Wallis-et-Futuna2, ou en forme longue le territoire des îles Wallis et Futuna3, est une collectivité d’outre-mer4 française, formée de trois royaumes coutumiers polynésiens et située dans l’hémisphère sud. Son chef-lieu est Mata Utu. Ses codes postaux et INSEE commencent par 986.
Situées dans l’océan Pacifique, en Océanie lointaine, les îles Wallis et Futuna sont un des territoires français les plus éloignés de la France métropolitaine, à 16 000 km. Elles se situent en outre à 8 000 km de Los Angeles et à 4 000 km de Sydney, à 1 900 km de la Nouvelle-Calédonie et à 2 900 km de Tahiti. Les territoires les plus proches des îles Wallis et Futuna sont les Tonga (île de Niuafoʻou) au sud, les Fidji au sud-ouest (480 km), les Samoa à l’est, les Tuvalu et Tokelau au nord.
Constitué de trois îles principales qui ne forment pas un archipel, Wallis (75,64 km2), Futuna (46,28 km2) et Alofi (17,78 km2)5, le territoire a une superficie de 124,2 km2 pour 11 558 habitants en 2018.
Peuplées par des Austronésiens de civilisation lapita, qui devinrent des Polynésiens, les îles Wallis et Futuna se retrouvent dans l’aire d’influence tongienne au xve siècle. Les îles Horn (Futuna et l’îlot voisin, non habité, d’Alofi), séparées seulement par un chenal de 2 km et distantes de 230 km de l’île de Wallis, sont abordées dès 1616 par des navigateurs hollandais, Willem Schouten et Jacob Le Maire. Ils leur donnèrent le nom d’« îles de Hoorn », du nom de leur port d’attache. L’île de Wallis (en wallisien : ʻUvea), porte le nom du capitaine Samuel Wallis, le premier navigateur occidental qui l’aborde en 1767.
C’est seulement en 1837 que des missionnaires maristes convertissent les deux îles au catholicisme. Administrée par la France dans le cadre d’un protectorat français à partir de 1888, la population locale choisit de faire des îles un territoire d’outre-mer en 1959 à la suite d’un référendum. Ce choix est effectif en 1961. La collectivité est dotée d’un statut protecteur reconnaissant les chefferies traditionnelles et la religion catholique, ce qui en fait l’un des territoires ultramarins les plus originaux au sein de la République française.
Toutes ces îles, au relief volcanique et aux côtes très découpées, protégées par une ceinture de récifs coralliens, sont difficiles d’accès par la mer. Un quai (wharf) existe à Wallis à Mata-Utu, tandis que Futuna est beaucoup plus isolée.Article principal : Géographie de Wallis-et-Futuna.
Carte de Wallis-et-Futuna
Ces îles au relief volcanique et aux côtes très découpées, protégées par une ceinture de récifs coralliens, sont difficiles d’accès sauf pour l’anse de Sigave. Wallis-et-Futuna possède 106 km de côtes au total6.
L’île de Wallis est entourée d’un lagon dans lequel se trouvent plusieurs îlots (ici, le nord du lagon).
L’appellation « archipel » appliquée à Wallis-et-Futuna est impropre car les deux îles sont distantes d’environ 230 kilomètres, sans unité géographique ou historique. Malgré cela on peut répartir les îles en deux grands groupes : d’une part, les îles Wallis composées d’une île principale, Uvea, et de plusieurs îlots coralliens et d’autre part, les îles Horn ou îles de Horne (ou Hoorn) composées de deux îles principales, l’île de Futuna et sa voisine immédiate, l’île d’Alofi (en pratique, Futuna désigne à la fois Futuna et Alofi ; le nom « îles de Hoorn » est très peu usité et plutôt appelé « îles Futuna »). Les îles sont d’origine volcanique.
L’île de Wallis est apparue au Cénozoïque par l’émergence d’un volcan sous-marin. Une deuxième période d’activité volcanique, il y a 300 000 ans, a entraîné la création des îlots présents dans le lagon. Une bonne partie du sol est constitué de basalte7. Le point culminant de Wallis est le mont Lulu Fakahega, haut de 151 mètres7.
À Futuna, le relief est beaucoup plus escarpé et montagneux. Depuis le sommet du mont Puke (524 mètres) part un plateau qui descend progressivement et s’arrête juste avant le bord de mer, laissant une petite frange littorale. L’espace entre la mer et la montagne est très réduit7.
Climat
Le climat de l’archipel est du type tropical humide assez constant sur l’année. L’amplitude thermique entre les moyennes du mois le plus chaud (février, max 31°/mini 25°) et du mois le plus frais (juillet, max 29°/mini 24°) est de 1,1 °C8. Les précipitations mensuelles varient de 400 mm en janvier à 150 mm en août. On distingue ainsi deux principales saisons. La première, de mai à septembre, est plutôt fraîche, moins arrosée et balayée par un alizé modéré. La seconde, d’octobre à avril, est celle des chaleurs et des fortes pluies avec parfois des cyclones.
Biodiversité
Nids d’oiseaux sur l’îlot de Nukufotu (Wallis).
Articles connexes : Liste des oiseaux de Wallis-et-Futuna et Liste des mammifères à Wallis-et-Futuna.
Différents poissons pêchés à Wallis (2012).
La faune et la flore n’ont pas fait l’objet d’inventaires exhaustifs, cependant certains groupes sont assez bien connus.
À Wallis, 639 espèces de poissons littoraux ont été identifiées. En eaux douces, ce sont trois espèces de crustacés et quatre espèces de poissons qui ont été inventoriées (dont le Stiphodon rubromaculatus). Les chauve-souris sont les seuls mammifères autochtones et le seul batracien présent a été introduit. On y trouve également l’araignée Schizocosa vulpecula.
Changement climatique
Wallis-et-Futuna est vulnérable au changement climatique. L’exploitation du sable par l’industrie du bâtiment locale a renforcé l’érosion des côtes. Ce phénomène, couplé à la montée des eaux, entraîne une réduction de la surface habitable, ce qui nécessitera à terme un déplacement des populations vers l’intérieur des terres. Toutefois, les règles complexes régissant l’usage de la terre doivent être prise en compte9.
Les cyclones sont plus fréquents et certains se produisent hors saison, tels que le cyclone Ella en 2017. Les changements climatiques risquent de réduire la production agricole, renforçant la dépendance alimentaire aux produits importés9.
Afin de trouver des solutions adaptées, il est nécessaire de tenir compte des normes culturelles de la population et de passer par l’organisation sociale structurée par la chefferie coutumière9.
Histoire
Article détaillé : Peuplement de l’Océanie.
Article principal : Histoire de Wallis-et-Futuna.
