LSA – Brasken : chapitre 1 (modifié)

10 mins

Le soleil brûle là-haut dans le ciel, m’éclairant de sa douce chaleur, ses rayons m’éblouissent, rendant ainsi ma vue encore plus brouillée qu’elle ne l’était auparavant. Brouillé de fatigue. Mes yeux se referment sous ma lassitude, ma fatigue, l’épuisement que j’ai accumulé au cours des heures précédentes. Immobile. Statique. Inerte. Figée. Assise. Sans énergie. Les membres engourdis. Aucune envie de bouger ne serait-ce que le petit doigt émane de mon corps quasi sans vie vue de l’extérieur. Je ne suis qu’un pauvre être vivant.

Un cadavre de plus dans ce vaste palais.

Un cadavre de plus a écouté ce cours des plus barbants.

Malgré ma déconcentration permanente, notre professeure, la prêtresse Quila, ne me dit jamais rien. Je retiens tout ce que j’entends même d’une seule oreille. Je considère cela à moitié comme un cadeau et à moitié comme une malédiction puisque même les choses les plus anodines restent dans ma mémoire.

Malgré ce don apparent, on en attend beaucoup de moi, beaucoup de choses qui ne me conviennent pas vraiment parfois.

Je suis issu d’une lignée seigneuriale importante, mon père est le seigneur de la ville de Razmiran et beaucoup d’attentes pèsent donc sur mes épaules et celles de mes frères.

Razmiran est une ville de la théocratie de Deas qui se trouve au sud du continent de Brasken. On la surnomme même parfois la ville la plus au sud du monde. Il y a tant de choses à dire de Razmiran et de sa beauté onirique. Faites entièrement de marbre blanc la ville ressemble à un rêve vivant, un rêve paisible fait de paix.

Souvent, il me prend de rêver de m’y promener librement sans qu’aucun gardes qui ne me suivent, malheureusement la réalité est parfois tout autre.

Me voilà donc assise à un bureau, à écouter d’une oreille un cours qui ne m’intéresse même pas, mais que je retiendrais quand même.

Moi, je préfère fixer à travers les ouvertures, qui nous servent de fenêtre dans le sud, la cour intérieure où les gardes s’entraînent. J’ai peut-être oublié de préciser que ma mémoire miraculeuse passe aussi par la vision ainsi tout ce que je vois, je le retiens aussi.

Tellement de choses tournent constamment dans ma tête qu’il est impossible qu’elle se repose un seul moment au calme. Je surcharge tout le temps !

C’est peut-être pour cela que je préfère l’action à la réflexion, parce que je réfléchis trop de bases ? En-tout-cas, je donnerai tout ce que j’ai pour être dans cette cour, pour manier une épée et faire ce qu’on appelle dans le sud “des activités dites d’homme”.

Malheureusement pour moi, il me l’est donc impossible, mais je ne désespère pas d’arriver un jour à convaincre mon père de me laisser pratiquer cet art. Je me demande si j’aurais du mal avec la chaleur et le soleil ? Sûrement pas ! Après tout, je suis une Teine.

Ah oui petite particularité du sud de Brasken et donc de Deas que j’ai oublié de préciser plus tôt. Le soleil y est permanent, nuit et jour et cela ne change que pendant les 3 derniers mois de l’année où cette fois-ci, la nuit, est éternelle avec sa lune immaculée.

C’est pour ça que notre religion est centrée sur le soleil qui est représenté par un dieu que presque personne n’a vu dans l’histoire.

Sûrement trop brillant pour les yeux !

Je trouve que toutes ces croyances sont des foutaises et si les dieux et déesses auxquels nous croyons à Brasken existent réellement et bah, ils s’en fichent un max de nous.

C’est bien parce que j’ai des doutes envers leur existence que je trouve que le destin qu’on a attribué à mon petit frère à sa naissance est complètement stupide ! A Deas dès la naissance en fonction de l’ordre de cette dernière dans la fratrie notre rôle est prédéterminé.

Ainsi, mon premier grand-frère Luven a été désigné comme l’héritier de notre père à la tête de Razmiran, mon deuxième frère Luther s’est vu prédestiné à une carrière militaire afin de devenir le bras armé de Luven et enfin mon petit-frère et troisième fils des Artellian est quant à lui destiné à devenir un prêtre du temple du soleil.

Servir un dieu inexistant toute une vie, ce n’est pas une vie ! À mon avis bien sûr.
 
