Ouais, mon pote. (partie I.I)

22 mins

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Avertissement: ce que j’ai écrit va peut-être paraître un peu fâchant pour certaines personnes, alors je tenais à vous prévenir: 

NON. Ce n’est pas obligatoirement mon avis. NON, je ne cherche pas à me faire frapper. NON, vous ne devez pas striker ce texte juste parce que votre égo ne le supporte pas. Nous sommes tous des individus sensés, je crois l’avoir dit quelque part. Acceptons les travaux des autres sans rage, s’il vous plaît. 

Merci de votre compréhension, et bonne lecture. je repasserais pas ici pour apporter quelques corrections. 
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L’histoire débute parce qu’un jour de mai, j’ai revu un ami du collège. 
Tout commence comme dans un roman d’apprentissage ou un fichu récit de nostalgique, mais je ne sais pas comment vous pourriez vraiment le situer. C’est ni un conte, ni un roman de fantasy, rien. Juste, j’ai rencontré un pote, et ma vie a subi un vrai changement. 

J’ai 20 ans, et je n’ai pas de prénom. Enfin, si, mais je ne veux pas le dire. 
Je ne vais plus à l’université, je bosse comme serveur dans un restaurant local sur mon île perdue, avec des gens perdus et des touristes qui se sont perdus. C’est le trou du cul du monde ici, nous ne sommes que cinq mille, perdus dans la Méditerranée. Les conditions sont dures, le patron n’est pas sympa tous les jours, mais je gagne bien ma vie, je suis heureux. 
J’avais une petite amie jusque récemment, on allait partout, on s’amusait comme je ne m’étais jamais amusé, c’était vraiment la meilleure relation que j’avais eu jusque là.
Et puis, elle a été détruite par la pression que tout le monde lui mettait, elle est devenue schizophrène. Et il y a moins de six mois, elle avait tenté de me planter un couteau dans le coeur. Elle s’est ratée et a tenté de le faire mieux, par perfectionnisme. Je l’ai pris dans le ventre dans la région de ma rate et mon estomac plusieurs fois.

J’ai à peine eu le temps d’appeler la SAMU et de dire mon adresse avant de m’effondrer au sol. J’ai passé trois semaines dans le coma. Ils ont dû faire une ablation de la rate, maintenant je risque ma vie chaque fois que quelqu’un tousse. Certes, j’abuse peut-être un peu, mais c’est un peu comme cela. 
Je n’ai pas perdu mon travail, heureusement. C’était l’hiver, un jour de mi-novembre, il y avait peu de monde qui venait au resto, et nous étions deux à faire le service durant cette saison en temps normal. Mon patron était certes assez lunatique et irritable, mais il se montrait toujours très compréhensif pour les questions de maladie, ou d’argent en général. Tant que ce n’était pas en été. En été, il devenait terrifiant, je peux l’assurer. 

J’ai commencé à travailler à seize ans. Je détestais l’école, l’école me détestait. Les gens me dégoûtaient, tous des enfants de riches, des gens qui s’inventent une vie, ou alors des abrutis qui s’écrasent pour suivre des trisomiques qui ressemblent à des pangolins coiffés d’une perruque synthétique. Vraiment, je hais l’école, même maintenant. 
Et je dégoûtais les gens, évidemment, parce que je ne voulais pas qu’ils me noient dans leurs stupidités. Les gens qui parlent de moi dans mon dos, non merci ! 

J’ai par conséquent, quitté à seize ans, dès que j’ai pu, en soit. Mes parents m’ont hurlé dessus, j’ai été déshérité et presque renié. En même temps… Ils voulaient que je fasse médecin comme mon grand frère, une grande école comme lui, que je sois riche comme lui, que je puisse les soutenir financièrement quand ils seraient vieux, exactement comme il le répétait à chaque repas de famille le samedi, quand il était là et qu’il ne coursait pas des filles dans la rue en criant ”Nezuko-chaan”. Quand je leur ai dit que je ferais un CAP cuisinier, ils m’ont regardé avec mépris et déception. Je suis sorti de chez moi dans la semaine qui suivit avec un sac à dos où j’avais fourré le minimum nécessaire, et je ne suis jamais revenu. Ils n’avaient qu’à crever, puisque c’était comme cela qu’ils me parlaient.

La seule personne qui m’a accepté, et avec qui je suis resté en contact avec joie, c’est ma grande sœur. Elle a presque trente ans, elle est célibataire, mère de deux enfants, qu’elle a eu avec on ne sait qui (même elle ne le sait pas, elle nous a raconté qu’elle était ivre morte quand elle a accueilli ses deux enfants). Elle travaille comme chef du service Pneumologie de son hôpital. 

J’ai donc fui ma maison avec un sac et cinq cents euros en poche, j’ai dormi dans la rue quelques temps. Des fois, j’étais chez ma sœur, des fois je dormais chez des gens que je connaissais à peine. J’allais beaucoup en soirée juste pour avoir un lieu où dormir. Je buvais comme un trou pour oublier ma pauvreté et mon rejet. 
C’est vers ce moment que j’ai commencé plusieurs travaux à temps partiels. Parmi eux, il y avait un emploi de chargé de la plonge dans un restaurant sur une île voisine de la mienne: c’est là que je suis encore actuellement en tant que serveur. 

