Chapitre 2
Je sais, le fait d’avoir autant de questions, fait de moi une personne pénible. Des méandres de ma conscience, elles se forment et écrasent toutes autres pensées. Souvent sans réponses, elles finissent par se cacher pour resurgir un peu plus tard. Je dois avouer que celles que ma conscience affectionne le plus sont celles sur « ce que je suis », ou « pourrait être » ainsi que le rapport que les autres ont avec cette même personnalité.
Je n’ai pas besoin d’être entourée d’un grand nombre de personne. Cela, j’en suis convaincue. Car dans tes bras, le monde aurait pu s’effondrer, je n’aurai même pas daigné ouvrir une paupière. Bercée par les battements de ton coeur et le souffle de ta respiration, rien n’aurait pu être plus doux.
Cependant, je ne te suffisais pas. Bien sur c’est en partie ma faute. Je me suis persuadée que jamais cette histoire n’aurait de fin heureuse. Mille raisons motivaient mon esprit à s’interdir de croire. Comme les autres, j’avais peur d’être abandonnée, j’avais peur que tu découvres ce que j’étais vraiment mais surtout j’avais peur d’être une nouvelle déception pour un être cher. Puéril ? Je sais, j’en ai conscience.
Aujourd’hui, je donnerai tout pour revoir ne serait-ce que ton ombre. Il ne me reste que mes souvenirs. Ceux-ci, sont autant source de joie que de peine. Suis-je trop naïve d’espérer qu’un jour nous serons réunis ? Passer à autre chose, mais pourquoi et pour qui ?
Si j’ai mis tant de temps à aimer ce n’est pas pour qu’il me soit aisé de changer l’image qui doucement s’est gravée dans mon coeur.
Tu me dirais de cesser de faire l’enfant, et que l’amour n’est pas éternel. Nous en avions vaguement discuté au détour de quelques paroles échangées. Tu avais perdu l’espoir de trouver ce qu’on appelle le grand amour. Je désirais tant, alors, te faire changer d’avis et te réconforter sur ce qui pour moi avait la plus grande valeur et seule raison de l’existence de chaque être sur cette Terre.
Aimer et être aimé en retour.
Quelle ironie, non, pour quelqu’un qui se cache de l’amour et des souffrances toutes naturelles qu’il entraine ?
Je t’ai souri, peut-être un peu bêtement. C’est drôle, nous sommes tous les mêmes devant ce qui nous plait. Je ne sais pas ce que tu en penses. Dis moi, toi, que ressens-tu ?
On peut ne pas s’en rendre compte mais doucement, lorsque ces sentiments s’installent, ils révèlent chez chacun d’entre nous des points communs si délicats. On se retrouve à sourire pour un rien, à rire à des blagues pas vraiment drôles, se révolter face aux soucis mineurs que l’autre traverse. On s’enflamme, on s’adouci ; ce sont les grands tourments de la passion.
Ce rêve, si doux, si tendre, je suis si heureuse de l’avoir partagé avec toi. Si il ne restait entre nous qu’un jardin où les roses au délectable parfum d’été ne poussaient plus, là où régneraient seules les ronces de la rancoeur, j’en serai fort triste. Car si ce jour là, ou j’eusse enfin osé franchir ce mur que j’avais construit pour mettre à l’abri du malheur. Le destin n’aurait pu m’offrir mieux que cette rencontre inespérée.
Et un jour, j’ai enfin osé franchir ce mur que j’avais construit
C’est sous l’effet d’une impulsion que j’ai laissé une chance à une personne d’entrer dans ma vie. Nous avons partagé des rires, des sourires gênés, le plus souvent pour ma part je dois l’avouer. Si j’avais fait un pas vers l’avant, je ne pouvais pourtant pas abandonner toutes ces années de peur des autres, peur de moi, derrière-moi.
Cette rencontre, je l’ai imaginée, je l’ai rêvée, je l’ai construire au moins milles fois avant même de t’avoir vu pour la première fois. Etonnée au départ de l’absence de trac à l’idée de rencontrer une nouvelle personne. Je me suis vite rendu compte qu’il allait me rejoindre, mon vieil ami, lorsque je voulu te faire découvrir les lieux qui avaient vu évoluer chaque chapitre de mon univers.
Le doute m’a de suite envahie. Je me savais déjà être, ou plutôt je m’imaginais déjà ne pas être à la hauteur de ce que tu attendais. Cette impression, comme les autres, tu n’en étais pas responsable. Elle aussi était née de mon inexorable mauvaise estime.
Malgré ces angoisses, sans t’en rendre compte, tu m’as rassurée. J’ai été à l’aise. Nous avons parlé, nous avons échangé sur tant de choses ; dès plus petites aux plus grandes. Plus tard, tu m’avouas même avoir l’impression de me connaitre depuis longtemps. Comme si l’on s’était quitté la veille.
L’hiver battait son plein ce jour là, mais, dans ton regard j’y ai trouvé la chaleur d’un soleil éclatant. Celui qui vous réchauffe le coeur quand après la lassitude de long mois de pluie a fait naitre les prémices de la mélancolie.