Peuplement
La Polynésie ancestrale (Fidji n’en fait pas partie).
Les premiers habitants de Wallis (ʻUvea, en wallisien) et Futuna appartiennent à la civilisation Lapita, entre 900 et 800 av. J.-C. ; ils s’installent sur les sites d’Utuleve, à Uvea et d’Asipani, à Futuna. Ces habitants forment, avec ceux des îles alentour (Tonga, Samoa, Niue, les Niuas), la société polynésienne ancestrale : ils partagent une culture et une langue commune, le proto-polynésien. Peu à peu, ces cultures se différencient en deux groupe (polynésien nucléaire et groupe tongique). Les échanges interinsulaires sont fréquents.
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Premiers contacts européens
« Pêche aux palmes » dans les îlots de Wallis, par le français Charles Méryon, lors de son voyage dans le Pacifique (1842-1846).
Le premier contact de Futuna avec des Européens a lieu le 21 mai 1616 ; les Hollandais Willem Schouten et Jacob Le Maire jettent l’ancre dans l’embouchure de la rivière Futuna et abordent en chaloupe le lendemain. Ils baptisent les deux îles de Futuna et Alofi, les îles de Hoorn en référence à leur port d’embarquement siège de la Compagnie des Indes. Ils restent environ huit jours sur l’archipel avant de repartir vers la Nouvelle-Guinée et les Moluques.
Louis-Antoine de Bougainville atteint Futuna le 11 mai 1768 et la surnomme « l’enfant perdu du Pacifique ».
L’île de Wallis est visitée par les Européens en 1766, 150 ans après Futuna, par le capitaine britannique Samuel Wallis, à qui l’île doit son nom actuel. Frédéric Angleviel écrit dans son article intitulé « Wallis 1825-1858 : contacts, mutations, permanences » que : « Wallis découvre cet archipel en 1767, mais il ne descend point à terre. Il faut attendre les années 1820 pour que des Européens ou assimilés (Américains, Australiens) foulent le sol d’Uvéa. »10
Conversion et protectorat français
Photo en noir et blanc (de mauvaise qualité) montrant un groupe de personnes assises et prenant la pose (4 assises, 3 debout), hommes et femmes
Un groupe de Wallisiens, au début du xxe siècle.
Quelques marchands et naufragés s’installent sur l’île, mais la présence européenne n’est significative qu’au xixe siècle avec l’arrivée de missionnaires catholiques en 1837. L’île est convertie au catholicisme par l’évêque Pierre Bataillon en 184011. Aujourd’hui, la population reste majoritairement de confession catholique.
La reine Amélia de Wallis signe un traité de protectorat ratifié par la France le 5 avril 1887. Un an plus tard, les rois d’Anise Tamole pour Sigave et ceux de Futuna, Setefano Tuikalepa pour Alo demandent eux aussi leur rattachement à la France. Les souverains de Futuna et Wallis gardent toute leur autorité coutumière sur leur sujets12. Il n’y a pas à proprement parler de colonisation à Wallis-et-Futuna, le pouvoir du résident français se limitant aux affaires extérieures. Cette situation se poursuit à Futuna jusqu’en 1961, l’administration ne s’installant sur l’île qu’en 195912. Les habitants continuent à vivre comme autrefois. En 1913, un projet d’annexion par la France est présenté par le résident Brochard, mais elle n’aboutit pas. En 1922, l’annexion est jugée trop coûteuse par la France et abandonnée13.
La Seconde Guerre mondiale entraîne de nombreux bouleversements à Wallis. Pour contrer l’Empire japonais, lors de la guerre du Pacifique, les Américains débarquent à Wallis en 1942 et y construisent de nombreuses infrastructures. En revanche, Futuna n’est pas investie par les Américains12.
Territoire d’outre-mer (1961)
Article détaillé : Référendum de 1959 à Wallis-et-Futuna.
Les îles deviennent en 1961 un territoire d’outre-mer (TOM) après référendum en 1959. Le roi d’Uvea, Tomasi Kulimoetoke II (1918-2007), est signataire de cet accord. Le nouveau territoire est doté d’un statut reconnaissant les autorités coutumières (notamment les trois rois), l’importance de la religion catholique tout en intégrant les deux îles au sein de la République française, dans une configuration institutionnelle très particulière.
Après la révision constitutionnelle du 28 mars 2003, le territoire des îles Wallis et Futuna devient une collectivité d’outre-mer à statut particulier sans que le régime de 1961 ne change. En effet, depuis cette révision constitutionnelle, aucune loi organique n’a été adoptée faute de consensus à l’Assemblée territoriale.
Depuis 2005, la société wallisienne connaît une « crise politique profonde » à cause d’un conflit autour de la succession du Lavelua14.
Population et société
Démographie
Lors du recensement du 13 décembre 2018, il y avait 11 558 habitants pour l’ensemble des îles Wallis et Futuna1. Wallis compte 8 333 habitants (72,1 %) et Futuna en compte 3 225 (27,9 %)1. L’île d’Alofi, voisine de Futuna, n’est quasiment pas habitée (un seul habitant en 2018). La plupart des habitants sont d’origine polynésienne (97,3 %) mais on compte aussi quelques habitants d’origine européenne. La quasi-totalité est de confession catholique1.
Évolution démographique
1928 1935 1953 1960 1969 1976 1983 1990 1996
6 202 6 542 9 507 8 313 8 546 9 192 12 408 13 705 14 166
Évolution démographique, suite (1)
2003 2008 2013 2018 – – – – –
14 944 13 445 12 197 11 558 – – – – –
(Source : Likuvalu 1979 jusqu’en 196915, Insee 201316, Insee 20181 et STSEE17,18)
Croissance démographique
En 1842, le capitaine du vaisseau l’Allier estime la population de Wallis à 2 500 habitants et de Futuna à 90019. Au xxe siècle, la population de Wallis-et-Futuna augmente régulièrement, passant de 6202 habitants en 1928 à 14944 en 2003, année où la population a été la plus nombreuse.
À partir de 1942, l’installation d’une base américaine à Wallis apporte une grande prospérité, qui favorise la natalité. Cet « âge d’or » prend fin en 1946, mais a permis de faire diminuer fortement la mortalité20. En conséquence, Wallis connaît une « exubérance démographique »20 : entre 1935 et 1953, la population a augmenté de 45%.
Émigration en Nouvelle-Calédonie
Article détaillé : Wallisiens et Futuniens de Nouvelle-Calédonie.
