Bonsoir,
Je suis Mohamed et j’aimerais avoir votre avis sur ce début de récit. Je ne me fais pas confiance et pourtant j’aimerais continuer. J’accepte toutes les critiques. Merci beaucoup.
Le journal de l’appartement des 3(4)…du 5
Vendredi 23 septembre 2022, il est 19h27
Chapitre I – La potion magique, mes amis, Mô et Ôm.
En commençant ce premier chapitre, j’aurais dû sans doute opter pour l’appartement des «4… du 5» mais il est vrai qu’au départ nous étions trois. C’est une rencontre puis l’arrivée d’un nouvel ami qui m’ont incité à changer le titre mais l’histoire est bien née des «3…du 5».
Je vis dans un quartier du cinquième arrondissement de Marseille depuis peu. Je suis Mô, un petit gars né dans le nord de la France. J’habite maintenant dans une ville cosmopolite, un marseillais en herbe.
J’ai de grands sourcils noirs qui recouvrent une bonne partie de mon front, deux cercueils accompagnants mes joues squelettiques, auraient souhaité demeurer dans la nécropole de Saint-Pierre. Ces petites oreilles ovales en forme de coquillages sont le seul endroit du corps à avoir été épargné. Mon nez crochu, tordu et un peu poilu rappelle le nez de la vieille paysanne dans le conte de blanche neige et les 7 nains. Mon crâne dégarni semble faire l’aumône pour quelques semences alors que mes yeux se dissocient l’un rêveur et l’autre se refermant sur lui même pour ne pas voir ce que je suis devenu. Je suis marqué par des cicatrices indélébiles.
Ce visage caillouteux et accidenté est tatoué d’une larme qui n’est pas un grain de beauté mais un grain de tristesse. Ce corps meurtri est courbé par le poids de mon inconscience et me prive de ma conscience.
Au fil des jours, mon corps grignote le peu d’espace qui m’est alloué. Suis-je encore détendeur de mon corps, de mon âme, de mes pensées, de mon esprit ? Ce faux jumeau venait tout droit des enfers. Il se frotte les mains car il a senti que je ne tiens plus que sur un fil. Bientôt, je sombrerai dans ce trou noir sans fin. Je suis à la fois en rupture et en fusion. Je navigue dans les extrêmes. Je dois combattre ce mal grandissant qui squatte mon enveloppe charnelle pour s’y installer à jamais.
Les souvenirs passés me hantent et me rongent jour et nuit, à chaque battement de mon cœur et m’empêchent de respirer des doses de vie. Je dois comprendre mon passé pour le séparer du présent et envisager un futur où j’aurais le choix.
J’ai dû, pour commencer mon ascension vers la sérénité, quitter ce que j’ai de plus cher. Quitter est sans doute un grand mot, plutôt faire une pause car mon mal-être m’envahissait et se ressentait dans mes attitudes.
Je veux sortir de cette prison où passe en boucle le film de mon moi et de mon autre moi. Un moi paumé, minable, lâche, hypocrite, aigri, pourri, laid de service, coupable, égoïste, indigne et la liste pourrait continuer.
L’autre moi, mon inconscient avait lui conclu un pacte avec le Diable. Il joue avec ma vie et contrôle tous mes désirs. Il me contraint à l’obéissance et je ne peux que m’y soumettre. Piégé dans mon propre corps, j’ai vécu près d’un demi siècle à combattre mon autre moi. Mon inconscient s’est révélé plus fort que moi, le combat a été perdu. Nous avons le même corps, le même visage, la même âme, le même esprit mais chacun avec ses intentions, ses pensées et sa destinée. Il connaît mes intentions et fait tout pour m’entraver. Il se repaît de mes blessures. Il est malicieux, traître, pervers, égoïste. Il sape tout ce que je peux entreprendre pour ramener l’ombre sur lui. Je suis persuadé d’être ce qu’il me dit. Nous devions cohabiter ensemble mais nous étions dans l’opposition et le déni. Je dois reconstruire ma conscience meurtrie qui a toujours pris des coups. Je dois marcher vers la quiétude avec ce double poids.