Ton regard.
Dois-je encore en dire plus ? C’est lui qui a accroché mon coeur. Il est le responsable de tout ce qui suivi. Nous sommes au temps des supers héros non ? Alors laisse moi te dire, que lui seul eut assez d’intensité pour me faire voyager dans le temps, je sais que jamais je ne pourrais revivre une telle autre expérience. Il avait la force suffisante pour arrêter le temps. Les astres, grands maitres des cieux, doivent suivre sa volonté sans ciller.
Un autre fait exceptionnel à lui attribuer, est que si il parvenait à arrêter le Temps. Plongée dans celui-ci, je ne pouvais plus retenir le mien. Les heures n’étaient pas assez longues, elles s’envolaient tellement vite avec toi. Pour se transformer en éternité quand tu étais loin de moi.
J’ai pu lire récemment une citation de Gilles Legardinier, il a su trouver les mots qui décrivent le plus ma pensée. « On dit souvent que les yeux sont les fenêtres de l’âme. Les gens se caressent, se touchent, mais il faut beaucoup de confiance pour que quelqu’un vous laisse l’observer droit dans les yeux aussi longtemps que vous en avez envie. A ce moment-là, vous n’entendez pas seulement ce qu’il veut bien vous dire, vous voyez ce qu’il est vraiment. ».
Toi même, tu m’avais énoncé cette vérité sur nos regards. Grace à cette intimité partagée, mes doutes étaient apaisés et enfin je pouvais me laisser aller dans tout ce qu’avait de plus fort, de plus grand ce récit qui fut le nôtre.
Je te l’ai déjà avoué, cette flamme, en son temps, je ne l’ai pas écoutée. Je n’ai pas voulu y croire. Chacun nous en sommes conscient. Tous, nous le faisons. Nous tentons de nous protéger de ce qui pourrait nous atteindre, nous affaiblir. Est-ce un moyen trop radical ? J’hésite encore. Se laisser aller, c’est ouvrir la porte à d’autres chimères. Mon esprit est trop vagabond, trop sensible à cet extérieur aux griffes acérées.
Cependant, je n’ai pu faire autrement que d’y céder à mon tour…
Les premiers mois, j’y ai vu la matérialisation de ma plus grande faiblesse. J’ai donc lutté, corps et âme, en me disant que cette histoire ne pourrait mener nul part, et que son échec était inévitable. A quoi bon y mettre son coeur, si aucun avenir n’est possible ?
Le temps passa, et par effet de prédiction, ce qui devait se passer arriva. Tu m’avouas tes incertitudes et tes doutes quand au fondement de ton affection. Toi aussi, tu ne voyais aucun lendemain heureux. Tu m’assuras qu’en finir au plutôt nous permettrait de mieux guérir une plaie qui n’aurait fini que par nous déchirer. On s’est quitté, ou devrais-je dire, tu m’as quitté.
Je suis restée là, seule avec la confirmations de mes plus grandes appréhensions. Le coeur fendu, encore un peu plus … Même si les larmes qui coulèrent le long de mes joues n’étaient pas seulement dues à ton choix, elles me rappelèrent ma condition, celle d’être un individu qui jamais ne pourrait inspirer un amour suffisant poussant l’amant à se battre pour lui. Aucun saveur ne m’attendra, aucune âme soeur ne viendra pour me consoler du désespoir qui m’accable depuis déjà si longtemps.
Douloureux fut ce temps, celui où mon coeur sans trop comprendre pourquoi, saignait. La peine ainsi née, ne vient s’ajouter qu’à celle qui régnait déjà sur ce royaume. Peu de semaines se furent écoulées depuis la disparition d’une part, de mon être, la meilleure si je puis dire, je ne voyais alors que l’abysse laissée par les plus douloureuses des pertes.
Mon monde c’était donc écroulé, mais sache que jamais, au grand jamais, je ne te reprocherai ton choix. Ce sentiment, nous l’avons partagé. C’est cette crainte qui s’est immiscée entre nous…
Avant-elle, ce sont mes démons qui m’ont poussée à te repousser. Dans ma jeunesse, ils eurent réussis malgré eux, ou malgré moi-même à me protéger de ce dont j’avais le plus peur. Les années passèrent, ils prirent les rennes de mon existence. Me prouvant, de jour en jour, que je ne devais rien attendre de la Vie, de la vie avec un grand V. Moi, être aussi pitoyable, je ne méritais rien. Cette impression de médiocrité face à autrui devait me rappeler que aucune de mes grandes espérances ne pourrait se réaliser.
Dans l’obscurité, j’ai affronté beaucoup de tempêtes. Souvent le genou au sol, j’ai parfois renoncé. Ces démons quelles canailles ! Ils m’ont toujours influencé ; j’avais beau ré-essayer, ils insufflaient dans mon sub-conscient qu’aucune victoire n’était à attendre de mes actes. Mes choix, eux n’étaient que vaines tentatives de concilier mon immortel espoir à rêver d’un monde plus doux.