La hausse de la population et la rencontre avec la société de consommation occidentale provoque une forte émigration de la part de Wallisiens et Futuniens souhaitant améliorer leurs conditions de vie. Encadrée par les autorités religieuses et coutumières, elle débute en 1947 vers la Nouvelle-Calédonie et les Nouvelles-Hébrides. En 1956, la diaspora wallisienne et futunienne en Calédonie compte 1 200 personnes20, chiffre qui s’élève à 5 500 individus en 196921 et 14 186 en 198921.
La croissance démographique à Wallis-et-Futuna est la plus forte dans la deuxième moitié du xxe siècle : entre 1969 et 1990, la population s’accroît de 90 %21. La période 1976-1983 est celle où la croissance est la plus importante, avec un taux d’accroissement annuel moyen de 4,4 %21. Cela est dû au retour des émigrés Wallisiens et Futuniens de Nouvelle-Calédonie à cause de la crise économique21. Cette émigration reprend la décennie suivante et ne s’interrompt plus21.
Diminution de la population (depuis 2003)
L’accroissement naturel de Wallis-et-Futuna ne compense plus son émigration22 : entre 2003 et 2008, les deux îles ont perdu 10 % de leur population.
De nombreux habitants quittent les îles, si bien qu’il y a plus de Wallisiens et de Futuniens à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) (17 763 personnes) qu’à Wallis et à Futuna. Plusieurs milliers résident aussi en France métropolitaine (notamment des militaires, des joueurs de rugby, leurs familles23 et des étudiants) ainsi qu’en Polynésie française24. Beaucoup de jeunes quittent leurs îles natales à la recherche d’un emploi25.
La forte diminution constatée entre 2008 et 2018 (1 887 habitants perdus en dix ans, – 14 %) est le résultat de la diminution de la natalité et de l’importance de l’émigration dans un territoire sans débouchés (études supérieures et emploi réduit), ce qui conduit au vieillissement de la population et à la réduction de la taille des ménages26.
Cette diminution de la population est constante depuis 15 ans, même si son rythme s’atténue : entre 2003 et 2008, la population s’est réduite de 10,03 %, de 9,28 % entre 2008 et 2013 et de 5,24 % entre 2013 et 2018. La raison de cette baisse, outre le taux de natalité de 1,75, en deçà du seuil de renouvellement, est le départ massif des jeunes, qui sont de plus en plus nombreux à s’expatrier en Nouvelle-Calédonie ou en France métropolitaine pour effectuer des études supérieures ou trouver un travail, les possibilités d’emploi étant limitées sur place27. Tous les districts ont été touchés par la décroissance démographique.
Langues
Article détaillé : Langues à Wallis-et-Futuna.
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Extrait en langue wallisienne.
La langue officielle est le français depuis que les deux îles sont devenues un territoire d’outre-mer en 1961. Deux langues polynésiennes vernaculaires, le wallisien et le futunien, sont parlées respectivement à Wallis et Futuna. En juillet 2015, l’Assemblée territoriale vote la création d’une Académie des langues wallisienne et futunienne, chargée de la promotion et de la sauvegarde des langues et de la culture locales28.
L’anglais est très présent, surtout du fait que les îles les plus proches sont des nations anglophones, où l’anglais est important, comme les îles Tonga ou les îles Samoa. Entre 1942 et 1946, des garnisons de plusieurs milliers de soldats américains furent présents dans les îles Wallis et Futuna.
Éducation
Article détaillé : Système éducatif français.
Le collège et lycée professionnel Vaimoana à Lavengahau, sur l’île de Wallis29.
L’enseignement primaire à Wallis-et-Futuna est placé sous l’égide de la Direction de l’Enseignement Catholique qui est une structure privée. L’enseignement secondaire est géré par le vice-rectorat. La seule formation supérieure disponible sur le territoire se fait auprès de l’antenne de l’IUFM du Pacifique à Wallis.
Le territoire compte 18 écoles élémentaires, six collèges, un lycée d’enseignement général (le lycée des îles Wallis et Futuna) et un lycée agricole.
Le taux moyen d’encadrement est de 10,4 élèves par enseignant avec, en 2011, 570 personnels de l’éducation (dont 397 enseignants) pour 4 111 élèves30.
Santé
Le système de santé repose intégralement sur l’Agence de santé de Wallis-et-Futuna31. L’agence emploie plus de 180 personnels (dont comptent un médecin réanimateur et sept médecins spécialistes) travaillant sur deux hôpitaux et trois dispensaires. Tous les soins sont pris en charge par l’État. La dotation de l’État s’élève en 2011 à 2,9 milliards de francs CFP (environ 24,3 millions d’euros)32.
Les équipements de santé étant limités sur le territoire, certaines opérations nécessitent l’évacuation des patients vers la Nouvelle-Calédonie, voire la France métropolitaine ou l’Australie. 637 personnes ont bénéficié d’une évacuation sanitaire (evasan) hors du territoire en 201130, 960 en 201733. En 2017, une convention a été signée avec la Caisse Nationale d’Assurance Maladie des salariés et l’agence de santé de Wallis-et-Futuna, afin que les patients Wallisiens et Futuniens puissent bénéficier du remboursement de leurs soins en métropole34. Cependant, les évacuations sanitaires vers la France métropolitaine sont minoritaires : la majorité des patients est transférée de Futuna vers Wallis, ou en Nouvelle-Calédonie33.
En avril 2020, Wallis-et-Futuna est le seul territoire français à ne pas être touché par la pandémie de covid-1935. Le 16 mars, les autorités décident d’arrêter les vols de passagers en provenance de la Nouvelle-Calédonie et d’interdire les rassemblements de plus de cent personnes, mais la population n’est pas confinée. Seul le fret est acheminé sur l’île, par voie aérienne et maritime. La population des deux îles est particulièrement à risque : « 80 % des habitants sont en surcharge pondérale, 20 % sont diabétiques et les maladies cardiaques sont très nombreuses »36. D’autre part, les moyens sanitaires sont très insuffisants pour faire face à une épidémie de coronavirus37. L’agence de santé n’est pas en mesure de tester les cas de covid-19 et les prélèvements doivent être envoyés en Nouvelle-Calédonie pour être analysés36.
La crise du covid-19 a néanmoins des impacts sur Wallis-et-Futuna. Bien que le virus ne circule pas sur le territoire, les autorités décident d’annuler toutes les festivités paroissiales pour l’année 202038, et deux tiers des lycéens futuniens scolarisés à Wallis n’y sont pas retournés après les vacances de printemps, prolongées d’une semaine39. Enfin, le territoire est dépendant de l’extérieur pour son approvisionnement en médicaments, qui pourraient venir à manquer35. Le territoire est également fermé aux Wallisiens et Futuniens restés en Nouvelle-Calédonie et qui souhaiteraient rester chez eux ; fin avril, des transferts par paquebot de croisière de la compagnie du Ponant sont organisés afin de rapatrier 300 personnes40.