Quant à moi vu ma condition de fille, je devrais me marier à un moment, ou alors notre père m’enverra au temple aussi pour je ne sais quel enjeu de pouvoir. Je déplore ce manque de considération personnelle envers nous, enfants, qui nous voyons attribuer des talents différents dès la naissance.

J’ai un peu de mal avec l’autorité pour tout vous dire. Je m’oppose au destin qu’on m’a choisi et à ces décisions arbitraires certes, mais pour autant, je ne battrai pas injustement pour les situations qui conviennent aux personnes concernées.

Prenons par exemple mon jeune frère de 2 ans mon cadet, Lucan, qui actuellement est très concentré à noter mot pour mot tout ce que nous dit Quila sur le dieu du Soleil et son importance historique pour Deas, accepte son destin et en est même heureux, il s’y est conformé.

C’est plutôt pour des personnes comme moi qui n’acceptent pas ce qu’on nous demande d’être que je me bats. Je trouve cela injuste de ne pas pouvoir décider de ce qu’on peut être dans notre avenir.

Enfin trêve de bavardage, je viens d’apercevoir un magnifique combo d’épée qu’il ne faut absolument pas que je loupe si je veux pouvoir le retenir.

Dans ma famille, mes liens sont assez… hétérogènes en général. Je m’entends très bien avec Lucan au vu de notre âge rapproché et étant donné que nous passons presque toutes nos journées ensemble, mais c’est sûrement avec mon frère Luther que je suis la plus proche.

Au vu de son destin de soldat, il a dû partir à Abderal, le quartier général de l’état-major militaire de Deas. Luther ne revient que les 3 derniers mois de l’année là où la nuit règne, mais à chaque fois qu’il rentre, il accepte de me transmettre un peu de son savoir militaire.

Attention non pas parce qu’il est d’accord avec mes propos, mais parce qu’il juge qu’il est nécessaire que je sache me défendre en cas d’extrême urgence.

Afin de me perfectionner même quand il n’est pas là, je suis allé voler une dague dans la caserne du palais. Autant dire qu’en plus de n’avoir pas remarqué le vol, ils n’ont même pas remarqué ma présence au moment donné.

Il se peut que cet instant m’ait donné une confiance excessive en moi.

En-tout-cas pour en revenir à mes relations familiales et bien mon frère le plus âgé n’est pas vraiment en merveilleux terme avec moi. Il ne supporte pas mes idées et les traite d’inutile. Je comprends qu’il peut ne pas être d’accord avec moi, mais qu’il respecte au moins ma position.

Quant à mes parents, ils ne sont que peu présents dans notre vie à Lucan et à moi. On ne les voit qu’à de rares occasions comme le dîner du jour de la foi, qu’on appelle le frathsin et qui se trouve le troisième jour de la semaine.

Notre père, Arcturus Artellian, reste assez distant, mais tout de même un minimum chaleureux quand il nous croise, mais bon, il est tellement occupé avec son poste de seigneur qu’on ne le voit vraiment pas souvent.

Quant à notre mère, Larissa Artellian, on la voit bien plus souvent au moins une fois par jour pour le frath, le dîner. Bien qu’aimante et bonne mère, elle reste tout de même un véritable mystère pour tout le monde, même nous ses enfants.

Notre mère est une Coria, elle est originaire de Cordiande. Une monarchie où les femmes sont les seules instigatrices.

Et où les hommes n’existent pas au passage !

Elles sont nettement reconnaissables avec leurs cheveux blonds comme les blés et leurs yeux céruléens et au fait je tiens de ma mère donc j’ai exactement les mêmes particularités.

Oh, j’ai oublié de parler de la personne la plus importante pour moi. Ma tante !

Arriana Artellian, une femme discrète qu’on ne voit pas très souvent si on ne vient pas la voir et autant dire que je suis la seule à venir la voir. Pour moi, elle est un peu comme une seconde mère.

En-tout-cas des fois plus présente que ma véritable mère qui semble garder une certaine distance avec nous, ses enfants.

Voilà donc ma famille et les relations que j’entretiens avec.

Compliqué de faire dans la normalité quand on sait qu’on est né dans une famille qui “trône sur des milliers d’autres”. C’est la chance du hasard et je considère qu’il ne faut pas l’oublier, bien au contraire ! Luven ne semble pas vraiment en avoir conscience à mon avis.

J’observe toujours les gardes s’entraîner quand je crois entendre une voix s’adressant à moi. Je n’y apporte pas une grande importance et retourne à ma contemplation des maniements de la lame.
 
“Demoiselle Narina, m’écoutez-vous ?!”

