Carnet de vie, de hasard et de voyage.3

2 mins

L’incroyable talent 1972

La douche à l’internat c’était le jeudi soir à 19h, ou plutôt à « sept heures » comme on disait de ce côté-là de la méditerranée.
Pourquoi le jeudi ? Sans doute car c’était le dernier jour de la semaine avant le vendredi, où beaucoup partaient en week-end, et que l’on avait accumulé suffisamment de crasse pour justifier ce transport de propreté !
Dans notre bande d’ados, ceux disposant d’un père et d’une mère, et donc d’une « éducation » étaient l’exception, aussi n’étions-nous pas, vraiment motivés, pour quitter nos lits alignés et pour descendre au sous-sol, où se trouvait la douche commune, pour sacrifier à ce rituel hebdomadaire.
D’autant que l’hiver à Alger était glacial, surtout dans notre grand bâtiment à vocation de caserne, aux grandes hauteurs de plafond et aux menuiseries approximatives.
Nous étions tout de même dotés d’un chauffage central, dont un des surveillants, par dérision, nous avait donné la marque, le chauffage « par SIMONI » individu, que les crétins frigorifiés que nous étions, vouaient aux gémonies !
Autre souci, voire tracas et même de dilemme pour certains, nous ne disposions évidemment pas de peignoirs et cette salle, au sens littéral du terme, de bains rustique, se transformait vite en pédiluve dès la première palanquée douchée, et les rares portemanteaux encore en place, permettaient que suspendre nos serviettes.
Aussi devions-nous descendre dans le plus simple appareil, afin de ne tremper que nos carrés d’éponges crasseux, je vous laisse imaginer les tourments de ces jeunes adolescents aux rudiments de virilité pour la plupart, mais déjà plus des enfants, vivant dans un des endroits où la moquerie et la gouaille étaient portées au paroxysme. Malheur à l’imprudent, laissant apparaitre une quéquette de nourrisson, ou une toison, par trop clairsemée.

Cependant pour l’un d’entre nous, il n’y avait aucun problème le jeudi, en effet dès le rappel du surveillant, il sautait, entièrement nu, sur ses tongs, tenant nonchalamment sa serviette de toilette pendue à sa main droite, marchant avec élégance, alors que nous pauvres hères, nous claudiquions une main devant, une main derrière !
Il dévalait les escaliers décontracté, sa troisième jambe battant la mesure incroyablement lentement, quand nos sexes, eux,  tressautaient ridiculement à chaque degré.
Je me rappelle parfaitement son nom, LAUDREN, et de son long appendice.
Un incroyable talent !

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