Médias
Le territoire dispose de sa propre chaîne de télévision (Wallis-et-Futuna 1re), et de sa station de radio (Wallis-et-Futuna 1re). La radio émet à la fois en français, en wallisien et en futunien.
De 1964 à 1971 est paru le Bulletin d’information du territoire des îles Wallis et Futuna41. L’hebdomadaire Te Fenua Fo’ou a arrêté sa publication en mars 2002 après un conflit entre la chefferie et le directeur de la publication, à la suite d’un article publié dans le magazine concernant une affaire judiciaire locale42. Fenua Magazine, lancé en septembre 2002 pour le remplacer, avait une ligne éditoriale très différente43. Il a lui aussi cessé de paraître en 200344. Depuis, le seul quotidien disponible est Les Nouvelles calédoniennes, qui publient deux ou trois articles par semaine relatant la vie du territoire45.
L’accès au réseau internet progresse avec 1 144 abonnés au haut débit à fin 201130.
Dans les années 2000, la connexion de l’archipel au réseau Internet mondial est lente et chère car elle se fait par satellite. L’arrivée du câble en fibre optique TUI-SAMOA46 a permis de relier Wallis-et-Futuna à l’Internet mondial avec des débits comparable au reste du monde.
Depuis le 22 décembre 2015, Wallis-et-Futuna possède un réseau de téléphonie mobile, appelé Manuia. Avant cette date, Wallis-et-Futuna était le dernier territoire d’Outre-Mer français à ne pas avoir de réseau mobile47. Comme le résume le journaliste René Lataste, « En quelques dizaines d’années, Wallis et Futuna auront fait un pas de géant dans la communication. Du Tauasu sous le Fale depuis des siècles, au téléphone fixe dans les années 1960 puis à internet 30 ans plus tard. Aujourd’hui, le mobile et demain une multiplication par 1 000 des connexions47. »
Logo de la chaîne RFO Wallis-et-Futuna de 1993 à 1999.
Logo de la chaîne Wallis-et-Futuna 1re de 2010 à 2018.
Nouveau logo de la chaîne Wallis-et-Futuna la 1re depuis janvier 2018.
Sport
Le territoire de Wallis-et-Futuna participe aux Jeux du Pacifique (qui s’appelaient auparavant Jeux du Pacifique Sud). En 2013, le territoire a organisé et a accueilli, pour la toute première fois, les Mini-Jeux du Pacifique.
De nombreux sports sont pratiqués sur le territoire, dont l’athlétisme avec notamment la spécialité du lancer du javelot et des champions comme Jean-Paul Lakafia qui a amélioré à deux reprises le record de France du lancer du javelot, le portant à 83,56 m en 1980 et à 84,74 m en 1983, Lolésio Tuita, Vitoli Tipotio, Monika Fiafialoto, Péta Tauhavili, Pételo Wakalina et Penisio Lutui ou encore en handisport Tony Falelavaki.
Il existe une équipe locale de rugby à XV (rattachée à la Federation of Oceania Rugby Unions). De nombreux joueurs de rugby à XV qui sont nés ou sont originaires de Wallis-et-Futuna ont joué pour le XV de France en métropole. C’est le cas de Vincent Pelo, Yann David, Christopher Tolofua, Sébastien Vahaamahina, Jocelino Suta, Romain Taofifénua, Emerick Setiano, Peato Mauvaka et Raphaël Lakafia. Également originaires de Wallis-et-Futuna, Pierre-Gilles Lakafia joue en équipe de France de rugby à 7 tandis que Mickaël Simutoga et Selevasio Tolofua ont pu intégrer l’équipe de France des -20 en 2015 et 2017.
Il existe également une équipe de football locale. Plusieurs joueurs originaires de Wallis-et-Futuna jouent en métropole et dans d’autres pays : c’est le cas de Wesley Lautoa (FCO Dijon) ou encore David Faupala à Manchester City.
En 2006, Jennifer Vegi est médaillée de bronze aux Championnats de France de Karaté Contact48, puis elle remporte en 2007 la médaille d’or en taekwondo aux Jeux du Pacifique.
Une base nautique est située dans le village de Liku. Une association sportive, Vakala, propose des activités nautiques (notamment voile et kayak). L’athlétisme ainsi que d’autres sports tels que le volley-ball, le hand-ball ou le badminton, se pratiquent dans le centre sportif de Kafika, refait à neuf pour les MIni-jeux du Pacifique de 2013. On compte parmi les sportifs médaillés Aukusitino Hoatau, qui a notamment remporté la médaille d’argent au lancer du disque lors des Jeux du Pacifique de 2011. En volley-ball, les sportifs les plus connus sont Samuele Tuia et Toafa Takaniko.
Transports
Wallis-et-Futuna compte deux aéroports, un situé à Wallis, l’Aéroport de Wallis-Hihifo et l’autre sur l’ile de Futuna, l’Aérodrome de Futuna Pointe Vele.
L’Aéroport de Wallis est créé en 1942 par US Navy pour être utilisé par des bombardiers lourds Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale49. En 2011, il assure près de 1 760 vols commerciaux pour 43 018 passagers ce qui fait de lui le plus grand aéroport du territoire50.
L’Aérodrome de Futuna est créé en 1968 pour faciliter le ravitaillement sur l’île51. En 2017, il assure près de 1 374 vols commerciaux pour 12 696 passagers52.
Administration et politique
Les institutions du territoire de Wallis-et-Futuna ont été fixées par la loi du 29 juillet 1961, que l’article 74 de la Constitution de 2003, qui l’englobe parmi les collectivités d’outre-mer, n’a pas aboli53. Cela lui confère une situation juridique et administrative très particulière au sein de l’Outre-mer français54 car à Wallis-et-Futuna, si l’État français est républicain et laïque, la situation politique locale ne l’est pas : c’est un équilibre entre les trois royautés coutumières et l’Église catholique. Pour l’historien Frédéric Angleviel, il y a même cinq pouvoirs à Wallis-et-Futuna20 :
les trois monarchies coutumières traditionnelles d’Uvea, Alo et Sigave ;
l’Église catholique (installée depuis 1837) :
l’administration française, présente depuis 1888 (résidents de France, puis administrateurs supérieurs à partir de 1961) ;
le négoce (les marchands) ;
et la politique, entendue ici comme le jeu des partis politiques « à l’occidentale », apparue en 1961 avec le statut de territoire d’outre-mer.
Sophie Chave-Dartoen évoque ce qu’elle nomme le « paradoxe wallisien » : « Depuis quarante ans, donc, la société wallisienne résiste à son assimilation par l’État républicain, forte d’une conscience très nette de son identité et des valeurs qui la distinguent, à ses yeux, de toute autre société »54.