J’ai grandi comme ça, entre les soirées, la rue, la maison fraternelle et les hôtels underground à trois cent euros le mois. Je m’en sortais comme cela, j’étais assez satisfait, même si ma vie n’avait que peu de goût. 

Il y a deux ans, j’avais rencontré ma petite amie, et depuis vous savez ce qu’il s’est passé. 

J’ai repris le travail en mi-janvier. Mon patron était heureux, il avait commandé plein de matériel et les livreurs ne les avaient même pas défilmés ni rien. Donc j’ai passé toute une journée à défilmer des frigos à deux portes, des fours professionnels, à déballer des cartons d’assiettes et de couverts. 
Vraiment, ils n’auraient pas pu le faire eux-mêmes ? J’étais sans rate, moi, le médecin m’avait interdit de trop forcer sur mon corps. 

En une semaine, je m’étais dépêtré de tout ce fatras. J’avais rangé les couverts, jetés plusieurs sacs poubelles remplis à ras bord, insulté de tous les noms ces fichus livreurs. 
Bon, je riais à moitié en m’en prenant à eux. Ils étaient sérieux, ils avaient montés toutes les machines et défilmés ce qu’ils devaient défilmer, à chaque fois, ils étaient volontiers altruistes et travailleurs, ils aidaient à déplacer des meubles, à nous emmener ce qu’il nous manquait, même à six heures du soir, alors qu’ils ont une famille. Ils discutaient avec nous en paix, ils ne cassaient pas tout. Vraiment des individus phénoménaux. En plus, leur entreprise avait un service après-vente d’une bonne qualité, même si des fois, il y avait des gens qui oubliaient leurs machines, mais dans ce cas, je venais les récupérer en peu de temps, avec l’accord de mon patron évidemment. 

Et voilà, depuis j’avais repris ma vie, mais sans petite amie. J’avais organisé la fuite de celle-ci, mais nous communiquions toujours par internet grâce à une application sécurisée, après qu’elle se soit abonnée à moi sur un réseau social connu et m’ait envoyé son nom sur la messagerie par message privé en me signifiant que c’était urgent. Elle ne se trahissait jamais. J’étais ”MC”, elle était ”Her”. Vous pouvez me désigner par mon pseudo, tiens. 
Comment j’avais pu savoir que c’était elle ? Elle m’a envoyé un message au tout début, où elle a écrit ”Tu te souviens du lapin noir sur le balcon ?”. 

C’est une référence que seul nous deux avions. Personne d’autre ne connaissait l’histoire de ce lapin qu’un enfant, qui vivait dans l’immeuble voisin de chez nous, s’amusait à attacher par les pattes et faire descendre dans l’air. 
Un jour, la corde n’a pas tenu le lapin. Le garçon l’avait attaché et était parti, sûrement pour le repas, et nous regardions ce pauvre lapin sur le balcon. Tout à coup, le fil ne l’a pas tenu, et nous avons entendu l’animal crier en tombant.

 Il a heurté le sol, puis une voiture l’a écrasé, puis une moto, et un oiseau lui a largué une bombe dessus, ainsi qu’un chien errant. Finalement, je suis descendu lui donner un peu d’amour, donc le prendre et l’enterrer avec les moyens du bord. Un sac en plastique avec le corps raide, une petite pelle de jardin, et c’est tout. Je suis allé dans un parc voisin, sous un chêne, et je l’ai enterré là, avec une petite croix de Jésus. J’espère vraiment qu’il repose en paix. 

Mais du coup, j’ai toujours contact avec elle. On discute de tout et de rien, mais sans évoquer une seule seconde notre relation. Nous discutions de la société, de sa maladie, de ce qu’elle faisait. 

J’avais fait en sorte qu’elle fuit de l’île avant son arrestation, elle était donc actuellement en Corée du Sud, où elle avait changé de nom et d’apparence.
Elle avait une relation avec un local, pas toxique, juste entièrement joyeuse et pleine de rebonds, le genre dont toute femme peut rêver. Seul bémol: il était très intolérant aux nouvelles choses, en particulier la culture maghrébine. On pouvait presque le qualifier de raciste invétéré. 

Je savais qu’elle était sérieuse en disant cela et qu’elle le faisait pour que je sois protégé, et elle aussi, pour qu’elle soit intégré et insoupçonné par les gens autour d’elle. Pas pour me blesser et enfoncer le couteau dans la plaie, évidemment, nooon.
Bien sûr, elle m’expliqua que c’était un peu dur, et que des fois, elle passait à peu de choses de dévoiler sa vraie identité. Mais elle avait toujours très bien menti, et ce don n’avait pas disparu. 
Elle jouait comme si nous étions simplement amis, et qu’elle était quelqu’un qui n’assumait pas d’être qui elle est, et avait besoin de déprimer avec quelqu’un pour se sentir moins seule. Mais au fond, elle n’avait pas tourné la page sur moi, elle m’aimait toujours, et je savais qu’elle s’en voulait d’avoir failli me tuer. 

