Lorsqu’on désire un objet : un bijou par exemple, ce n’est pas tellement l’effet de lui sur nous qui nous obsède.
C’est son essence, ses contours, son esthétique, l’idée du bijou.
L’idée du bijou comme véhicule de notre désir.
C’est le fait de concentrer notre attention sur lui, d’avoir un objet (un support), pour désirer, se projeter, imaginer, et se mettre en mouvement.
Sans désir l’homme s’arrête et meurt. Il n’a plus de mobile, plus de raison d’avancer.
Or, la nature n’aime pas le vide. Mon désir porte donc peut-être, à l’instant T, sur ce bijou, mais il pourrait porter sur toute autre chose. Pour le moment, tant que ce bijou-là est hors de ma portée, il me fait vivre, et attise toutes mes cellules, toute mon imagination.
Dès lors que je l’aurai au doigt, mon élan, mon enthousiasme, s’estompera et mon angoisse existentielle reprendra. Elle cherchera alors de nouveau compulsivement et à tout prix un autre objet, un autre support pour mon désir, pour ma pulsion de vie.
Faute de véhicule permanent, les supports de nos désirs se succèdent et se remplacent, d’autant plus à notre époque, où tout est si facile d’accès.
Mon conseil : mettez le plus longtemps possible avant d’assouvir vos désirs. Faites-les durer, rendez-les ardents. Ne les assouvissez qu’en dernier recours.