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Les habitants, ayant eu vent de notre arrivée, se bousculèrent pour venir à notre rencontre. Comme si nous exécutions une parade, les gens finirent par s’aligner sur les façades des maisons entassées et en mauvais état. Si la ville – aussi impregnable était Mhala – se faisait attaquer, les gens pauvres souffriraient avant les nobles qui habitaient plus près du palais situé au à l’autre extrémité des ramparts. La cité, construite sur deux paliers ainsi que sur le flanc d’une chaine de montagne, pouvait facilement sortir vainqueur d’une bataille si l’ennemi était aperçu au loin. Les sentinelles postées dans les trois tours – d’où flottaient des drapeaux colorés représentant toutes les races – s’occupaient de cette tâche. Chaque points cardinaux sauf l’Est en possédaient. Les ramparts étaient si haut qu’il était impossible de les escalader. De plus, les tours de sièges n’auraient pas le temps de s’y rendre de toute façon. Tout en marchant adroitement le long de l’allée principale, le régiment bifurqua dans une rue adjacente après un moment. Plus nous avançions dans la capitale, plus la foule s’amenuisait. Le général Daserion nous conduisit aux baraquements, puis après avoir défait nos sacs, nous laissa quartier libre pour la journée et le lendemain. L’entraînement reprenait le mercredi. Puisque je n’avais que mon petit sac en remplit de vêtements, je ne le défit pas. Telrym Daserion s’approcha de moi alors que je vérifiais si la bague argentée de ma mère se trouvait toujours dans mon petit baluchon. Un sourire se dessina sur mon visage lorsque mes doigts se refermèrent sur l’anneau familier.
— Aeris, je te prie de me suivre, me toisa le général. Je dois faire mon rapport à mon supérieur, le roi.
Sans rien dire, je passa l’anneau autours de mon index, puis me releva. Aucune animosité ne se faisait ressentir, mais ses yeux bleus dardant voulaient tout dire. Je commençais à m’y habituer. Les baraquements où nous nous trouvions se situaient sur le côté Sud des ramparts, mais nous aurions aussi bien pu aller à ceux du côté Nord : nous rendres au palais aurait pris approximativement le même temps. Des gardes en armures, munit de la ces acérées, nous accueillirent devant les piliers de pierre qui se dressaient devant l’immense palais de briques beiges. Ils nous barrèrent le passage de leurs armes.
—Êtes-vous ici pour demander audience à ses Majestés ? demanda celui droite d’une voix grave.
— Oui, je dois lui faire un rapport concernant le recrutement.
—Bien-sûr général Daserion, s’excusa celui de gauche en s’écartant pour nous laisser passer. Ses Majestés vous attends depuis votre arrivé.
Ils écartèrent leurs lances pour nous laisser passer. Une autre paire de garde nous ouvrirent les portes du palais s’ouvrant sur une entrée voûtée. Un escalier menant un peu plus haut se trouvait droit devant nous ainsi que les même drapeau que sur les tours pendaient des piliers créant la voûte et l’entrée des marches. Un tapis de velours rouge vin ornait le sol de pierre orné de motifs compliqués. Malgré le soleil éclatant qui illuminait la cité, l’interieur du palais restait sombre. Les fenêtres grillagées n’aidaient en rien. Je ne pu m’empêcher de remarquer la différence entre le palais des elfes et celui-ci. Alors que le château elfique était fait de pierre, de marbre et de cuivre, celui de Mhala était aussi fait de pierre, mais aussi de bois, de verre et de différents métaux. Le style d’architecture était aussi différent. Plus gracieux et petit à Amselume, ici, c’était l’inverse sans oublier les multitudes voûtes et arcades présentes dans les deux palais. En haut de l’escalier, se trouvait deux chemins qui se retrouvaient devant la porte de la salle du trône. Un garde nous ouvrit la porte en bois, puis nous pénetrames la pièce. D’immenses fenêtres, d’où filtrait la lumière, illuminaient clairement l’endroit. Un grand chandelier pendait du plafond voûté et les volutes de fumée qui s’échappaient des bougies formaient d’étranges formes sous les rayons du soleil. Assis sur leurs trône de métal – recouvert de velours rouge comme le tapis – les souverains étaient en grande discussion. Le roi, gris par l’âge et humain à première vue, était presque affalé sur son trône. La reine, magnifique avec ses traits fins et ses cheveux bruns chocolats, se tenait droite tout en parlant à son mari. Je n’étais pas en mesure de deviner à qu’elle race elle appartenait. Le général s’avança, puis s’agenouilla devant eux. Je fis de même par respect.