Pour éviter d’avoir à se soigner avec des médicaments durs qui auraient juste aggravé son cas, elle avait des méthodes anti-schizophrénie. Déjà, les crises n’arrivaient pas n’importe comment: plus elle stressait, plus elle avait de crises. C’est pour ça qu’elle travaillait comme journaliste freelance. Elle stressait le jour, seule, et pouvait démener ses nerfs contre des meubles à bon marché, qu’elle achetait à cet effet. 

Quand elle m’expliquait en quoi consistait sa façon de se calmer, je me rendais compte que sa maladie ne s’était pas améliorée et qu’elle était bien malade, pour de vrai.  Elle massacrait un meuble, et repassait une dizaine de fois dessus, avant de le brûler en riant. Elle ramassait les cendres et les jetait ensuite dans un profond trou, qu’elle avait creusé pour l’occasion. La police était venue l’interroger, et elle avait montré sans résistance son trou plein de cendres. Elle leur avait laissé faire des analyses, et ils lui avaient demandé d’arrêter de rire en les brûlant, parce qu’elle faisait peur aux voisins. 
Donc, elle cessa de rire en détruisant, et se plongea dans des études approfondis de ce qu’elle faisait. 

Pour éviter de penser au meurtre et au danger que pouvait poser des gens qu’elle savait innocents et gentils, elle cherchait à avoir l’esprit toujours occupé. Elle avait commencé cette stratégie deux semaines avant que je revois mon ami du collège. 

Et donc, ce jour de fin mai, je revis un ancien camarade de collège. 

Je vous situe le contexte. Je suis sorti pour aller acheter des frigos d’occasion chez le vendeur avec le service après-vente parfait, et j’étais donc en train de marcher vers ce lieu à pied. Le patron m’avait donné tout l’après-midi de libre pour choisir ce que je voulais au meilleur prix, parce que j’ai un vrai don pour bien choisir le meilleur matériel au meilleur prix. (évitez absolument les marques chinoises, ça coûte pas cher mais ça ne tient absolument pas !)

J’étais dans la rue Forestière, qui porte très bien son nom. Des rangées de vieux immeubles, entourant de leurs longues ombres des arbres centenaires. La chaussée était défoncée et soulevée par endroits, mais ce n’est pas si important. Tant qu’on peut marcher sans trop avoir besoin d’escalader des montagnes, qu’est-ce que je m’en fiche des trous dans le sol ?

La municipalité a situé que c’était l’issue la plus urgente, mais je pense qu’ils se trompent: ils devraient rénover les quartiers qui partent vraiment en ruines, ceux que les Allemands ont fait sauter pendant la dernière guerre mondiale, par exemple. Il y a plein de gens qui vivent dans ces merdiers. Mais pour ça, ils n’ont jamais l’argent, je ne sais pas pourquoi. 
Soit. 

Je marchais là-bas, dans la direction de la rue principale de ma bourgade. 
Lui marchait dans l’autre direction, sur le même côté de l’avenue. 

Il portait un pull à capuche, des pantalons, une vieille casquette et un sac à dos. Je le reconnus directement. Pas parce qu’il portait tout le temps des pulls à capuche avec les manches retroussées, ou parce qu’il avait le même sac à dos qu’au collège. Je le reconnus uniquement parce qu’il me fit un signe, en lieu et place d’un bonjour, que seul lui faisait.
Il lève la main droite, tend l’index en l’air tout en fermant le reste du poing, puis il fait un angle droit, fait des ronds avec son épaule dans cette position, et finit par remuer sa main de droite à gauche. 

Il se nommait Arno. Drôle de prénom, pour un drôle de type. Quand j’étais au collège, c’était le geek par excellence, toujours à jouer à des jeux vidéos dès qu’il avait une minute, même en cours. Il allait pas souvent en cours, sûrement que les jeux de stratégie avec des graphismes d’anime et des personnages se nommant Noelle étant des ”maid” le captivait trop. Avec moi, il était assez gentil, peut-être parce que j’étais marginal et sans amis. Avec les autres, il leur recommandait des jeux auquel jouer, avec même pas trois termes qu’on lui donnait. Mais en fait, il n’avait pas vraiment d’amis. Une fois qu’il avait recommandé, il retournait jouer à ses jeux vidéos. Il était particulièrement fan d’un jeu de ligue de légendes, il en parlait avec des étoiles dans les yeux dès que quelqu’un pouvait lui prêter une oreille attentive sans bâiller ( et c’était rare, souvent les gens l’évitaient encore plus qu’ils m’évitaient). 

Un jour, en milieu de troisième, il a arrêté totalement d’aller en cours. On pensait tous qu’il jouait à ses jeux de guerre, mais en vérité, il était tombé gravement malade. Puis j’étais parti en CAP, et je ne l’avais plus jamais revu. J’avais entendu toutes sortes de rumeurs sur lui: qu’il était mort, qu’il avait fait le tour des infirmières, qu’il se faisait même les docteurs. On m’avait dit qu’il portait tout le temps un pull à capuche, un pantalon, une vieille casquette et un vieux sac à dos, mais j’avais oublié ce détail quand je le rencontrais dans cette rue et qu’il me salua de la main. 

