« Bip bip bip… »
Ce petit bip constant commençait à l’agacer sérieusement…
Tous les matins à 8heures, Amélia prend le bus pour se rendre à son bureau. Elle salue le chauffeur, qu’elle a fini par apprécier, choisit un siège au hasard, sort ses écouteurs et disparait dans son monde le temps d’une petite heure.
« Métro, boulot, dodo ». Voilà à quoi ressemble sa vie. Amélia ne sortait pas, ne voyait pas ses amis, qui tentaient, en vain de la sortir de sa routine. Sauf que cette routine là lui convenait très bien, elle aimait sa petite vie tranquille, organisée, sans imprévu qui pourrait tout gâcher. Rentrée à 18heures, repas à 20heures et coucher à 21 heures, tout était calculé, elle ne s’imaginait pas que l’on pouvait vivre autrement. Les week-ends, elle s’enfermait chez elle juste après avoir fait ses courses le samedi matin, où bien évidemment elle avait un casque aux oreilles, pour être sûre que l’on ne vienne pas lui parler.
Vendredi. Amélia était plutôt contente, elle était un peu fatiguée cette semaine et avait hâte d’être en week-end. Ce qu’elle ne savait pas, c’est qu’elle n’arriverait jamais au boulot, qu’elle ne sera plus jamais en week-end dorénavant.
En préparant son sac, avant de partir, elle avait oublié ses écouteurs. Dans le bus, assise pas très loin du chauffeur, elle commença à entendre un petit bip. Vous savez, les petits bips dans les voitures quand on n’a pas attaché sa ceinture, c’est exactement ça. Elle essayait de se concentrer sur la route mais ce bip ne lâchait pas ses oreilles. Elle s’imaginait toutes sortes de scénario à propos de ce bruit incessants. Le plus improbable étant que le chauffeur n’avait pas mis sa ceinture de sécurité parce qu’il voulait se suicider et il avait décidé d’entrainer avec lui ses passagers. Cette idée la fit rire deux secondes puis elle la chassa de sa tête. Pourtant sa parano prenait le dessus à chaque virage, ils allaient tous mourir.
Elle se détendit lorsqu’elle aperçut le magnifique paysage qu’elle avait chaque jour la chance d’admirer. Du haut du pont étroit sur lequel passait l’autobus, elle regardait les vagues s’abattre sur les falaises, un spectacle magnifique. Malheureusement, cette sensation de bien être fut de courte durée. Le conducteur ne prenait pas la route habituelle. Il fonçait vers le vide où seul un petit muret le séparait du pont. Les passagers commençaient à hurler lorsque Amélia, de son, côté, restait là la bouche ouverte, ne pouvant ni bouger ni crier.
Le bip retentissait à nouveau dans ses oreilles et là, elle comprit, elle avait visé juste avec l’histoire de la ceinture de sécurité. Elle eut juste le temps de lui demander pourquoi :
« Ils ne m’ont jamais pris au sérieux, on ne m’a jamais cru, tout le monde s’en fout du petit chauffeur de bus, maintenant ils comprendront ».
Une minute plus tard, l’engin fit un saut du haut de ce pont qu’elle avait tant aimé. Sa dernière pensée fut : « A qui vais-je manquer, tout le monde s’en fout de moi, mais qu’est- ce que j’ai fait de ma vie? ».
Marie Val.
C’est plutôt bien écrit car j’arrivais facilement à visualiser le personnage, son train de vie et le décors. Dommage que ça c’est mal terminé pour Amélia (RIP). À moins qu’elle est survécue…
Merci^^
Malheureusement, elle n’a pas survécu…