—Majestés.
— Relevez-vous, nous ordonna le roi. Puisque tu es de retour, je suppose que le recrutement c’est bien déroulé ?
—Qui est cette jeune femme qui t’accompagnes ? demanda la reine d’une voix douce comme le miel.
Exécutant l’ordre du roi, nous nous relevâmes, puis Telrym Daserion répondit à leurs questions.
—Le recrutement s’est bien passé. Comme convenu il y a longtemps, les chevaliers ayant sélectionné un enfant deviennent leur tuteur légal. J’ai moi-même choisi Aeris en raison de ses abilités au combat. Elle pourrait être un bon atout dans notre armée si elle suivrait un bon entraînement.
—Je dois l’avouer : je suis surpris. Habituellement tu ne choisis personne. J’imagine que tu es au courant que le nom Daserion est ajouté au tien ? Demanda-il à mon intention.
—Oui, majesté.
Intérieurement, je bouillais. Je ne laissais pas paraître, mais cela me mettait en colère. Comme si j’avais envie de me coller son nom.
—J’aurais une question pour toi Aeris, commença la reine. Qu’es-tu ?
Surprise et prise au dépourvu, je ne pu répondre tout de suite. Ses yeux verts perçants me sondèrent et me détaillèrent avec insistance avant que je ne puisse répondre. Je me sentais mal à l’aise soudainement.
—Je suis une Asura, lui répondis-je en baissant la tête, le cœur battant la chamade dans ma poitrine.
—Tu n’a aucune raison d’être honteuse jeune ange. Cela explique la grande force magique que nous ressentons.
Malgré le fait que le roi était humain, il était capable de sentir la magie et je ne comprenais pas comment. Peut-être possédait-il un certain object magique qui l’aidait ?
—Étant une Asura, il est nécessaire que tu trouves le grimoire ancestral où sont enfermés les diviotis. Malheureusement, celui avant toi l’a caché en quelque part pour éviter la réalisation de la prophétie et personne ne sait où il se trouve.
—On m’en a parler. Il était un démon de feu. C’est comprenable, car qui voudrait exterminer son propre peuple ? Je ne comprends pas pourquoi on dit que les diviotis l’on tué.
— Sa nature vile et corrompue voulait que le chaos s’abattre sur notre monde et non l’extermination entière de sa race, me répondit la reine. C’est ce qui arrive avec Asuras nés de races maléfiques. Ils sont consumés par leur soif de pouvoirs et abusent des diviotis ce que mène à leur lente et douloureuse mort. Vois-tu petit ange, il est facile de comprendre leur soif de pouvoirs dans un sens. Pourquoi un démon destiné à exterminer sa propre race le ferait ? C’est absurde de penser qu’il accomplirait la prophétie pour satisfaire son ennemi.
La reine repoussa ses cheveux dernière sa nuque en un soupir, puis s’adossa sur le bras de son trône.
— Majestés, est-il trop demandé de requérir un entraînement un peu plus poussé pour Aeris ? Il faudra aussi qu’elle apprenne à maitriser sa magie lorsque cela sera le temps.
— Tu as raison, je demanderai à Hindrev si il veut lui apprendre. Pour ce qui en est de l’entraînement physique, pourquoi ne pas la former toi-même ? Les autres maîtres d’armes ne t’arrivent ne sont pas aussi expérimentés. Il ne seront peut-être pas à la hauteur.
—Très bien. Si vous voulez bien nous excuser.
Le général exécuta un salut de la tête alors que je fis une révérence avant de le rejoindre. Avant que je tourne la tête, j’aperçus le roi esquisser un faible sourire à mon intention et la reine mimiquer l’action de partir d’un simple balaiement de la main. En sortant du palais, les chauds rayons de l’astre flamboyant épousait doucement les courbes de nos visages. Telrym retourna aux baraquements et je n’eu pas d’autres choix que de le suivre. En arrivant, les soldats et les orphelins étaient toujours là. Nous étions partis qu’une heure, mais cela avait sembler durer plus longtemps.