Il commença la conversation par un:

”Mais ça fait un bail, vieux ! Comment tu vas ?”

“Euh… Arno ?”

“Ouais vieux, c’est moi, Arno. Comment t’avances ?”

“Euh…Bien, je pense.”

“T’es serveur, maintenant, je crois ? On m’a raconté que t’avais foiré ton CV quand t’as voulu entrer dans un gros resto ici…”

“Oui… Mais c’est du passé, je suis bien serveur dans un petit resto, avec une très bonne ambiance.”

“C’est où, dis ? J’ai entendu tous les noms et aucun, donc j’ai jamais vraiment su.”

“Je travaille au Restaurant ‘Mare e Machja’.”

“Oh, le truc de gros bourge là ? J’ai entendu que depuis le changement de proprio, c’était devenu grave bien. Dommage que ça soit toujours vide. Je devrais y emmener ma go un de ces jours. Ta vie sentimentale ?”

“Hm… Désastreuse.”

“Ah ? T’as enchaîné rupture sur rupture ? Ou genre, ta meuf c’est une yandere et elle a détruit toute ta vie, quand t’as voulu rompre, elle a souhaité te tuer ?”

“C’est compliqué…”

“Ah, les ruptures ?”

“Ce n’est pas ça…c’est compliqué, je te jure.”

“Bon, j’aime pas forcer…Ok, t’es sorti quoi faire, tout de suite ?”

“Acheter du matériel.”

“Bon, je viens avec toi. J’allais rentrer à l’appart’, mais on s’est pas vus depuis un bail, j’étais en train de penser à toi avant qu’on se croise dans la rue.”

“Tiens ? Moi, je ne pensais pas à toi, j’étais en train de jauger quel four serait le meilleur à acheter.”

Il ria face à ma remarque, puis poursuivit la conversation :

“Chaque individu pense une chose différente, t’façon. Bref. On continue à parler pendant qu’on marche ?” 

“Euh… si tu veux ?”

De quoi pouvions-nous parler ? je lui avais parlé maximum trois fois dans l’année de troisième, je n’avais aucune importance à l’école. J’étais invisible, et ça me convenait.

“Tu sais, mec, je vais paraître chelou, mais je te regardais comme un fichu héros de jeu vidéo, quand on était gamins. Jamais à broncher, à crier, à sourire, rien. La seule émotion que tu montrais, c’était de l’ennui, et tu paraissais constamment ennuyé, j’te jure. Je cherchais le jeu vidéo parfait pour te décrire quand je n’étais pas occupé sur Ginshen Impact.”

“Tu l’as trouvé ?”

“Non, pas quand tu étais avec moi au collège.”

“Ah ?”

“Comment j’aurais pu trouver un jeu pour te décrire vraiment quand t’es parti aussi vite ? J’ai lu un manga humoristique sur un gars qui ponctuait ses phrases de ”what a grief”, et c’est uniquement là que j’ai pu t’associer à quelque chose qui existait vraiment.”

“Tiens ?”

“Oui. T’étais un personnage de shonen, en fait. Un gros perso de shonen comme on en trouve jamais dans la vraie vie normalement. Pas de jeu vidéo indie, mais de manga. T’étais si incroyable… Je t’admirais vraiment. Ouais, en fait, je crois bien que c’était même de l’amour que j’ressentais… Désolé, j’vois bien que ça te gêne. Mais j’avais vraiment besoin de te l’dire un jour.”

“Tu étais gay ?”

“J’étais heureux, oui. Au final, au lycée, j’ai découvert que j’aimais autant les garçons que les filles. J’ai fait mon coming-out en tant que bisexuel, pas par mode, mais parce que c’était vraiment ce que j’ressentais. Cependant, j’ refuse de faire de l’anal. Désolé, mais j’refuse d’éprouver du plaisir sur d’la douleur. Et puis, souvent, les gens savent absolument pas le faire correctement, ça fait plus de mal que de bien au partenaire. Mes parents m’ont pas renié. Mes potes m’ont pas haï, rien. J’ai clairement spécifié, par contre, que j’étais pas de la commu LGBTQ+. J’adhérais pas à leur politique pour faire parler d’eux… J’espère que t’es pas trop fan des LGBT, si tu veux je la fermes.”

“Non, continue.”

“Bref. J’ai bien précisé que j’avais rien à voir avec eux, même si j’étais bi. J’ai eu des fleuves d’insultes, tous des trentenaires frustrés qui s’acharnaient sur tout et n’importe qui. J’ai bloqué en masse sur Insta, j’te promets. Et puis ça s’est calmé. J’ai pas faibli, eux si. Ils ont renoncés à créer dix comptes pour me bombarder de haine. Je crois que c’est parce que j’ai porté plainte contre ceux dont j’connaissais le vrai nom. “

“Ce fut donc dur pour toi ?”

