Ma douleur

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Ma douleur

   J’ai commencé un soir où mes larmes ne pouvaient s’arrêter de couler. Comme d’habitude sans aucune raison, juste un sentiment désagréable, vide que je n’arrive pas à comprendre. Un sentiment ou une sensation que j’ai envie de cracher, vomir mais je n’y arrive jamais. Alors ce soir-là je me dirige en silence dans ma cuisine et vais chercher un couteau puis, j’entre dans ma salle de bain. Enfermé dans cette petite pièce j’approche la lame de mon bras. Je la sens toucher ma peau. J’ai peur. Je me mets à trembler. En silence j’appuis et fais glisser la lame sur mon bras. Ma vue est floue à cause de mes larmes je ne perçois même pas la ligne que je viens de tracer sur mon bras, la première trace de mon châtiment corporel que je m’inflige. Je me punie de ne pas réussir à faire disparaître ce sentiment qui est devenue douleur au fil du temps. Je continue, j’appuie de plus en plus fort pour me faire oublier ma douleur, pour faire disparaître mon envie de vomir. Je préfère voir mon sang couler. Cette douleur corporelle n’est rien à cotée de ma douleur graver sur mon esprit. Je n’avais jamais ressentie ce soulagement, de pouvoir oublier ma douleur. Après quelques lignes tracées j’arrête et laisse mon corps se reposer. Je suis allée me coucher, seule avec ces marques sur mon bras. Mais je n’ai jamais regrettée, je me comprends, je comprends ma douleur. Ces marques je les ai cachées. De peur qu’on s’inquiète, alors que je vais bien, grâce à cette mutilation. Je me mutile que très rarement, je ne veux pas qu’on le voit. Je veux juste qu’on me laisse.

Cette mutilation me permet de vivre heureuse la journée et quand le soir s’installe et que je ne peux plus supporter ma douleur, je trace des lignes. Cette mutilation est devenue addictive, j’en ai envie chaque soir je me retiens de ne pas aller chercher mon couteau. Mais la douleur est trop présente certains soir, alors je me libère pour une nuit, je me laisse oublier. Car je sais qu’il n’y a pas de solutions pour cette douleur, mon esprit la laissé s’installer et maintenant, elle ne veut plus partir. La mutilation est devenue une obsession pour moi, et mon esprit est devenu une obsession pour cette douleur. Je sais que c’est trop tard mon esprit est déjà enchaîné à elle. Même lui ne veut pas la laisser partir. Certaine de mes amies me parle de leurs douleurs, alors je la compare en silence à la mienne. La mienne est pire, elle est cruelle et sans peine, elle vient quand elle en a envie. Elle m’empêche de me concentrer sur autre chose qu’elle. Je n’ai le droit de penser qu’à elle. Elle est possessive, elle ne laisse plus aucune place à la joie. Et si je l’oublie en journée, elle me rappelle le soir qu’elle est toujours là avec moi. Mon esprit ne veut pas la laisser partir, il s’est attaché à elle, car il sait. Avec elle jamais plus je ne serais seule.

Je pense que c’est moi qui l’ai rendu aussi forte et présente c’est moi qui en a envie. Au début elle était présente mais se faisait discrète. Maintenant elle sait qu’elle peut faire ce qu’elle veut. Je ne peux plus l’arrêter, c’est elle qui m’empêche de me concentrer. Je me fais punir alors qu’on ne connait pas ma peine. Comment suis-je censé me concentrer si elle s’accroche à moi ? Elle me fait sentir sa présence en moi. Elle me fait comprendre qu’elle ne partira pas. Que je ne serais jamais tranquille mais aussi jamais seule. Alors suis-je censé l’aimer ? La détester ? Je ne sais plus.

Il y a une solution ? Aller voir un psy ? Jamais. Parler à quelqu’un qui fait semblant de m’écouter ou de me comprendre. Est- ce qu’il y a quelqu’un dans ce monde qui me comprend ou peut être quelqu’un qui est emprisonné comme moi. Je ne l’a trouve pas cette personne alors je vais rester avec ma douleur. Je vais l’as cachée et quand elle se sera lasser de me torturer elle partira peut être. C’est sûrement elle qui me fait croire que je suis seule, mais qu’elle elle est présente pour moi. Et malgré moi je la crois. Si elle disparaît vais-je me sentir mieux ? C’est peut-être trop tard, je me suis habitué à sa présence.

En y repensant, c’est moi qui l’ai fait venir. Ma solitude j’ai tellement essayé de la combler que c’est elle qui s’y est installer. La solitude que j’avais l’habitude de ressentir, elle l’a fait disparaître. Ma solitude, elle l’as fait disparaître pour moi. Alors si elle part je serais à nouveaux enfermé dans ma solitude. Cette douleur j’en ai besoin. Je l’ai toujours voulu. Je vais la laisser rester encore un peu, je sais que je ne dois pas rester pour toujours avec elle. Elle ne part pas car c’est mon choix. C’est moi qui l’empêche de partir, je me suis attaché à elle.

Le jours où je serais prête à ré affronté ma solitude. Je la laisserais partir. Ma douleur.

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