Je le surnomme Ôm, l’homme cassé du passé.
Je devais gagner des points de vie comme dans les jeux de vidéo pour atteindre le graal. Je peux avoir l’impression de vous faire croire que je suis fou. C’est à vous de me le dire mais soyez indulgent. J’ai les pieds sur terre. C’est aussi ça qui me fait souffrir. Tout me fait souffrir, excepté, ce moment que je vis qui me pousse à agir.
Ôm idolâtre ses pensées, il les vénère, il les cajole, en voici une.
«Les deux fenêtres du salon ainsi que celle de la chambre donnent directement sur une partie du toit de l’immeuble. Sans aucune barrière, aucune ligne de vie pour simplifier la rencontre avec la mort. Ce vide entre la mort et la vie qui représente cinq étages, j’en ai peur et peur que Ôm me renferme dans cette imaginaire morbide pour franchir le premier pas. J’ai peur de ce vide. J’ai une part de moi qui lutte continuellement. Je ne suis pas suicidaire mais… »
Une des pensées de Ôm pour me dire ce que je dois être et ce que je dois faire.
Par moment, je le plains, j’ai cette impression que la victime c’est lui. Il avait absorbé tous les moments tragiques, ces coups de poignards dans le dos. Quel est réellement l’intrus. Qui souffre ? Suis je l’imposteur ? Je ne sais pas qui je suis. Ôm ou Mô ? Pourquoi Ôm serait-il coupable de cette souffrance ? Une chose est sûre c’est qu’il ne doit pas avoir l’ascendant sur mes intentions afin de construire un meilleur avenir. Cette fissure me fait peur.
J’en ai assez d’être spectateur de ce que je vis et de ce que je ressens. C’est très dur de ne pas comprendre d’où vient sa souffrance et encore plus pénible de donner l’apparence que tout va bien. J’ai décidé de rencontrer un psychiatre pour comprendre mon mal-être et revenir sur les événements tragiques qui ont ruiné ma vie. J’ai également l’intention de solliciter une aide précieuse pour que mon histoire soit retranscrite et reflète ce que je ressens réellement. Mon histoire sera sincère.
Nous étions le 17 juillet 2022, j’avais rendez-vous à 10h45 avec une agence immobilière pour visiter un appartement dans le cinquième arrondissement.
Je découvrais ce quartier, je marchais avec des pas silencieux, j’étais très pensif. Je n’arrivais pas à imaginer l’énorme effort pour visiter cet appartement, franchir le premier pas.
Je regardais ce long boulevard avec l’arrivée du tramway, j’ai tout de suite aimé l’endroit avec ces nombreuses boutiques, un café tabac, une boulangerie, un salon de coiffure, un restaurant, un grand magasin alimentaire et une gare etc… tout était à proximité de ce logement. Ce quartier était calme comme une carte postale. Cette endroit pourrait être n’importe où.
C’était la première fois que je devais vivre seul dans l’inconnu pour commencer cette ascension.
Je suis Mô, je pense être un honnête homme. Un vieux bonhomme qui a toujours flirté avec Ôm et qui essaie de se détacher de lui ou de pouvoir à défaut l’apprivoiser. Il ne doit pas être le personnage principal de l’autre moitié de ma vie.
Je suis un gars simple avec un cœur qui déborde d’amour pur et tellement triste et fatigué. Je pense avoir beaucoup plus embrasser le bien que le mal. J’ai mes cotés sombres, je dois poursuivre cet élan qui me permettra d’aller vers cette guérison. Je suis vraiment malade. Je n’en ai aucun doute. C’était une réalité. Malade de quoi ? Ne pas savoir, c’est horrible.
Je dois découvrir la vie, m’émerveiller, côtoyer de bonnes personnes, chanter et danser dans mon salon et surtout apprivoisé Ôm. J’aurais toujours cette épée de Damocles au dessus de ma tête pour me rappeler que je peux basculer à tout moment et n’être que Ôm.