“Ouais. Mais mec, pour en revenir au sujet de base, si je suis bi là, c’est parce que j’étais amoureux de toi furieusement. J’avais des rêves sur toi, je rêvais de devenir une fille juste pour qu’on fasse des choses adultes ensemble. Et puis t’es parti, je me suis remis en question: qu’est-ce que je foutais ? Qu’est-ce que j’avais foutu, en fait, de toute ma vie ? A part t’aimer et te fuir parce que je t’aimais trop, qu’est-ce que j’avais fait ? J’étais tombé malade à force de penser à toi, mec. C’est pas ta faute, hein, va pas tout porter comme un héros de shonen. C’est moi qui était trop con. J’étais dans cette chambre d’hôpital, incapable de bouger même le petit doigt. Et j’ai réfléchi à toute notre histoire, à pourquoi j’étais amoureux d’un gars random avec qui j’avais parlé maxi trois fois ? Je sais pourquoi je te parlais pas beaucoup, bien sûr. J’avais peur de me trahir quand tu parlais avec ta voix que je trouvais sublime. Je voulais pas montrer que j’étais malade de toi, et tu t’en es jamais rendu compte. Tout le monde me traitait en chômeur, mais pas toi.”

“Oh si, si tu savais. Je te voyais comme les autres, parce que c’était qui tu étais, Arno. Un geek acharné. mais en fait, t’essayais de…noyer tes sentiments. Désolé, je me retiens de hurler de surprise…”

“Oui, bah y’a de quoi. Un type que t’as pas vu te parle et direct, t’avoue qu’en fait il avait un gros crush sur toi. Si t’étais pas choqué, même un minimum, j’t’aurais biflé comme un vrai homme.”

“Evites, ça laisse des marques sur les gens si tu le fais trop fort.”

“Tu parles comme un pro, ça me fume.”

“Normal, je suis un pro pour de vrai.”

“Bon sang, je te savais pas comme ça mec”. 

“Et pourtant…Bref. Regardes, nous arrivons devant le magasin.”

“Ah ouais, tu vas pas à Ville Conso comme tout le monde ? ”

‘Non. Ils ne proposent que du matériel chinois de gamme inférieure, et n’ont aucun service après-vente. je préfère éviter.”

“Hm… Donc tu vas où ?”

“Frigeau Magasins. Ils sont localisés à environ un kilomètre et demi du resto, mais ce n’est pas grave, ça me fait une petite marche. “

“C’est important, le sport. Moi, j’fais du jet-ski, j’vais à la salle trois fois par semaine, avec ma meuf on va faire des randonnés le week-end.”

“Le lac de Melon, par exemple ?”

Les gens parlaient souvent de cette sentier comme d’une grosse randonnée.

“Ouais mais non, ça c’est une promenade de santé. Si on le fait, c’est qu’on s’échauffe pour un gros truc. ” répondit-il d’un air un peu déçu. 

“Ah, des vrais randonneurs…Tu as drôlement changé en moins de cinq ans !”

“Tu trouves ? Moi, je le trouve pas. Je fais la même taille, alors que toi t’as pris encore trois têtes, je passe pour un  nain maintenant avec mon mètre soixante.”

“Juste un mètre soixante ? Si tu avais été une fille, je pense que ç’aurait été une taille normale, mais en tant que garçon, c’est drôlement petit. Ta petite amie est plus grande que toi, par ailleurs ?”

“C’est pas dur de faire plus grand…Elle fait cinq centimètres de plus…”

“Je suppose que ça doit être dur pour toi.”

“Tu fais pas que supposer, t’inquiètes. J’ai pas pu faire plein de boulots juste parce que les gens me croyaient pas quand je disais que j’étais majeur. Envie de les frapper, ces cons-là.”

“Hmmm…Bon, on rentre dans le parking du truc, laisses-moi me concentrer.”

Il accepta ma requête et se tint silencieusement à mes côtés, scrutant d’un regard songeur les environs. Dieu sait ce qu’il pensait. Il y avait tout à coup un immense blanc dans la discussion, mais c’était agréable. Pourquoi les gens sont gênés, de ne pas pouvoir toujours parler de quelque chose, avec quelqu’un ? Il faut bien reprendre son souffle, et réfléchir à ce qu’on vient de penser, non ?

Je posais mon choix, après avoir fait le tour du site et discuté avec les employés, sur un four italien, une plancha française d’occasion et des paquets de serviettes. Le vendeur, qui était le fils ainé du patron, me déclara que tout serait livré cet après-midi. Il tenta de me vendre des couverts, mais nous en avions bien assez avec ce qu’on avait commandé cet hiver. Nous étions un petit restaurant, après tout. 