Sans jamais avoir connu la haine d’autrui, je suis devenue la personne que je méprisais le plus. Si la flèche de ceux qui me critiquaient à juste titre, ou non, m’atteignait en plein coeur, mon âme la remuait aveuglément, l’enfonçant toujours un peu plus loin dans mes chaires meurtries.
Malgré ce carnage sans fin, des étincelles d’espoir se firent toujours voir. Là dans la plus grande des obscurités, aux portes du néant où les âmes damnés errent sans but, cet halo me tendit la main. Ne renonçant jamais, là ou maintes fois j’avais baissé les bras, à venir me sauver.
Si le courage ne pouvait abandonner, si ceux des heures les plus sombres avaient pu retrouver un peu de réconfort, je me le devais aussi. Debout, encore un peu de force, il reste des obstacles a relever mais aussi des souvenirs à se créer, des êtres à aimer.
C’est à l’Espoir que je dois mon salut. Il est mon chevalier en armure, rédempteur de mes péchés, père protecteur et mère affectueuse qui jamais ne se détourne de ce que la nature a voulu laissé dans ce Monde tordu d’amour et de désespoir.
Chapitre 3.
Mon amour, pourquoi l’amour doit-il être si cruel ? Pourquoi dois-je souffrir de cette absence que tu m’as imposée ? Qu’ai- je fais pour que tu te détournes de moi ? Dis-moi, est-ce si grave de ne pas être à la hauteur de tes désirs ?
Mon coeur en est malade, à chaque seconde qui passe, il se remémore le souvenir de ton corps. Le temps de te caresses est révolu. Je suis lasse de ce monde ou tu n’es pas. Le souvenir de ton odeur, de ton front contre le mien mais aussi celui des rayons de soleil illuminant ton doux visage me manque autant qu’il me meurtri. Oh, peu importe. La lumière qui délicatement se posait sur tes doux traits, plus grande oeuvre d’art, ne pu trouver grâce à mes yeux. Un spectacle dont la beauté ne peut être décrite avec de simples mots.
Égoïstement, j’espère que toi aussi, tu te languis de moi. J’espère, que tes nuits, te rappelle nos sourires gênés, nos joies des petites choses de la vie et de ces différences qui parvenaient à nous lier. Mes songes eux, sont remplis de toi ; de la douceur de ta peau, égale à ne point en douter, à celle des nuages une après-midi d’été. Lorsqu’ils tardent à m’emporter ce sont mes pensées qui ne tournent qu’autour de toi, des mots que dans la plus grande intimité tu m’auras confié. Ceux qu’aujourd’hui encore, j’espère sincères.
Alors, une autre peur est venue compléter celles qui m’habitaient déjà. Celle d’un jour t’oublier. Si j’avais pu t’emporter, Dieu le sait, je n’aurais pas hésiter un seul instant. Est-ce possible d’oublier de tels sentiments ? Toi les aurais-tu oublié ? Mais seulement, les as tu ressenti, pour moi… au moins une fois ? Mon amour me dévore…
Ici, sans toi, c’est un peu vide. La vie n’a plus le même sens, la nourriture n’a plus le même gout. A quoi bon, faire des efforts, si tu n’es pas la pour les voir ? Oui, il faut avancer mais moi, j’ai envie de rester là avec toi. Quel désir ! Pourtant je nous vois là ; couché, l’un proche de l’autre, une simple lueur dorée éclairant l’obscurité de cette chambre, le regard fatigué mais couvrant de douceur… Je ne peux oublier la chaleur de ta peau, de tes doigts caressant ma joue, mon corps. Ton odeur, toujours vivace, déclenche en moi un sentiment de quiétude. Alors je ferme les yeux, je me concentre, ces souvenirs me guident vers toi. C’est là ou je veux être…
C’est là ou je veux être, encore aujourd’hui.
Ouvrir mon coeur, sur ces pages est si simple. Mais, te le faire comprendre, je n’y suis pas parvenue. Oser le dire à haute voix, m’aurait terrifié et me terrifie. Se mettre à nu…Mon orgueil, ma pudeur mais aussi ma timidité n’auraient pu le supporter. Je le regrette encore. Cependant, si j’en avais encore le choix, en serai-je capable ? J’ai déjà l’impression d’être ridicule la plus part du temps. L’idée d’être rejetée me terrifie, un regard de pitié de ta part scellerait mon échec final. Trop souvent déjà, j’ai perdu. J’en ai connu les douleurs et n’ai plus la force de les vivre.
Pourtant mon amour, a choisir, mon existence je voudrais la vivre comme ces moments intimes partagés. Dans tes bras, auprès de toi. Là, Seigneur, le Monde aurait beau s’écrouler, de perdre jusqu’à la moindre part de ce qui fait ce que je suis. Peu importe ! Si tu me disais que tout irait bien, que tu resterais auprès de moi. Alors je t’en prie ; reste encore un peu ici, allongé à mes cotés là ou plus rien ne peut arriver.
C’est vrai, j’avais oublié, tu es parti. Moi, je suis restée là.
Attendons encore un peu, qui sait le Monde de demain pourrait encore bien changer.