La gemme est splendide. Elle luit dans la pénombre. Blottie dans sa niche au fond de la crypte, son éclat intense irradie une lumière singulière. Elle palpite, comme animée d’une vie propre. Elle repose sur un velours pourpre. La limpidité de son eau d’une grande pureté, attire l’œil, le regard. Il s’en dégage un étrange magnétisme. Le cercle restreint des rares initiés, invités à pénétrer sous l’antique voûte, en ressent toute la force, en éprouve une irrésistible attraction. Se retrouver en présence de la gemme est une expérience insolite. La rencontre provoque un état voisin de la transe. Seul une poignée d’hommes connaît l’existence du sous-sol. C’est un sanctuaire. Un souffle de dévotion l’entoure. Un caractère cabalistique est gravé dans le mur principal au-dessus de la niche. Ce nombre hébraïque est le lien unissant la fraternité. Chaque membre devient le témoin, l’acteur d’un mystère célébré entre les vieux murs. La muette contemplation de la pierre finement ciselée projette les adeptes dans un état second. Un courant de vitalité les parcourt. L’ondulation circule. L’espace est plongé dans une semi-obscurité . Lorsque la petite confrérie se rassemble à intervalle régulier, un étrange phénomène se déroule. Un rayonnement enfle, une longue vibration à la tonalité basse bourdonne puis remplit l’espace. La résonance peu à peu se modifie, se métamorphose. Un message devient perceptible. Un subtile et délicat arôme indéfinissable accompagne la manifestation, se diffuse, flotte sous le dôme de pierre. Fragrance capiteuse et sensuelle. La révélation se répand, source d’une joie indicible. En réponse, on entend les voix de l’assistance. C’est une longue note modulée, un son prolongé. Au cours de la cérémonie, chaque participant porte à l’annulaire de la main gauche une pierre de couleur verte sur une monture en argent. Le nombre hébraïque est inscrit, dissimulé sous le chaton de la bague. Le lieu reste secret, à l’abri, à l’écart de l’agitation et de la convoitise.
Gilles de La Buharaye
C’est un style d’écriture que je ne connaissais pas encore mais que je trouve plaisant. On est très vite imprégné dans le texte !
Mais si je pouvais me permettre une remarque, ce serait d’aéré le texte. Étant donné que les phrases sont courtes, il serait peut-être judicieux d’aller à la ligne de temps.
Néanmoins ça n’est qu’un conseil; on en fait ce que l’on veut. ????