L’été arrivait, les arbres en prenaient la teinte. Les gens dans la rue étaient en shorts, robes estivales, tongs, sandales. 
Je pense que mon ami Arno et moi paraissions drôlement hors de date. Lui avec son pull blanc à capuche dont il avait retroussé les longues manches, ainsi que son jeans à trous. Et puis moi, avec mon sweatshirt à capuche bleu délavé. Dans celui-ci, il y avait des poches dedans, et j’y gardais les mains à priori tout le temps. 
Ce qui fait que dans le milieu, les gens ne me connaissaient pas comme ”MC”, mais comme ”Manmoa ”, un raccourci pour dire ”mains moites”. Evidemment, je ne serrais jamais vraiment la main à personne, sinon après, ils développaient un traumatisme sévère. Juste des checks avec le point fermé, puis je remettais vite les mains dans mes poches. Mon téléphone n’était jamais dans cette poche, tout comme mes écouteurs et mon porte feuille. J’avais des shorts qui m’arrivaient aux genoux avec plus de poches que de short, et j’y rangeais tout ce que je viens de mentionner, plus des mouchoirs, mes clés de voiture, des pièces de monnaie. Des fois, j’avais même une brosse à dents, mais ce jour de mai n’était pas une de ces journées. 

On marchait dans la rue, côte à côte, en silence. C’était la rue principale, large d’au moins vingt grands pas et longue de dix fois la largeur. Je ne sais pas la distance précise, désolé. Je n’ai jamais trop aimé faire dans le détail quand j’écris, et je crois que ça ne change pas. 
Dans cette avenue, donc, il y avait un bon petit vent. Les gens diront que c’est fort, c’est abominable, on a pas idée d’avoir du vent à cent kilomètres par heure, c’est terrible ce pays, vraiment vivement qu’on retourne à Lille. 

Je les comprends, d’un côté. Ils ne savent pas l’apprécier, c’est triste, et ils suivent exactement ce que leurs darons disaient. C’est évidemment facile de juste répéter comme un perroquet, c’est injustement dur de savoir voir la vraie et pure valeur des choses. 

Moi, mes parents souhaitaient m’élever comme ces gens: pas réfléchir, juste suivre. Ils étaient à fond contre le racisme anti-maghrébins, à fond pour celui exercé sur les Asiatiques. Personnellement, c’était un peu l’inverse. Je n’étais pas raciste, loin de là. Mais j’avais eu des expériences désagréables avec des maghrébins, et aucune avec les asiatiques. Après, j’étais ami avec très peu de gens toxiques, mais soit. 

J’ai 20 ans, je me fais nommer ”MC”, je suis sans rate, je me promène avec un pote du collège et je suis un fichu ”complotiste”. Franchement, où est-ce que j’ai ”dérapé” ?

Je crois juste que c’est mes parents qui ont foiré leur éducation. Au lieu de créer un gentil agneau, ils ont crée un taureau colérique et antisystème. Ils ont vraiment tout complètement raté avec moi et ma sœur. Mon grand frère a suivi leurs enseignements, cependant, et maintenant, c’est un daron trentenaire beauf, avec une femme comme je n’en souhaiterais à personne.
Elle est assez en chair pour écraser trois bodybuilders en leur faisant porter juste un seul de ses bourrelets. Elle passe sa vie à manger des chips et des bonbons alors qu’elle est diabétique de type II, je ne sais même pas comment elle a réussi à faire des enfants en étant aussi stupide.  Elle est aussi intelligente qu’un mouton, elle reste assise dans un fauteuil toute la journée parce qu’elle est fatiguée dès qu’elle a fait trois pas. Même, elle évite de bouger parce qu’elle risque de traverser le sol. J’ai vraiment…honte de faire partie de la famille de ce type. En général, j’ai honte d’avoir des darons pareils. 

Ma sœur est bien meilleure comme personne, et j’ai déjà expliqué pourquoi. Elle m’a toujours adoré, toujours protégé, toujours aidé. Si ce n’avait pas été pour elle, je me serais suicidé très vite. J’ai supporté mon adolescence, puis j’ai pété les plombs et j’ai fui de la maison à seize ans pour faire mon CAP. Mais même là, elle m’avait accepté. 

J’ai aussi un petit frère, tiens. Quand j’ai quitté la maison, il avait treize ans. Il ne passait pas une seule journée sans sortir. Le soir, il rentrait le plus tard possible, et le matin il partait le plus tôt possible. Un jour, peu de temps avant que je ne parte,  il a eu une sérieuse altercation avec mes géniteurs. 

Il était revenu à la maison, et la femme qui m’a servi de mère lui a hurlé dessus qu’il ne leur donnait aucun amour, aucune attention, qu’il se conduisait comme un étranger, qu’ils aimeraient bien plus le voir, qu’à force il raterait ses études et son entrée en université. Il a pété un câble, et il leur a dit en gros qu’il ne les aimait pas, qu’il en avait marre de tout le temps avoir la pression juste parce que ses deux aînés voulaient vivre la vie comme ils le voulaient, qu’il préférait mourir que de rester dans ce trou à rats, qu’il en avait mais vraiment rien à foutre de paraître apathique ou indigne, qu’il préférait les voir morts que lui dire des trucs comme ça. Il a hurlé dans tout le quartier, pendant toute une heure. 

L’être qui me sert de père s’est mis en colère, il lui a hurlé que c’était comme ça et puis un point c’est tout, que la vie de ce petit con leur appartenait, qu’il ferait médecine sinon il le déshériterait, comme il le ferait quelques semaines plus tard avec moi, même si personne ne pouvait encore le prédire. La femme essaye de le calmer, elle avait toujours était un peu plus gentille et tendre avec nous que le trisomique avec lequel elle était mariée. Elle aussi, elle regrettait de l’avoir épousé, autant que nous d’être ses enfants. Mais elle ne pouvait pas le quitter vu qu’elle l’avait épousé et qu’il était riche, donc elle se forçait à rester. 