A l’heure actuelle, je résiste et je le contrôle mais pour combien de temps ?
Nous étions un vendredi matin, j’attendais l’agent immobilier en bas de l’immeuble. A proximité de l’entrée, une charmante demoiselle qui avait un pantalon mauve, un pull blanc léger et sur ses épaules une écharpe marron qui descendait jusqu’à sa taille.
Elle s’avança vers moi et m’interpella avec un sourire de bienvenu. Elle avait installé très vite un échange très courtois qui m’a mis tout de suite en confiance.
Elle ouvrit la porte de l’immeuble, je savais que l’appartement était au dernier étage. j’apercevais ces escaliers en colimaçon qui m’emmenaient si haut que j’imaginais au bout un donjon, une force toute puissante.
J’étais un peu anxieux d’affronter ces étages. J’avais peur d’être déçu de ne pas pouvoir enfin me poser, souffler, être chez moi. Commencer enfin ce travail, ce parcours du combattant. « tels les trois mousquetaires armés de leur rage »
J’étais comme attiré vers le haut. En montant les étages, j’étais envahi de questionnements. Nous étions arrivé enfin au dernier étage et j’étais en face de cette porte rouge. Mon cœur battait non seulement pour avoir monté les cinq étages avec un effort titanesque, il battait aussi lorsque j’étais face à face avec l’appartement. L’agent immobilier prit la clé de la porte, l’enfonça dans la serrure et ouvrit la porte d’entrée.
J’étais subjugué par ce style cubiste de ce lieu. Il faisait une quarantaine de mètres carrés, il avait une cuisine américaine qui s’ouvre sur le salon, une chambre, une salle de bain et une entrée qui amène dans toutes les pièces.
A l’entrée du salon, ce canapé rose qui s’étalait sur une bonne partie de la longueur du mur. Il guettait les invités. A l’opposé, une cheminée grise et blanche, elle avait sa sœur jumelle dans la chambre. Un long meuble de rangement et un meuble de télévision tous deux, gris et blancs. Dans chaque pièce, une fenêtre afin de respirer l’air de dehors à l’exception de l’entrée, une cuisine avec tout l’électroménager. Une grande chambre avec deux penderies qui n’attendaient que mon arrivé, le grand lit qui regardait fixement la sœur jumelle, cette cheminé grise et blanche.
Je ressentais tout un mélange de curiosité et un brin de fascination. Les pièces étaient dévêtues d’objets personnels si ce n’est de quelques articles de premières nécessités. C’est comme s’il portait des sous vêtements bon marché. Mais il avait un sérieux atout, l’authenticité.
J’étais paralysé par ce flux d’énergie, sa prestance et son charisme qui je l’espère pourraient me protéger des sors maléfiques de Ôm. Toutes les pièces s’étaient réunies pour me supplier à genoux d’être leur hôte. Le salon ainsi que les autres pièces me faisaient un énorme sourire. Tout naturellement, elles m’agrippèrent en criant d’une seule voix sèche et aiguë que nous avions signé un contrat d’âme dans une vie antérieure. Elles me murmuraient à l’oreille qu’il était temps maintenant de créer notre histoire, notre chemin, de saisir le présent et d’ouvrir notre porte sur l’avenir.
Ce lieu eût deux requêtes à mon arrivée. Je devrai être présent car il détestait la solitude et je devrai écrire sur notre rencontre afin qu’il dure éternellement.
J’avais peur que l’agence immobilière le confie à quelqu’un d’autre. J’avais eu un sacré coup de cœur. J’ai ressenti cette fusion si fort et si sincère, je ne devais pas passer à coté. Lorsque j’ai reçu cet appel m’invitant à faire l’état des lieux, j’étais soulagé. Enfin, j’avais trouvé mon refuge, mon protecteur, mon coin de solitude pour entreprendre cette démarche personnelle afin d’être avec moi-même, poser les mots et être libre afin de me sentir en osmose avec la vie et ne plus être figé comme ces gargouilles, ces démons qui ornent les cathédrales et qui ne représentent que le mal.
