Je déambule dans les rues sans toi et pour la première fois depuis longtemps, je vois. Je vois les lumières le long des rues. Je vois les cafés bondés qui se vident à l’approche du couvre feu. Je vois les vendeurs ambulants criant à tue tête. Je vois des livreurs pressés par la montre. Je vois les chats et les chiens qui, dans des déchets, cherchent leur dû.
Je vois les vieux bâtiments de mon quartier et ses trottoirs mal ordonnés. Trottoirs peuplés de sans-abris et de mal aimés abandonnés, déposés là comme des ordures au milieu de la foule. Je vois les poubelles renversées sur la route. Sans toi pour me distraire, leur odeur m’arrache de mes pensées, me forçant ainsi à contempler cette insalubrité à peine voilée.
Je vois et je reviens peu à peu à la réalité. Avec toi dans ces rues, rien n’avait d’importance, je te regardait fixement et n’écoutais que toi. Avec toi dans ma main, je n’avais pas besoin de la tendre aux mal aimés. Avec toi dans mes pensées, j’étais trop occupée pour me soucier de reste. Tu m’as offert monts et merveilles, voyages et découvertes. Avec toi, cette réalité n’était plus la mienne.
Parce que tu n’es plus là, cette réalité, désormais étrangère, me frappe de plein fouet. Cette réalité dont j’avais oublié l’aspect, celle là même qui m’a toujours entourée, passait au second plan en ta présence. Sans toi, cette réalité reprend du sens à mes yeux.
Aussi horrifiante qu’elle est, cette réalité est la mienne alors j’en prendrais compte. Je cesserai de l’ignorer ou de la fuir à travers toi. Ma main ne me servira plus seulement à te toucher, te caresser, mais à caresser celles de ceux qui m’entourent. Me yeux ne te fixeront plus comme avant, ils me serviront de guide dans ma réalité. Mes oreilles ne te seront plus dévouées, mais à l’écoute de mon prochain. En espérant qu’un jour, toi mon petit rectangle cesse d’être le substitut de ma réalité.
Ma réalité qui, désormais, ne sera plus limitée par ta rectangularité.
Mourir d’amour, n’avoir que l’être aimé comme seul horizon. Heureux ceux qui s’en rendent compte.
Quand on se retrouve seul, on est désemparé, illusion fatale.
Belle description du monde vu à travers l’amour. J’aime bien l’image. C’est Blade Runner?
L’image c’est un pote qui me l’a envoyé, du coup je sais pas désolée, mais je peux te l’envoyer
Avec plaisir
superbe ! et bravo pour la belle démarche dans cette histoire.
J’aime bien l’histoire. Juste le petit bémol sur me yeux au lieu de mes yeux.
Du courage ce fût une belle lecture