Institutions territoriales
L’État français est représenté à Wallis-et-Futuna par un administrateur supérieur nommé par décret en conseil des ministres.
L’administrateur supérieur est également « chef du territoire » : à la différence des autres collectivités territoriales, le pouvoir exécutif est assuré par le représentant de l’État et non par un président élu. L’administrateur supérieur est assisté dans ses fonctions par un conseil territorial qu’il préside, composé des trois rois traditionnels et de trois membres nommés par l’administrateur supérieur avec l’approbation de l’assemblée territoriale.
L’assemblée territoriale est l’assemblée délibérante du territoire. Ses vingt sièges sont pourvus pour cinq ans au scrutin proportionnel plurinominal de liste à un tour dans cinq circonscriptions plurinominales correspondant aux cinq districts de la collectivité55,56,57.
Les délibérations de l’assemblée territoriale n’entrent en vigueur que si elles sont approuvées par l’administrateur supérieur.
Le territoire est représenté à l’Assemblée nationale par un député (élu au suffrage universel), actuellement Sylvain Brial, et au Sénat par un sénateur (élu indirectement par les représentants locaux siégeant à l’Assemblée territoriale, au Conseil territorial ou au sein de la hiérarchie coutumière des chefs de districts et de villages), actuellement Mikaele Kulimoetoke (rattaché au groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants).
Royaumes coutumiers
Article détaillé : Rois coutumiers de Wallis-et-Futuna.
Le roi coutumier (Lavelua) Tomasi Kulimoetoke a régné de 1959 à 2007 sur le royaume d’Uvea.
L’article 3 du statut de 1961 dispose que « la République garantit aux populations du territoire des îles Wallis et Futuna, le libre exercice de leur religion ainsi que le respect de leurs croyances et de leurs coutumes en tant qu’elles ne sont pas contraires aux principes généraux du droit et aux dispositions de la présente loi »53. La chefferie traditionnelle est reconnue officiellement par la République française.
Wallis-et-Futuna est l’une des rares collectivités françaises à ne pas être découpée en communes. À la place, le territoire est divisé en trois royaumes traditionnels, dénommés « circonscriptions territoriales » dans la loi :
Uvea (sur l’île de Wallis), subdivisée en trois districts (Hihifo, Hahake et Mu’a) ;
Alo (au sud-est de l’île de Futuna et sur l’île d’Alofi), anciennement subdivisé en deux districts (Tua au nord, et Alo au sud avec Alofi au sud-est) ;
Sigave (au nord-ouest de l’île de Futuna)58.
Chaque royaume dispose de la personnalité morale et éventuellement d’un budget. Il existe dans chaque royaume un conseil désigné selon la coutume et présidé par le roi. L’administrateur supérieur, à Uvea, et son délégué, à Alo et Sigave, est le chef de la circonscription chargé du pouvoir réglementaire et de l’exécution du budget.
Les trois royaumes ne sont pas héréditaires : ce sont les familles nobles, les aliki, qui élisent ou destituent les rois54. Le pouvoir est assez décentralisé : les rois locaux doivent négocier avec les chefs de village (pule kolo), et répondre aux demandes des aliki qui les élisent, tout en négociant avec le représentant de l’État pour obtenir les budgets de développement du territoire.
Les royaumes exercent l’équivalent des compétences des communes et une partie de celles des conseils départementaux. Le royaume d’Uvea est en outre divisé en trois districts coutumiers (Hahake, Hihifo et Mu’a) qui regroupent plusieurs villages et exercent certaines compétences.
L’organisation de chaque royaume diffère :
à Uvea, le roi (qui porte le titre de Lavelua) est le chef de la hiérarchie coutumière. Il est assisté d’un premier ministre (Kalae kivalu) et de cinq ministres et nomme, trois chefs de district (faipule) qui ont autorité sur les 21 chefs de village. Les chefs de village (pulekolo), qui peuvent lever les corvées d’intérêt général, gèrent les affaires du village au cours d’assemblées (fono) qui ont lieu le dimanche dans une case commune (fale fono)54. Le chef de village est choisi par l’ensemble des villageois pour ses qualités, mais ces derniers peuvent décider de le destituer59. À noter qu’en raison de différends politiques, le royaume d’Uvea n’a plus de roi depuis 2014. Depuis avril 2016, deux Lavelua se disputent le pouvoir à Wallis, bien que l’État ait reconnu officiellement Patalione Kanimoa60 ;
à Futuna, chacun des deux rois (le Tuigaifo à Alo et le Tuisigave à Sigave) dispose aussi de ministres, jouant le rôle de porte-paroles dans les conseils, mais ils ont une autorité limitée directement sur les chefs de village désignés par les familles princières qui peuvent démettre leur roi facilement. Depuis le 5 mars 2016, le royaume de Sigave a de nouveau un souverain en la personne de Eufenio Takala61. Le 15 mai, le souverain d’Alo, Petelo Sea, a été destitué62 ; trois semaines après, le royaume a un nouveau souverain en la personne de Filipo Katoa63. Lino Leleivai devient le nouveau Tuigaifo d’Alo le 30 novembre 2018 après l’abdication de Filipo Katoa pour raisons de santé64.
Administration
Sur le plan éducatif, le territoire a le statut de vice-rectorat65. Toutefois, l’enseignement primaire est totalement concédé par l’État, dans le cadre d’une mission de service public, au diocèse catholique de Wallis-et-Futuna au travers d’une convention où l’État finance l’ensemble des charges liées à cet enseignement (enseignants et fonctionnement), les écoles étant construites sur le domaine public communautaire des villages selon le droit coutumier et le contrôle des rois qui définit l’usage foncier.
Symboles
Article détaillé : Drapeau de Wallis-et-Futuna.
Blason de Wallis-et-Futuna.
Royaume d’Uvea (sur Wallis).
Royaume d’Alo (sur Alofi et Futuna).
Royaume de Sigave (sur Futuna).
Politique
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Articles connexes : Liste des députés de Wallis-et-Futuna, Liste des sénateurs de Wallis-et-Futuna et Circonscription de Wallis-et-Futuna.
Article détaillé : Élections présidentielles sous la Cinquième République à Wallis-et-Futuna.
Partis politiques
La vie politique de Wallis-et-Futuna (entendue ici comme le jeu des partis politiques) débute avec l’adoption du statut de 1961, qui crée l’Assemblée territoriale et dote le territoire d’un député et d’un sénateur. Toutefois, le faible nombre d’habitants, l’éloignement de la métropole, l’importance de la communauté wallisienne et futunienne en Nouvelle-Calédonie, ainsi que la forte influence de la coutume et de la religion catholique font que la politique ne peut être uniquement analysée sous le prisme des clivages politiques métropolitains : « Wallisiens et Futuniens suivent de très loin la politique nationale » et « [le] système électoral insulaire [est] basé sur le clientélisme [et] un réseau familial »66.
