Une bombe vient de tomber devant son magasin, pas une vraie, mais elle va faire du mal, un message de Cavaleur, il explique en mots brefs qu’il aime beaucoup sa femme, un appel du mari explique certaines choses, elle a reçu l’appel il ne sait pas comment, un téléphone a été lu ou copié pour être aussi précis et ce n’est pas le sien, des mots crus personnels ont jaillis, des dates également, ils se croiseront peut-être, mais ce sera un hasard qu’il préfère éviter, il ne répondra plus, l’amusement coûte cher, sa famille en dépend.
Elle regarde son téléphone comme un objet de crainte, elle n’arrive pas à comprendre, et ce mot amusement, son réflexe de mère lui fait penser à jouet, mais à un jouet cassé, elle relit le message pour chercher autre chose, un mode d’explication, une erreur d’envoi, la phrase qu’elle tourne dans tous les sens, veut bien dire ce qu’elle lit, elle fouille dans son sac, prend une boite de cachets, elle s’écroule par terre.
Ils sont trois à danser, elle se met à sourire, ils ont l’air de bouger en cadence, elle reconnaît son père, elle reconnaît sa mère, mais l’autre lui tourne le dos, quelque chose brille au milieu, elle a du mal à voir, sans doute une bougie parce qu’ils sont tout autour comme pour se réchauffer. Son frère lui tire le bras, il la prend dans ses bras, elle adore son frère qui aime la protéger, c’est normal c’est l’ainé il a fait dix huit ans, sa petite sœur est plus loin, elle est encore à table, elle à du mal à voir, elle est encore petite. Elle s’approche de la table, il y a encore à manger, elle s’assied à une chaise, mais elle sent que ce n’est pas la bonne place, une main sur sa cuisse la retient, elle aurait dû s’asseoir ailleurs et ça ne serait pas arrivé, elle rêve qu’elle est assise dans une chambre d’hôpital.
Elle ouvre doucement les yeux, elle n’aime pas cette odeur, ça sent le propre, mais ce n’est pas l’odeur habituelle, une infirmière s’approche après avoir ouvert la porte, c’est son mari qui suit, elle ne veut pas le voir, elle se racle la gorge pour avoir la force de le dire, elle se met à pleurer, elle se souvient maintenant, elle ne veut plus le voir.
Elle a repris le rythme, après cinq jours de clinique, d’examens et de psy, elle n’a pas tout raconté, il faut qu’elle s’occupe, qu’elle se vide la tête, qu’elle pense à autre chose, le divorce est en cours, elle n’avait pas le choix, la maison est en vente, elle continue de travailler, a ceux qui la questionnent quand elle est chez Gérante, une très grosse fatigue, il faut qu’elle se ménage entre sa boutique et ici.
C’est au cours d’un salon organisé par la ville qu’elle rencontre Rêveur, il entre avec deux filles, il n’a pas l’air d’être content de se trouver ici, ça l’intrigue sans plus, elle s’approche de lui, ils se dirigent en même temps vers la table des boissons, elle sent qu’il la regarde, elle à repris ses habitudes de sourire commercial, elle connait ce regard, elle en a l’habitude, mais lui regarde ailleurs, ce ne sont pas ses yeux, ce ne sont pas ses seins, elle a comme l’impression qu’il regarde derrière elle, derrière il n’y a rien, il y a juste le mur. Elle le croise plusieurs fois, dans d’autres manifestations ce qui les rapproche un peu comme de vieilles connaissances, ça ne va pas plus loin, ils sont souvent ensemble, ils vont au restaurant, ils vont chez ses amis, personne ne l’avait jamais fait avant, et ce qui la surprend, aucun n’a plus de trente ans, quelques rares cinquante ans, lui a le même âge qu’elle, c’est assez intrigant. Certains supposent ce qu’il voient, il n’y a rien de plus, ils ne font qu’être ensemble, elle se doute peut être, mais elle n’en est pas sure, chacun reste à sa place. Il a toujours un verre à la main, elle pense qu’il boit beaucoup, un jour il lui explique, c’est vrai qu’il boit un peu, mais il avoue que c’est souvent le même verre qu’il promène, comme ça les gens le classent dans la catégorie qu’ils pensent, elle avait l’impression qu’il lui lançait un message, et qu’il rêve souvent à autre chose, elle n’a jamais su quoi, il l’écoute souvent mais sans prendre parti, elle en sait peu de lui, des bribes qu’il lâche par hasard, il semblait reposant.
Elle a commencé a emballer certaines choses, mais sans plus, elle n’a pas encore la tête dans un déménagement, son mari est toujours là, ce n’est que le début de la procédure qui peut durer longtemps, c’est pour cela qu’ils veulent vendre la maison en premier, il n’ y aucuns périls a ce qu’ils restent tous les deux, avec comme d’habitude certains haussements de voix.
Si le hasard et la coïncidence s’associaient ce ne serait pas la vie, mais juste la main des Dieux qui écrivent leurs livres, m’en fou je suis Athée, alors je décris la vie, la vraie, une de celle qui fait mal.