J’ai vécu quelques jours dans cet appartement, j’étais si fatigué moralement que je n’avais même plus le courage de prendre soin de mon lieu de vie. J’étais un peu fainéant aussi. L’état de mon mental étaient à son apogée. J’avais quitté les personnes les plus chers et je m’isolais. J’avais cette opportunité de me découvrir et de comprendre cette souffrance qui m’empêche d’avancer. Au début, je n’y croyais pas car j’avais une nouvelle fois fléchi.
Au fil du temps, une seule question tournait en boucle et qui me faisait réagir. Que comptes tu faire ? Cette fois-ci cette pensée, cette question était centrale, j’étais dans le mouvement et l’envie de retrousser mes manches. Les imprévus, les signes, les rencontres ne sont pas un hasard, il y a beaucoup trop d’éléments pour m’insuffler que ce n’est pas une fatalité. Le chemin sera rude, étroit, sinueux parfois imaginaire et je dois contrer ou alors comprendre Ôm. Je dois m’y résigner mais le mot prend une autre signification pour moi.
Tout avait commencé par une autre rencontre. Un hasard ? C’était un dimanche, je quittais mon appartement sans réellement savoir où j’allais. En ouvrant la porte de mon immeuble, je fus pris par un sentiment de foule et des hurlements . J’étais surpris de voir que s’était installée une brocante tout le long de ma rue. Je plongeais dans l’ambiance. Il m’est venu l’idée d’acheter un premier objet pour habiller mon appartement. Ma première acquisition : un oeil aux deux couleurs et la folie qu’il dégage. Il serait porteur de bonnes choses. Je l’ai senti le premier instant où je l’ai regardé. Je l’ai acheté à une brocanteuse, une dame aux cheveux grisonnants et un regard doux et apaisant. Elle avait une jolie robe bleue. Pour quelques sous cet objet m’appartenait maintenant. Ce dont je me souviens, c’est qu’il provenait du Maroc. J’étais hypnotisé par cette force. Je l’avais distingué parmi les autres, je ne comprenais pas pourquoi mais son rayonnement et son style m’ont attiré si bien que j’ai voulu le posséder.
Cette lampe étrange a un design singulier avec en son milieu un oeil aux deux couleurs jaune et orange. Elle est habillée d’une longue robe noire en fonte. Elle dégage une puissance, une vigueur, une force morale. Cette puissance physique m’interpelle à chaque fois que je la regarde. Elle s’est imposée comme la maitresse de maison. Cette lampe fait désormais partie de mes objets qui ont une histoire à raconter. Cette lampe a compris qui j’étais dès la première rencontre et m’a poussé à rendre l’appartement encore plus extraordinaire. J’y suis parvenu en rassemblant plusieurs objets : un tableau constitué de neuf peintures, la fontaine aux milles couleurs et aux milles senteurs, ce sombrero rose qui nous raconte des souvenirs, la clé qui nous fait voyager à travers le temps et mon bug, mon objet fétiche qui me chuchote à chaque fois que je ne suis pas seul. Si je supprimais l’un d’eux, rien n’aurait de sens. L’alchimie est née grâce à plusieurs combinaisons. J’ai bien choisi leurs emplacements des uns par rapport aux autres dans l’appartement. Je ne devais décevoir aucun d’eux.
Cette potion magique m’aidera t’elle à découvrir qui je suis au fil de l’histoire ? Je n’en savais strictement rien, malheureusement. C’est assez étrange je vous le concède car même moi je n’y croyais pas, mais je m’aperçois maintenant, à chaque jour qui passe, que tout est possible. Tous ces ingrédients ont pour effets de me faire vivre des moments uniques et d’effacer sporadiquement ce sentiment d’abandon, pour arriver peut-être à le bannir définitivement et devenir quelqu’un sur Terre.