D’accord, cette fois-ci, je ne peux plus nier de ne pas m’avoir entendu vu le haussement de ton de la personne qui vient de m’interpeller. Je me redresse sur ma chaise, étant précédemment affalé sur mon bureau, et tourne ma tête vers la provenance de la voix.

Oh ! Que fait le secrétaire personnel de notre père ici ? C’est inhabituel. Voire même étrange.

“Vous avez toute mon attention désormais.” dis-je en toute politesse pour ne pas me faire interpellé plus que cela sur mon comportement par la suite.

“Bien. Tout d’abord mes salutations prêtresse Quila.” commença-t-il en faisant le salut réglementaire envers toute personne du temple du soleil (lever main droite, mettre sur le cœur et relâcher vers arrière avec abaissement du torse vers l’avant) “Sir Lucan, Demoiselle Narina vous êtes demandé dans l’étude de votre père dans les plus brefs délais. Je vous prie de bien vouloir me suivre.”

Lucan et moi, nous nous regardons un moment dans le doute de ce que la situation voulait dire. Étonnant que notre père s’intéresse en premier lieu à nous alors il est d’autant plus étonnant qu’il nous fasse demander dans un second.

Nous commençons donc à suivre le fidèle serviteur de notre père qui tout le long du trajet resta muet comme une tombe, ce qui ne nous a pas vraiment donné envie de taper la causette entre nous. C’est donc dans un silence des plus stressant que nous entrons dans le bureau de notre père en effectuant une révérence pour ma part et un salut simple pour celle de mon frère.

Au moment de relever la tête, je pressens déjà la catastrophe nous planer dessus, mais en voyant le visage de mes parents et de mon grand-frère réunis devant nous, le doute se confirme.

Il se passe quelque chose.

Quelque chose de grave qui plus est.

J’observe donc le bureau afin de capter un détail traite de l’information capitale que nous allons bientôt devoir encaisser et je me prends à prier secrètement qu’il ne soit rien arriver du tout à Luther pendant sa formation. Un coup d’épée mal placé peut faire tellement de dégâts.

Mon regard se trouve attiré par les lettres empilées sur le bureau derrière mon père et j’aperçois nettement la couleur de l’enveloppe posée sur le dessus. Rouge. Rouge comme le sang. Rouge comme la guerre…

C’est la guerre, mais contre qui ?

La tension qui m’habite augmente exponentiellement en fonction du temps qui passe sans qu’une seule parole ne soit prononcée. Ne peuvent-ils pas parler bon sang ?!

“Mes Chers Enfants, une nouvelle terrible vient de nous être faite part…” notre père semble pris d’une tension et cherche ses mots, une première ! “Tuath vient de nous déclarer la guerre suite à un conflit non-résolu qui s’est passé dans le nord.”

Merde ! C’est le seul mot que je peux actuellement dire. Merde, merde, merde, merde ! Un souffle glacé vient de s’abattre une nouvelle fois sur la pièce. La paix vient d’être balayée d’un coup de main comme quelque chose de négligeable.

Tuath, surnommé la théocratie du nord, se trouve donc au nord du continent de Brasken et malgré des tensions politiques présentes depuis longtemps rien ne présageait d’une guerre imminente.

Tuath et Deas n’ont jamais eu de bonne relation et ont plusieurs fois au cours de leurs histoires eu des guerres communes, mais la dernière remontait à si loin que plusieurs génération s’étaient écoulées depuis.

C’est bien trop soudain !

Mais les guerres ne sont-elles pas toutes soudaines ? Je me demande ce qui va se passer maintenant.

« Mais… es-est ce qu-que cela veut di-dire que …. ? » balbutia alors Lucan avec un teint fantomatique.

« J’en ai bien peur Lucan. » confirma alors notre père.

Mon Dieu !

Comment est-ce que j’ai pu oublier ce détail ?!

En cas de guerre, tous les garçons des seigneuries sont réquisitionnés pour la guerre. Or, mon petit-frère n’apprécie pas cela le moins du monde. Moi cela ne me gênerait pas le moins du monde d’y être envoyé puisque je souhaite pratiquer l’art du maniement des armes.

Est-ce que je pourrais épargner Lucan en négociant que ce soit moi qui y aille ? Mais est-ce que cela marchera seulement ? J’ai bien peur que non…

Lucan semble sur le point de défaillir sur place et cela me fait de la peine de voir mon petit-frère comme cela alors qu’il se faisait une joie de partir pour le temple le mois prochain.

“Je suis volontaire pour prendre sa place !” m’écriai-je en priant pour qu’il laisse Lucan tranquille.

