Un passage à vide, un flash aveuglant et alors j’entendis des commentaires désobligeants fusants comme des voix venant du sommet d’un puits où j’étais tombé. La démangeaison dans mon dos fut accompagnée par des cris d’horreur, non ! …plutôt dire des cris d’indignation !
Je me levai groggy. La chapelle était remplie de ce qui m’apparaissait comme des putains d’anges, tous si prompts à se formaliser pour ne serait-ce qu’un juron.
Tous me regardaient. C’est en me redressant que je compris. Il y avait comme une traîne, un tas de matière lourdingue accrochée à mon dos.
Putain, je venais de recevoir des ailes !
Pris de panique, je fendis l’attroupement et sortis de la chapelle, l’air d’un clown en costume de cirque. Évidemment, ceux refoulés à l’extérieur m’offrirent le même tollé de consternation. J’entendais leurs murmures avec clarté. Comment un type glauque responsable de l’annihilation de l’ange de la perfection pouvait-il recevoir des ailes ? Et comment pouvait-il être déclaré le Sylvanium, le Pape des anges ? C’était à n’y rien comprendre. Je sortis de l’église en me promettant d’appeler un chirurgien.
Dehors, il fit bon respirer. Enfin seul ! Le cri des grillons était à son apogée dans le crépuscule ornée de quelques cirrus flamboyants. Je descendais le parvis lorsque Skylar atterrit près de moi, tombée du ciel à la façon d’un ange aux ailes voûtées comme un parachute. Son air méprisant venait de descendre d’un cran. « Au sujet de votre titre… Inutile de vous enfler la tête. Personne n’attend rien de vous. Comme d’habitude vous…
— …gâcherai tout, je sais. »
Skylar leva les coudes, les poings fermés. « Quoi ? fis-je. La danse des canards ?
— Collez vos Marie-Madeleine d’omoplates. »
Mes ailes s’encastrèrent avec une telle force que je crus sentir mes poumons imploser. J’étais complètement sonné. Je pivotai vers le Humvee. Ces organes étaient comme des intrusions dans mon corps, j’étais violé par Dieu au pire moment de mon existence.
Et il y avait ce constat d’impuissance. Tous ces anges semblaient sans pouvoir. Le Corps était perdu à tout jamais, je ne pouvais l’accepter. Je mis le contact en chialant et j’appuyai à fond sur l’accélérateur. Les pneus dévorèrent la boue, libérant une volée de scories au contact du chemin de sable durci. Je roulai à fond la caisse sur un mile et puis des bikers me rejoignirent, il devait y en avoir une vingtaine, avec leur pétarade et leur arrogance. Je baissai la fenêtre. Skylar entourait le tronc d’un type costaud au contrôle d’une Harley-Davidson. Ce type était un ange lui aussi, ça se sentait, je le savais, je n’aurais su dire pourquoi.
« Nous voulons nous assurer que vous n’allez pas vous néantiser !
— Putain de volatiles ! Je n’ai pas besoin d’une baby sitter. Allez tous vous faire foutre ! »
Un coup de volant et j’en renversai quatre. Le spectacle dans les rétroviseurs ! Des ailes déployées grandes ouvertes et les motos qui culbutaient ! L’une d’entre elle prit feu. Enfin ! J’étais débarrassé de ces moineaux.
J’arrivai à la maison tard en soirée, mais je ne restai pas. Je ne pouvais pas voir les fringues du Corps. Toutes ces jolies choses qu’elle s’était procurée. Mon cœur se serrai comme un étau, mes vannes lacrymales, ça n’arrêtait pas. J’ouvris le coffre, je pris 4,000 dollars et mes cartes de crédit. Au moment d’enfiler mon cuir, je réalisai que mon apparence était différente. Vérification dans le miroir, je devais n’avoir que la quarantaine. Je crois bien avoir calé une bouteille de whisky. Il fallait que je m’anesthésie. Je ne pouvais pas sentir ses derniers instants, le désespoir de mon petit Corps, sa déception surtout.
Et puis, je ne sus dire pourquoi, j’avais besoin d’air, besoin de sentir le vent, il fallait que je coupe radicalement ce morceau de vie. Je descendis au garage et démarrai la Harley en quelques rasades.
Avant de partir, je mis le feu à la maison. Je n’allais plus revenir ici. Jamais.
Destination ? Nowhere to go ! Il me restait à rouler pour échapper à la souffrance.
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O. veut fuir sa douleur après avoir reçu ses ailes
Mais les motards tentent de le retenir
Alors il les bute.
O. veut se soustraire à sa souffrance
Mais tous les objets de la maison lui rappellent le Corps
Alors il part en itinérance
O. avec des ailes…de quelle couleur les siennes ? Étincelantes vu son statut ;-).
Bien vu les anges motards, …le vent à leur contact !
J’adore cette idée.
La couleur me pose problème, j’ai donc évité le sujet. C’est à voir plus tard, quand et si elles changeront de couleur. C’est le problème de s’imposer un sprint comme je le fais. Mais nous approchons de la fin. La Partie 7a sera suivie de 7b,c et ensuite une droite jusqu’à 11 et ce sera fini. Fin en vue !
Je ne pourrai pas écrire aussi vite que toi.. mais je vais tenter de ne pas être semée !
Ah bon étincelante. Je les imaginer noir. Comme son désespoir !
Le drame pour le protagoniste c’est quand, à force de se débattre, il se sent devenir exactement comme celui qu’il ne peut pas sentir…donc le noir serait un choix dramatique en effet. Mais il faut attendre de mieux faire connaître l’horreur qu’est l’Ange noir ! Ensuite les ailes du protagoniste pourront noircir… Hé hé .
Et je garde le doré pour… j’le dis pas !