Mais la lampe est venue à moi. Est-ce le karma ? Le destin ? Le hasard ? Je possédais la lampe d’Aladin et j’avais un regard et un pouvoir différent.
En rentrant chez moi, je l’ai mise au dessus de la cheminée du salon. Mon premier objet personnel. Je me suis assis sur le canapé. J’ai admiré la lampe, j’ai été stupéfait par l’emprise qu’elle avait sur moi. J’essayai de la découvrir, de la comprendre, d’être en communion avec elle. Cette envie d’habiller mon nid. Pourquoi maintenant ? Elle m’avait convaincu. J’ai commencé à le vêtir avec l’aide de cette nouvelle maîtresse de maison : Le tableau composé de neufs peintures et de la fontaine aux milles couleurs et aux milles senteurs. Cette lampe est devenue mon phare pour avancer vers la lumière. Nous avons transformé ensemble cet appartement en une parenthèse chaleureuse, un lieu de recueillement, un espace de réflexion. Un endroit hors du temps. Mon nouveau chez moi me raconte des histoires et parfois il me met au pied du mur : je dois absolument compléter la collection commencée. Je ne dois décevoir ni mon appartement, ni ma lampe et encore moins mes amis. J’ai maintenant la conviction que je vivrai des jours heureux.
Je pense que je le mérite aujourd’hui.. J’ai toujours été à la rencontre de l’autre jamais de la mienne.
Je passerai encore par des moments de souffrance, je le sais, mais une chose est sûre : je veux que cela cesse. Je n’ai pas d’autre option que de découvrir qui est Mô ou Ôm. Il faut que je décortique tout cela. Je veux pouvoir enfin être en paix.
Mes amis, Carl, Samy et Diego ont toujours été présents pour moi, et je sais qu’ils seront encore là lorsque j’en aurai besoin. Ils me sont très chers, trois bonnes personnes.
Nous vivons des moments ensemble avec nos blessures et nos peurs respectives. Nous les partageons. Par moment, on en rigole. C’est notre force. Face au pacte de l’amitié que nous avons scellé dans le marbre, Ôm se débat avec celui qu’il a signé avec le Diable. Ensemble nous cherchons à nous élever et accéder à un bonheur simple. Ce pacte de l’amitié me rassure, et tels les trois mousquetaires armés de leur rage, nous sommes plus fort pour accomplir ce qui nous anime pour affronter nos démons. Ils sont ma boussole pour ne pas que je m’égare dans mon monde. Ils sont honnêtes, francs, simples. Ils sont sincères dans leurs attitudes, dans leurs gestes et dans leurs mots.
Carl souffre aussi. Je le sais et je le sens. Pourquoi nous ? Je pourrais aussi citer Samy et Diego. Nous avons un point commun, vivre et combattre quotidiennement nos souffrances, nos démons, nos peurs, nos mauvaises pensées et notre passé. Nous étions 4 pièces d’échecs perdues dans le tablier.
Carl a été ma première rencontre, un ami très cher. Un jour, pendant la venue de Diego dans mon appartement, Carl était passé. Il avait sorti d’un sac, la fontaine aux milles couleurs et aux milles senteurs, j’avais reçu une explosion d’ondes positifs qui m’avait traversé le corps pour m’offrir une émotion et une pensée authentique. A ce moment là, je n’avais plus d’autres pensées. J’étais profondément ému, je ne voulais plus quitter ce moment intense. Malheureusement cela ne dure qu’un temps. Je le regrette profondément. La fontaine aux milles couleurs et aux milles senteurs a été une bénédiction. Il m’avait offert un objet symbolique car je l’avais déjà rencontré chez Carl. Il tenait à cœur cette fontaine et il me l’avait offert. J’étais scotché.
