncés dans leurs références mortifères, l’haleine défaite, le regard abattu, soldats d’une armée ennemie au simple et au bon …
En ces instants je me demandais pourquoi, quand l’orage gronde, c’est toujours de l’eau qui tombe, et pas des gens.
Après avoir pris la pluie je montais l’escalier, comme le bourgeois gravit les marches de ce siècle honteux. Qu’il soit véritable au sang pur, et donc vicié, ou bourgeois-imposteur aux aïeux sales à crever, vermine oubliée de l’Histoire, autrefois cachée dans l’ombre des rois, à présent dissimulé au fond du triste cul d’une pute à pognon, défiant la mort rêvant d’éternité, bien qu’il ne fut jamais vivant, bien trop couard pour la proximité d’un front, mais envoyant les autres à la mort avec force et discours, sans hésitation, celui-là qui ne porta jamais de charge pour gagner son pain, l’affairiste, le politique… Mais qui construisit les moulins de souffrance destiné au bétail humain. Considérez cette brillante lignée, leurs gros tarins dans la schnouf …
Et expliquez-moi donc pourquoi, quand l’orage gronde, c’est toujours de l’eau qui tombe, et pas ces gens.
Un texte criant de vérités, mais je n’ai pas de réponse à cette question qui revient plusieurs fois car je me la pose aussi depuis longtemps…
Bonjour Olivier Bkz,
Par vos mots je me suis laissé entrainer vers un film que j’affectionne tout particulièrement Métropolis de Fritz LANG. Je les vois avancer au pas, épuisés par les cadences… Merci de ce regard.
Si le cœur vous en dit: https://www.youtube.com/watch?v=FFUGtw7uzB4&ab_channel=CritiqueFilm
Oui parfois on peut ressentir ce genre de choses et à juste titre. Pour ma part l’eau tombe et non pas ces gens car la nature de certains hommes est ainsi faite, joli texte qui amène à réflexions et qui est si bien écrit.
merci !
Criant de vérité !!! Mais déprimant !! Bienvenue au club des oubliés.
Alhéna S