En 1962, Hervé Loste est élu député et son père Henri Loste devient sénateur. La famille Loste ne reste pas longtemps au pouvoir : en 1967, Benjamin Brial du RPR gaulliste devient député et Sosefo Makape Papilio, du RPR également, devient sénateur en 1971. Une opposition plus jeune incarnée par l’Union pour la démocratie française (UDF) se structure, et pendant plus de vingt ans, la politique locale est marquée par cette lutte entre RPR et UDF66.
Il faut attendre 1989 pour voir la gauche, avec le Parti radical de gauche, être à nouveau portée au pouvoir sur place, avec l’élection du député Kamilo Gata (ancien du RPR). Celui-ci est à son tour battu en 1997 par Victor Brial (neveu de Benjamin), nouveau chef du RPR local et également président de l’Assemblée territoriale de Wallis-et-Futuna de 1997 à 1999. Victor Brial est battu en juin 2007, contre toute attente, par le socialiste Albert Likuvalu. Celui-ci avait auparavant été brièvement président de l’Assemblée territoriale du 22 février au 24 novembre 2005, bénéficiant alors d’une alliance éphémère entre l’opposition de gauche (7 élus sur 20) et quelques élus divers droites.
Lors des élections territoriales de 2002, la droite locale (encore RPR alors, futur UMP, remporte le scrutin avec 9 élus sur 20 et complète sa majorité avec les cinq représentants divers droite de l’Alliance pour Wallis-et-Futuna. Toutefois, le leader de celle-ci, Albert Likuvalu, se rapproche de l’opposition locale, formée de quatre élus de l’Union pour Wallis-et-Futuna (gauche socialiste) et deux non inscrits. Ces trois formations (Alliance, Union et non-inscrits) forment donc une majorité éphémère de 11 membres sur 20 du 22 février au 24 novembre 2005, l’UMP étant relégué dans l’opposition et Likuvalu prenant la présidence de l’Assemblée. Le 24 novembre 2005, sur fond de conflits coutumiers à Wallis entre les partisans du roi local et les « rénovateurs », les quatre autres élus de l’Alliance s’éloignent d’Albert Likuvalu et reforment une majorité avec l’UMP. Likuvalu reste quant à lui dans l’opposition, et participe en 2006 à la création de la fédération locale du Parti socialiste. Du 24 novembre 2005 à avril 2007, la nouvelle majorité de droite porte à la présidence de l’Assemblée Erménégilde Simete, membre de l’UMP.
Pour les élections locales du 1er avril 2007, 26 listes s’étaient portées candidates pour 20 sièges. Parmi les élus, 12 se sont finalement rangés dans la majorité UMP-UDF-divers droite qui a porté Pesamino Taputai, représentant local de l’UDF-MoDem, à la présidence de l’Assemblée territoriale. L’opposition, composée de huit élus, est, quant-à-elle, organisée autour du PS local d’Albert Likuvalu qui, deux mois plus tard, est élu député contre le sortant Victor Brial. Il est à préciser que parmi les cinq candidats présents au 1er tour, trois étaient des élus de la majorité à l’Assemblée territoriale : outre Victor Brial pour l’UMP, Pesamino Taputai représentait le MoDem et l’ancien président de l’Assemblée et désormais président de sa commission permanente, Erménégilde Simete, candidat divers droite.
Donc, en théorie la vie politique à Wallis-et-Futuna est dominée par les représentants locaux des grands partis métropolitains, le FN y étant également présent depuis l’élection présidentielle de 2002 et est représenté par Gaston Lutui qui fut candidat aux législatives de 200267 mais pas en 2007.
La coutume est omniprésente et se reflète dans la vie politique locale.
Crise politique wallisienne
Article détaillé : crise coutumière wallisienne.
En 2005, une crise politique éclate à Wallis. Elle débute quand un petit-fils du roi d’Uvea (Tomasi Kulimoetoke II, régnant depuis 46 ans) est condamné pour homicide involontaire. Le petit-fils se réfugie au palais royal et le roi résiste d’abord aux demandes d’arrestation de son petit-fils, considérant que cela relève de la justice coutumière. De l’autre côté, les autorités française demandent que l’affaire soit jugée au pénal. Ce choix divise les familles aristocratiques et la population wallisienne. Deux camps s’opposent : d’un côté, les royalistes, partisans du Lavelua et de l’autre les « rénovateurs », souhaitant une évolution de la coutume. Une partie des chefs de village, soutenus par le nouveau préfet Xavier de Fürst, décident alors d’introniser un nouveau roi, Sosefo Mautamakia68. Le conflit institutionnel manque de tourner à l’affrontement avec les partisans du roi, qui occupent l’aéroport et édifient des barrages. La situation s’arrange finalement grâce à l’intervention d’un médiateur français qui reconnaît l’autorité du roi Tomasi Kulimoetoke II. La cérémonie d’intronisation des dissidents est alors annulée, mais l’autorité du préfet de Fürst est entamée. Pour les Wallisiens, l’île était au bord de la guerre civile14.
Le 7 mai 2007, Tomasi Kulimoetoke II décède69 à l’âge de 88 ans : son règne aura été l’un des plus longs de l’histoire de Wallis, de 1959 à 2007 (48 ans)70. Après la période de deuil coutumier s’ouvrent les négociations et palabres au sein des familles royales pour la désignation d’un nouveau roi. En juillet 2008, Kapeliele Faupala est intronisé Lavelua71. Les incidents sur l’île, mêlant droit coutumier et instances républicaines, continuent en 2010. Kapeliele Faupala est destitué le 2 septembre 2014 à la suite de désaccords avec son premier ministre72. Ainsi, onze ans après la crise de 2005, la réconciliation entre les deux camps semble « peu [probable] tant les blessures réciproques après le conflit de 2005 restent à vif »73 et l’île reste profondément divisée. Pendant deux ans, Uvea reste sans roi.
En avril 2016, de nouvelles tensions éclatent autour du projet d’intronisation d’un nouveau roi, Tominiko Halagahu (chef du district de Hihifo)74. Une partie des familles royales est opposée à ce choix et nomme une nouvelle chefferie75. Tominiko Halagahu est intronisé à Vailala, vendredi 15 avril : « Un point de non-retour est atteint. »76. Deux jours plus tard, la nouvelle chefferie intronise elle aussi un Lavelua, Patalione Takumasiva77. Wallis se retrouve donc dans une situation coutumière inédite, avec deux rois et deux chefferies78. « Le pouvoir coutumier d’Uvea est donc représenté par 2 rois et 12 ministres. La population est totalement divisée »79.