Je me souviens d’un moment dur de sa vie, son visage avait changé de ton. Il appelait à l’aide. Il dégageait une souffrance horrible, il était plus qu’anéanti. Il me regardait avec ce regard vide. Ce qu’il renvoyait, était inhumain. J’étais au bord des larmes mais je devais être fort. J’étais impuissant. J’avais cette culpabilité de ne pas pouvoir réagir. J’aurais tout fait pour effacer ses pires souvenirs, ses pires pensées, ses plus grandes peurs. Ses larmes m’ont donné des frissons au plus profond de mon âme. Je ne pouvais rien faire pour lui. C’était dur.
Il a un courage hors norme. Il nous ouvre le chemin pour gravir le plus haut sommet jusqu’à à atteindre un jour la quiétude. Il en a marre aussi. C’est un syndicaliste de premier ordre. Il n’aime pas l’injustice. Il est grand, il a des yeux bleus qui prolongent le ciel, un beau gosse mais d’une humilité à contredire mes préjugés. Il a un don de dérouler naturellement ce qu’est la vie avec des mots justes. C’est impressionnant. Je l’écoute en m’enivrant de cette vision que je trouve très intéressante. Elle me heurte, elle bouscule ma vision standardisée. Elle me fait réfléchir. Il me fascine par cette lumière qu’il renvoie. Je l’admire aussi par sa simplicité et sa générosité qui vient du coeur. Il est aussi mon clown, mon danseur, mon frérot, mon Carl.
Diego, un ami très cher, un parisien avec un petit accent espagnol. Il avait séjourné quelques jours chez moi. Il est brun avec quelques cheveux blancs, un sage, il doit mesurer 3 centimètres de plus que moi. Il est malade. Cette fichue maladie le narguait en lui mémorisant à chaque épisode de crise qu’il était rattaché à elle. Je m’incline par son sang froid. Ce Chaman vient de loin, il possède cette douceur, cette tranquillité qu’il enseigne aux autres. Son visage était celui de l’archange Gabriel, ses yeux noisettes et bridés avaient ce pouvoir d’insuffler la vie. Il me bluffe, il me fait découvrir une belle leçon que je n’ai jamais vécu. Cette leçon de vie, je la dévore, je la divine, elle me prend sous ces ailes. Il est cette résilience que je n’arrivais pas à comprendre et à cerner. Il me l’a dessiné avec son cœur. Je l’adore.
Avant de rentrer à Paris, il m’avait offert 9 peintures. J’étais très ému une nouvelle fois, un tsunami d’ondes positifs m’avait traversé le corps pour m’offrir une autre émotion et une pensée authentique. L’explication qui m’en a donné m’a fait chaud au cœur. Ces 9 peintures représentent un tableau, une œuvre unique. Derrière Chaque peinture, au dos, des inscriptions, un numéro de 1 à 9, mon prénom, la date de la réalisation et sa signature. Toutes ses intentions m’ont surpris.
Samy, je l’ai rencontré grâce à Carl, Samy est mon ange gardien. Il a les cheveux dorés, la peau rosé d’un nourrisson. Il a à peine 20 ans mais d’une maturité qui étonne. C’est un beau jeune homme. Il analyse avec finesse les choses de l’existence et les remet à leur place. Il a un point commun avec moi, sa timidité. Au fil du temps, je me suis énormément rapproché de lui. Il a ce don de balayer d’un coup de revers, cette poussée de méfiance qui me met mal à l’aise. Cette impression et cette peur que l’alliance se termine comme elle a commencé comme une fin tragique. J’ai peur que tout s’écroule. Samy me rassure par sa jeunesse, son honnêteté, son raisonnement qui relie nos amitiés par un lien indestructible. Un ami très cher. Il a envoyé un signal de détresse qui m’a bouleversé ce qui l’a conduit dans un premier temps dans un sas, une frontière entre l’hôpital de jour et l’hôpital psychiatrique. De son propre chef, il a décidé de séjourner dans une clinique spécialisée. Un soir, j’ai longuement discuté avec lui par téléphone. Il était assis sur un banc au parc de la clinique et je peux vous dire que l’on s’est mutuellement fait du bien.