Un ricanement se fit tout de suite entendre à la suite de mes paroles, de la part de mon grand-frère, Luven. Il me lance un sourire narquois et dédaigneux avant de s’avancer pour parler.

“Toi ?! Toi ?! Tu te battrais au nord ?! Tu n’auras jamais assez de muscle pour soulever une épée alors combattre, c’est bien en dehors de tes capacités, Chère Sœur. Si tu veux servir ton pays, connais ta place de femme et va au temple prier le Soleil pour notre victoire !”

Son petit aparté m’avait mis drôlement sur les nerfs. Que c’est surprenant ! Autant serrer des poings avant de dire quelque chose que je ne pense pas.

“Luven” gronda silencieusement notre père afin de mettre un terme à cette dispute.

“Je…” voulus-je alors réamorcer sur le sujet important avant de me faire violemment couper.

“Narina ! Cela suffit de cette attitude enfantine !” énonça d’une voix claire notre patriarche “Quant à toi Luven, tu ferais mieux d’enlever ce petit sourire en coin tout de suite avant de le regretter !”

Luven se redressa et finit par se rasseoir à sa place en regagnant une expression neutre, bien que le regard qu’il coula vers moi fut assez équivoque. Pourtant, je ne veux pas laisser le sujet s’enterrer parce qu’un petit abruti est intervenu sans faire preuve de respect pour la personne qui parlait alors je n’en démordrai pas !

“ Je ne vois pas pourquoi notre famille enverra tous ses fils à la guerre si il y en a qui n’aiment pas cela et qui peuvent être remplacé par un membre de la même famille ! “ dis-je le plus vite possible dans la peur d’être coupé.

“NARINA !” gronda encore une fois notre père, le seigneur Arcturus “ J’ai dit que cela suffisait ! Tu n’as pas ton mot à dire alors reste à ta place et arrête de débiter de telles sornettes !”

Je sentis les larmes me venir aux yeux petit à petit, mais je ne pus m’empêcher d’être en colère pour cela. Foutu yeux de merde qui chiale tout le temps sans qu’on leur demande quoique que ce soit ! On peut dire que c’est des larmes de rage dans ce cas ?

Oui !

Totalement !

Mon regard reste fixé dans celui de mon père, pas la peine de regarder mes frères ou ma mère si c’est pour voir soit du dédain soit de la “bienveillance”.

Incapable de contrôler mes yeux, je préfère m’éclipser tout de suite pour aller vers mon seul réconfort.

J’aurais voulu rester planter là à continuer cette joute de regard, fière de ma position et insurmontable, sauf que les regards portés sur moi m’ont bizarrement donné des sueurs froides.

——-

Bonjour bonjour, me revoilà ce soir avec une version modifiée du premier chapitre poster hier. J’ai essayé d’alléger la forme des paragraphes afin qu’ils paraissent moins massif qu’avant, mais je n’ai pas non plus trop sabré dans ce qui y était dit parce que cela reste important.

J’ai repassé tout le texte au correcteur et mon Dieu toutes les fautes que j’y ai trouvées ! Normalement, il ne devrait pas en rester, mais on n’est jamais trop sûr.

J’ai aussi raccourci le chapitre en suivant les conseils que l’on m’a donnés. Je le laisse néanmoins assez consistant parce que je ne me vois pas couper en plein milieu actuellement. Je garde à l’esprit que cela reste un chapitre d’introduction dans un autre monde et que forcément, il est plus lourd à lire avec toutes les informations qui y sont données relatif au monde.

Je note toute de même pour la suite de ne pas faire des chapitres énormes et que cela pourrait ennuyer les lecteurs.

Je laisse la première version telle qu’elle afin de permettre aux gens de voir la différence entre les deux et se faire leurs propres avis.

Signé Hakas.

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bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

Bravo Hekiah, la longueur idéale!
Je ne crois pas que l’héroïne va céder si facilement.
Je trouve que ton écriture est aérée et limpide, j’attends la suite qui promet d’être mouvementée.
Tu peux corriger ce que tu veux, mais n’oublie pas d’y prendre du plaisir.

DeJavel O.
2 années il y a

Bonjour Hakas,

C’est une très bonne modification que tu nous proposes. Finir sur le conflit familial au milieu de la tension face à la guerre me semble parfait. On a envie de connaître la suite ! Je n’ai pas ressenti de longueur, désormais tout s’enchaîne bien. Bravo ! On continue !
…et je suis d’accord avec les propos de Christophe. L’auteur décide, car il doit aimer ce qu’il fait. Nous serons donc au poste pour le prochain Chapitre !

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