Mais, vous savez, j’étais au courant qu’elle comptait divorcer une fois que nous serions tous adultes et indépendants. Elle jouait la colère et le jeu de son mari parce que c’était ce qu’on lui demandait, mais elle n’en pensait pas un mot, elle pleurait souvent dans le toilettes en murmurant avec tristesse ce qu’elle nous avait dit. C’était vraiment atroce pour elle, et c’est pour ça que je nomme ‘femme’. Elle mérite au moins ce nom, pas comme ce sinistre merdeux qui me servait de géniteur. 

Elle n’a pas réussi à le calmer. Il a pris une chaise et il l’a balancé sur son fils en vociférant qu’il était allé trop loin face à eux. Le fils a pris la chaise dans le torse, il a volé contre le mur. Puis il s’est relevé, il a pris ce qui lui avait été jeté dessus, et il a hurlé à sa mère de s’éloigner. Puis il a fait la toupie avec et a assommé violemment l’ordure qui venait de l’agresser. Il a continué à le taper jusqu’à ce que la chaise soit en pièces détachées et inutilisable, et cet individu semblait à peine humain à la fin. 

J’avais assisté à ça depuis derrière la porte. De base, je venais annoncer à mes parents que je voulais discuter sérieusement avec eux, remettre calmement sur la table que je ne voulais absolument pas aller au lycée, et que je souhaitais devenir cuisinier. Je suis doué, en plus, je n’avais pas choisi le domaine simplement parce que l’école me dégoûtait autant que mes parents.
Je voyais toute la scène entre mon frère et cette saloperie qui me servait de père d’un seul oeil, vu que je me cachais, et j’étais partagé entre l’horreur, la joie, et l’excitation. J’avais presque envie de l’encourager à le tuer, en fait,  mais je savais qu’il en avait fait suffisamment en même temps. 

Le père était allongé par terre, le corps entier parcouru de plein de blessures, une jambe était tordue dans une direction anormale. La mère était terrifiée et ouvrait des yeux grands comme des soucoupes, mais elle ne disait rien. 

Mon frère souriait. Il était couvert de sang et de transpiration, mais il gardait un sourire nerveux. Il n’était pas heureux, évidemment. Mais il avait détruit le boss final du jeu vidéo. Il avait conscience,  je suppose, qu’il avait presque tué son père, et qu’il l’avait pratiquement transformé en passoire. La chaise avait beau être métallique, il l’avait quand même détruit. Il a repris son souffle, puis il a dit calmement:

“Maman, Papa. Ne cherchez plus à me joindre. Dites à MC et Ariel que je me casse, je leur reparlerais peut-être. Papa m’entend plus, hein ? Restes endormi, connard. Si tu te réveilles, tu vas juste recommencer à faire du mal. Remets-toi un peu  en question. MC veut pas suivre ce que vous lui avez dit. Acceptez ses choix. Il veut vivre sa vie pour de vrai, lui, pas comme vous deux. Ariel, vous l’avez giflée toute son enfance pour qu’elle fasse médecine, et elle l’a fait. Mais elle s’est trop occupée de nous, alors vous l’avez dégagée. Je ne vous le pardonnerais jamais. Dans cette famille, le pilier qui la soutient, c’est pas vous, ni moi, ni mes frères. C’était elle. Maintenant, regardez votre famille s’effondrer. Capito ?”

“…”

“C’est ça, répondez pas. Vous avez jamais rien répondu quand on avait raison. Toi, Maman, ça passe encore. Tu nous écoutes, tu cherches un peu à comprendre. Mais l’autre fils de pute et son premier fils, c’est deux trisos de la pire espèce. Pas envie de respirer plus longtemps le même air que lui. Désolé, Maman, MC, Ariel. Je pars. le premier qui me suit pour me retenir, je l’empale.”

Sur ces mots, il sortit, le dos voûté. Je l’entendis parler avec son ami Gabriel, que je connaissais. (C’est le petit frère d’Arno mais il avait un an de plus que mon frère. Il a redoublé une classe parce qu’il s’en fiche, c’est pour ça qu’il est pote avec ma fratrie.)
Il lui demanda s’il pouvait rester chez lui pour la nuit, parce qu’il fuguait de chez lui, il s’était fait daronned. 

Il n’a même pas appelé une ambulance, rien. Il est juste parti dans le noir, le téléphone à l’oreille, un sac à dos sur l’épaule. 

C’était un jour de fin mai…

“Mec, t’as l’air plongé dans tes pensées, ça va ?”

Une voix venait de me surprendre. je me rappelais que j’avais croisé Arno dans la rue.

“Oui, ça va aller… Tu veux qu’on s’assoit à un café ?”

“Plutôt un bon petit resto, mec. Il faut faire travailler les concurrents.”

“Hm… s’ils nous acceptent, pourquoi pas ? Mais, je suis fiché dans le coin, ils savent que je suis Manmoa du restaurant Mare e Machja.”