Dans cette situation, le préfet doit arbitrer entre les deux camps, or « l’État ne s’immisce pas dans les affaires coutumières »80. Il finit par reconnaître Patalione Kanimoa en juin 201660. Cette division entre deux Lavelua concurrents s’explique en partie par les séquelles de la crise coutumière de 200581. Le 28 mai 2016, deux chefs de village et un faipule (chef de district) sont installés par la nouvelle chefferie : « désormais, Wallis a deux Lavelua et deux grandes chefferies au complet »82.
Économie
Ancien billet de 1 000 francs Pacifique.
Ancien billet de 5 000 francs CFP.
En 2016, le ministère des Outre-Mers indique : « L’économie de Wallis-et-Futuna est restée traditionnelle et demeure faiblement monétarisée. L’autoconsommation y est deux fois plus élevée qu’en métropole. L’économie est largement soutenue par la dépense publique à travers les salaires distribués83. »
La population, plus pauvre qu’en métropole mais la plus riche du Pacifique-Sud84, n’a majoritairement pas accès à l’économie monétaire (70 % des actifs), et près de 70 % des actifs travaillent pour l’administration publique. Moins de 1 000 actifs travaillent dans des sociétés semi-publiques ou privées (notamment l’artisanat de la nacre destiné à l’exportation et issu de la pêche de coquillages).
Depuis 1976, l’emploi public a été considérablement accru, passant de moins de 400 emplois non marchands pour 4 000 actifs à plus de 1 070 sur 1 800 emplois dans le secteur marchand. Si plus de 300 nouveaux jeunes sortent du système éducatif chaque année, il n’y a guère plus de 15 nouveaux emplois créés. Aussi, ce chômage important est compensé par un exode massif de la population, surtout des jeunes qui tentent leurs chances en Nouvelle-Calédonie, en Australie, ou directement en France métropolitaine.
Les îles sont de fait assez pauvres : elles souffrent de ressources naturelles limitées, notamment en eau douce pour Futuna, ce qui explique aussi que l’île voisine d’Alofi ne compte qu’un seul habitant. Cette carence ne permet qu’une économie essentiellement rurale axée sur la pêche artisanale dans le lagon et l’agriculture océanienne vivrière pour les besoins locaux. Les îles souffrent aussi de leur éloignement et leur isolement des marchés potentiels, l’environnement régional étant encore plus démuni qu’elles. Cet isolement engendre des difficultés techniques mais permet aussi d’adopter d’autres modes de vie. Par exemple, Futuna n’est dotée de la télévision que depuis le 24 décembre 1994.
Nouveau billet de 1 000 francs Pacifique (XFP)
La dangerosité et les difficultés d’accès maritime aux îles, liées à leur environnement naturel dangereux, l’absence de port en eaux profondes combinée à l’éloignement des grandes routes commerciales avec les pays plus riches comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande, la quasi-absence de produits exportables (qui oblige les cargos de fret à repartir à vide et contribue à accroître le coût des importations de produits manufacturés) ou même l’insuffisance de liaisons aériennes qui faciliterait le développement touristique contraignent ces îles à un développement difficile et nécessitant un apport constant de capitaux publics.
Une partie des recettes publiques est constituée par la taxe annuelle forfaitaire toute activité commerciale (patente). Les sociétés extraterritoriales, qui n’ont aucune activité sur le territoire de Wallis-et-Futuna, appelées aussi sociétés offshore, ont une patente plus élevée de 1 800 euros par an. Le code pénal et le code de commerce français s’appliquent à Wallis-et-Futuna.
Wallis-et-Futuna a une législation spéciale favorable pour l’immatriculation des navires dérogeant au droit français. L’administration favorise ce régime. La compagnie française Le Ponant immatricule ses navires à Wallis. Une entité locale est spécialisée dans l’immatriculation des sociétés et des navires à Wallis.
Le tourisme sur l’île de Wallis est faiblement développé avec quatre établissements hôteliers offrant quarante-quatre chambres et trois bungalows. Il existe quelques restaurants à Mata Utu ainsi que des commerces de proximité. Le grand supermarché Super U, qui avait ouvert fin avril 2014, a fermé ses portes le 21 avril 2017. Les produits frais tels que la viande arrivent essentiellement par transport aérien de Nouméa85. Certaines activités sont proposées par des associations locales (tennis, plongée sous-marine, ULM…)86. L’île de Futuna ne dispose que de deux hôtels offrant 11 chambres87.
Il n’y a sur le territoire qu’une seule banque, la Banque de Wallis-et-Futuna ; la BWF est une filiale de BNP Paribas. Le Trésor public n’ouvre plus de comptes et La Poste n’y a pas de services financiers. La banque sur Futuna n’est ouverte que deux jours par mois87.
Le service des postes et télécommunications de Wallis-et-Futuna a une activité d’émission de timbres-poste88.
Culture
Fichier:Danse wallisienne Faka Niutao 1943.ogv
Une danse wallisienne (faka niutao), exécutée par des jeunes filles en 1943 (archives de la marine américaine).
La culture de Wallis-et-Futuna est encore méconnue, bien qu’étudiée par plusieurs anthropologues successifsNote 1. Il existe un service des Affaires culturelles89 sur le territoire situé à Aka’aka dans le district de Hahake à Wallis.
À propos de la culture wallisienne et futunienne, l’anthropologue Dominique Pechberty écrit : « Wallis et Futuna sont parmi les rares îles polynésiennes à avoir conservé vivantes des coutumes qui ailleurs ont progressivement disparu lors des contacts répétés avec les Occidentaux (…) Il ne s’agit pas d’un folklore à l’usage des touristes, ni de la reconquête d’un patrimoine culturel pour retrouver une identité perdue. »90
Archéologie
Ruines du fort Talietumu.
Des chercheurs du CNRS et de l’Institut de recherche pour le développement de Nouméa ont procédé dans les années 1990 à des fouilles sur le territoire de Wallis-et-Futuna91.
L’un des sites archéologiques majeurs de Wallis est le fort tongien de Kolo Nui à Talietumu, dans le district de Mu’a. À Futuna, plus d’une trentaine de forts (kolo) ont été recensés92.
Religion
Depuis la conversion de Wallis puis de Futuna par les missionnaires maristes en 1840 et 1842, 100% de la population est catholique93. La religion traditionnelle a été supplantée par le catholicisme, qui a intégré de nombreux éléments des croyances locales et s’est adapté à la coutume94.