—Puisque qu’il est encore tôt, retournez chez vous ou promenez-vous dans le quartier marchand. Avant de vous laisser partir, prenez conscience que vous allez dormir chez vos nouveaux tuteurs, dit-il en s’adressant aux plus jeunes.
Se débarassant de son armure, il s’occupa de ranger correctement les armes, par la suite, avant de revenir vers moi après que tout le monde se soit dispersé. Du coin de l’œil, je pus apercevoir mes amis qui m’attendaient non loin d’où je me trouvais.
—Reviens ici après le crépuscule. Je te guiderai jusqu’à ma maison. Tu ne voudrais pas dormir dehors, non ?
Je secouais la tête, car je n’avais pas vraiment envie de lui parler.
—Bien, à tout à l’heure.
Il retourna alors dans les baraques. Je tourna les talons pour me diriger vers mes amis qui me faisaient signe de les rejoindre au loin. Je me dépêchai, puis lordsque j’étais finalement à leur hauteur, ils se réjouirent de me voir.
—Que diriez-vous de visiter la ville ? proposa Kaleb en marchant à reculons devant nous.
—On pourrait aussi aller dans le quartier marchand, conseilla Nyra en battant frénétiquement ses ailes bleutées de charnax.
—Ou le parc ? offrit Elize.
Honnêtement, je ne savais même pas ce que je voulais faire.
—J’ai une idée. Faites chacun des parties de dromin et celui qui gagne choisit ou on va.
Ils hochèrent la tête et la première partir commença entre Kaleb et Nyra. Le but était de battre son adversaire avec l’un des trois éléments. L’épée, représentée par l’index, était plus forte que la plaque de métal, correspondant à une main pleine ouverte, mais perdait contre la pierre, un poing fermé. C’était une triade entre l’épée, la pierre et la plaque de métal. On choisissait un des éléments au hasard et il fallait espérer gagner contre le hasard. Kaleb gagna contre Nyra avec la pierre. Il remporta aussi la victoire contre Elize qui avait pris la plaque de métal.
—Puisque j’ai gagné, allons explorer la ville, dit-il d’un air triomphant, le bras vers le ciel.
Maintes et maintes fois nous nous sommes perdus, mais après deux heure, nous avions fait le tour de la ville, presque, et il n’y avait pas grand chose a y voir. Il y avait un temple de marbre blanc qui avait capté mon œil. Je me fis une note mentale d’y aller seule lorsque j’aurai le temps. Le quartier marchand avait l’air intéressant, mais Kaleb faisait exprès de l’éviter ainsi que le parc. Nous visitâmes un musée sur le thème de la magie et de l’histoire d’Extyria. Il y avait une sculpture d’une magnifique dame au boucles touchant le sol qui tenait un homme dans sa paume. Je supposais que c’était une des déesses créatrices lorsqu’elle avait aidé à forger les races divines. Probablement Kumis, la déesse de la magie, de la puissance et des astres. Après le crépuscule, mes amis rejoignirent leurs tuteurs sauf Nyra, mais Elize avait affirmé qu’elle allait trouver un moyen alors que je retournerai, pour la troisième fois dans la journée, aux baraques. Le général était déjà là. Il m’attendait, adossé contre la paroi de bois usé, sous une lanterne qui éclairait à peine le haut de sa tête. Sans un mot, il me fit signe de le suivre. Je m’exécutai aussi dans le silence. Nous n’avions pas besoin de parler. Il nous guida à travers les quartiers résidentiels différents et je fus surprise en constatant qu’il habitait près du palais. Moi et les autres avions passé ici tout à l’heure, mais je n’aurais jamais pensé qu’il résidait ici. C’est le général de l’armée alors forcément il possède une belle maison, me dis-je encore surprise lorsqu’il tournait une clé dans la serrure de la porte. En entrant, il alluma un feu dans la cheminée, puis se dirigea vers ce qui semblait la cuisine. Il me laissa en plan dans l’entrée. Je me sentais mal à l’aise, mais j’allais vivre ici maintenant alors autant m’y faire rapidement. Une heure plus tard, nous mangeâmes notre repas dans le silence, car c’était encore étrange d’être ici, nous deux, alors que ce n’est que lui habituellement. Après le repas, je m’installai devant l’âtre avec un roman déniché dans sa bibliothèque poussiéreuse. Je finis par m’endormir, bercée par la chaleur des langues de feu qui grugeaient les briques de la cheminée.