“Pas grave. Je suis pote avec le gérant d’un resto pas trop loin d’ici, c’est une pépite, ce qu’il peut te préparer, j’te jure.”

“Je vois…D’ailleurs, ta famille, ça va ?”

Il me regarda comme si j’avais fumé, puis éclata de rire, avant de répondre, quelque instants plus tard:

“Oh oui, il s’éclate, lui. Il a bientôt dix-huit ans, il va en classe avec ton petit frère. Il s’est fait mettre dehors par le père, apparemment. Mais j’ai entendu dire que le daron a passé quelques semaines à l’hosto. Et par coïncidence, c’est le jour de sa sortie que tu as fui. c’est ça ?”

“Hm…  Ouais, c’est ça. “

“Mec, sois pas gêné, dis ! Ton frère, ouais… Tu veux des nouvelles ?”

“Oui ? C’est légèrement le seul de ma famille avec Ariel que je regarde sans avoir honte.”

“Hmm… Quand tu as été mis dehors, il est retourné chez vous tandis que personne n’était là. Il est venu avec une batte de baseball, accompagné de ses potes qui avaient aussi des battes de baseball. Gaby était de la partie. Ils ont cassé la porte, puis ta fratrie est rentrée dans la maison. Il est monté dans ta chambre, la sienne et celle de sa soeur, où il a tout récupéré en silence. Il a tout mis dans des sacs de supermarché, et avec ses amis ils les ont sortis et posés sur une charrette qu’ils avaient louée. Un gars avait un quad, il l’a pris pour la tirer. Une fois les chambres vidées, il a fait venir mon frère.”

Il prit une inspiration, et je le comprenais.

“Tu vois, mec, ton frère était vraiment furieux. Il a fait venir quinze personnes avec lui ce jour-là. Un conduisait le quad, cinq montaient la garde partout autour de la maison, tout en restant discrets. Quatre posaient les sacs sur la charrette. Et quatre suivaient ce petit gars.”

Il réfléchissait un court instant, puis me fit signe de la main de prendre une rue adjacente, ce que nous fîmes. Il recommença à parler.

“Il avait préparé une pince coupante, des masses, des marteaux pour ses copains. Mais ton frère, lui, il juste récupéré une chaise dans la cuisine, et il a tapé de partout. Il a déboîté l’évier, le robinet. Il a explosé le four, fracassé le micro-ondes contre la hotte. Puis il a détruit le couvercle du lave-linge, et il y a mis tous les couverts en métal. Il a balancé avec de l’acide chlorhydrique qu’il s’était procuré on ne sait où. Il a posé des bombes artisanales, a fait les finitions. Il les a reliées entre elles avec des mèches courtes qu’il avait bricolé, et il a fait sortir et s’éloigner de la maison tout ses potes. Il leur a dit de partir devant avec la diligence vers chez Gaby et qu’il les rejoindrait plus tard.”

“Et quoi, il est mort, ce fou ?”

“Noon ! Ton frère qui meurt, même toi tu l’aurais su. Il a juste regardé la maison explosé avec un sourire, et on m’a rapporté depuis que c’était un vrai sourire de joie. Il était heureux de faire cela. Après, il a passé toute la pelouse et le jardin au sel et à l’essence, et il a tout fait brûlé. Gaby l’avait attendu en retrait de la scène, et ils sont partis ensembles comme s’ils n’avaient rien fait.  Mon frère m’a dit que Giallo était vraiment incroyable, même si ton frère assume ni son prénom ni son courage auprès des gens.”

“Ouais… D’abord, gros con Romain. Puis Ariel l’ange, moi le fugueur, et Giallo le délinquant. C’est une drôle de fratrie que la mienne.”

“Je te le fais pas dire. Oh…On y est mec, regardes.”

Devant moi, il y avait un restaurant, mais ce qui me choqua, ce n’était pas le bâtiment. 

C’était les serveurs. Il y en avait cinq qui circulait entre les tables comme des pilotes de formules un, occupés à faire le service d’une dizaines de personnes, principalement des clichés de l’alcoolique quinquagénaire. 

Parmi les serveurs, j’en reconnaissais deux. 

Le premier était le frère de mon camarade Arno, avec lequel je parlais. 

Le second était mon frère. 

On se croisa des yeux avec lui, et puis il me demanda, incertain,  en tremblant d’émotion:

“Fra…Fratè ?”

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1 Commentaire
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Plouerzoc'h Timeho
3 années il y a

Hum.. c’est une histoire très particulière avec une ambiance post-apocalyptique (ce n’est qu’une vision à chaque paragraphe lu).

Ce qui m’interpelle, c’est cet univers familier qui se dégage d’ici que l’on peut trouver dérangeant, angoissant… Les mots sont très bien alignés pour alimenter l’esprit du lecteur. Parfois difficiles à entendre.
Et puis honnêtement ce début d’univers me fait penser à un livre dont je ne retrouve plus le nom. Car c’est un mélange de tout.

En tout cas il est bon de savoir que tout ceci semble être finie et qu’une nouvelle aventure commence….

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