Églises
Article détaillé : Liste des édifices religieux de Wallis-et-Futuna.
L’église Saint-Joseph, dans le village de Mala’efo’ou (Wallis).
La construction des églises sur le territoire peut être considérée comme un art. Toutes différentes les unes des autres, ces dernières sont en pierres volcaniques pour la plupart et très colorées. Elles sont présentes dans chaque district et dans chaque village. Les pierres toutes sculptées à la main. Sur Wallis, on compte un peu près 26 monuments religieux et sur Futuna, elles sont au nombre de 22. Seuls monuments imposants du territoire, elles font partie intégrante du patrimoine culturel. Le diocèse de Wallis-et-Futuna compte une cathédrale, située à Mata Utu (Wallis), et une basilique dédiée à Pierre Chanel à Poi (Futuna).
Danses traditionnelles
Article détaillé : Danses de Wallis-et-Futuna.
Danse wallisienne exécutée par des Wallisiens et Futuniens de Nouvelle-Calédonie à Nouméa.
Les danses font partie intégrante de la culture wallisienne et futunienne. Chaque année, le territoire organise des concours de danses traditionnelles, la plus connue étant le Soamako95. On peut aussi voir lors de ces concours la danse du Niutao, du Kailao, du Eke, etc. La plupart du temps, ce sont des danses guerrières. Les textes des chants qui accompagnent les danses sont composés pour chaque fête ou grande occasion : le répertoire musical est donc régulièrement renouvelé96. Une partie des danses sont réalisées debout, tandis que le reste des danses se font assis. Pour Raymond Mayer, « elles constituent un phénomène social qui dépasse la simple analyse musicale et esthétique »96.
Artisanat
Tapa fidjien, proche de ceux produits à Wallis-et-Futuna.
L’artisanat est très présent sur les deux îles97. Quatre matériaux sont essentiellement utilisés :
le bois (tel que le feta’u) est utilisé pour la réalisation de sculptures représentant la plupart du temps les animaux et la nature ;
la noix de coco ( “Niu” en Wallisien et Futunien ) est très prisée pour son huile. Cette dernière est mélangée à d’autres fleurs comme la tiaré ou l’ylang-ylang pour la confection de l’huile parfumée locale. C’est l’équivalent du Mono’i ;
les coquillages sont utilisés pour la confection de divers colliers et parures. En effet, les femmes essentiellement, regroupées en associations locales, ramassent les coquillages sur le récif à marée basse et fabriquent avec ce matériau des colliers, des serre-tête et autres objets décoratifs98 ;
le tutu est une fibre végétale. Elle est utilisée pour la confection des lafi (sur Futuna) et gatu (sur Wallis), plus connu sous le nom de tapa. Ce dernier est présent sur de nombreuses îles du Pacifique. Cette fibre peut être décorative ou utilisée comme vêtement, notamment pour les mariages, ou en guise de linceul.
Peinture
Artistiquement parlant, le territoire compte quelques artistes peintres, tels que Aloisio Pilioko99, Soane Takaniua100 ou Rebecca Kulimoetoke. Plusieurs artistes wallisiens et futuniens vivent également en Nouvelle-Calédonie et en France métropolitaine.
Poésie
Virginie Tafilagi est la seule poète wallisienne du territoire. Elle a participé à la rédaction de deux ouvrages collectifs : Sillage d’Océanie 2009 avec l’association des écrivains de Nouvelle-Calédonie et Outre-Mer : trois océans en poésie101 en 2011, avec Maituku Kolonalio[réf. nécessaire].
Musique
Article connexe : Musique polynésienne.
Le territoire de Wallis-et-Futuna se caractérise par une production musicale importante, allant de la musique traditionnelle a cappella nommée Hua lau et accompagnée de percussions en bois, à de la variété, de la pop ou du reggae. La plupart des chansons sont composées en wallisien ou en futunien. Les artistes sont produits sur le territoire.
Le Hua lau désigne le chant traditionnel qui est chanté par le Lau qui est un groupe polyphonique. Ce dernier peut être mixte. Les chants abordent différents thèmes : les histoires d’amour, la guerre, les grands événements historiques, la mort, etc. L’une des caractéristiques musicales du territoire réside dans son traitement du décès dans ses chants. Les familles peuvent demander aux auteurs de composer des chants funèbres en mémoire de leurs morts.
« Le répertoire des chants wallisiens en effet n’est pas de type cumulatif, mais de type transitoire : les chants naissent, se connaissent, puis meurent – progressivement et définitivement – par oubli. Ce phénomène de déperdition, ou plus exactement d’effacement par remplacement, se lira concrètement dans les textes de chants funèbres »102
Photo en couleur montrant des cochons cuits, disposés régulièrement sur le sol les pattes en l’air. Des nattes colorées sont posées sur certains d’entre eux. Des voitures sont visibles à l’arrière plan, quelques personnes marchent sur le côté. Un groupe de personnes est assis sur une natte sur le côté gauche de la photo.
Cochons et nattes alignés devant le palais royal Sagato Soane à Matā’Utu lors d’un katoaga à Wallis en 2008.
Fêtes coutumières – le katoaga
Les fêtes coutumières sont très importantes à Wallis-et-Futuna. Lors des cérémonies, plusieurs cochons sont sacrifiés et offerts en offrande au Roi et à toute la chefferie, selon un protocole bien établi. À Wallis, ces cérémonies portent le nom de katoaga90 et sont profondément ancrées dans la culture wallisienne, rythmant la vie quotidienne : elles ont lieu lors d’une fête religieuse (les différents districts célèbrent leur saint patron chaque année), d’un événement familial ou des fêtes profanes comme le 14 juillet ou la fête du territoire le 29 juillet103. Ces fêtes coutumières ont une origine ancienne et ont perduré tout au long de l’histoire du territoire : « il ne s’agit pas d’un folklore à l’usage des touristes, ni de la reconquête d’un patrimoine culturel pour retrouver une identité perdue »90. Il s’agit d’un exemple de circulation des biens selon une logique de don et contre-don similaire au potlach90.
Cinéma
En 2015 est tourné le premier épisode de la série Foha Tau (les fils de la guerre)104. Initiée par la société Cinemata (l’œil du ciné), cette série est la première tournée entièrement en wallisien et raconte les contes et légendes du Pacifique sud avec une première saison de 3 épisodes, de 60 minutes chacun, diffusée en 2016 et 2017 sur les chaînes de télévision publique française Wallis-et-Futuna 1re et Nouvelle Calédonie 1re.
Sorti en 2016, le film de Sacha Wolff, Mercenaire, incluant des dialogues en wallisien, raconte le départ d’un jeune joueur de rugby wallisien pour la métropole105.