La transformation
Lola ne vint pas en cours pendant trois jours afin de pouvoir se remettre de ses émotions. Rencontrer celle qui l’avait sauvé de ce cauchemar qu’avait été le sien, avait réveillé tout ce qu’elle avait réussi à enfouir au plus profond d’elle-même. Lui faire face avait été une torture, comment allait-elle faire ? Incapable de réfléchir, de se contrôler, elle prit sa boite d’alprazolam et en prit deux avant de se coucher et de sombrer dans un sommeil sans rêves. Elle fut réveillée, le lendemain, par la sonnerie de son téléphone. C’était Cheryl, sa meilleure amie depuis l’enfance. Elle balança son portable contre le mur pestant contre tous ces gens qui lui voulaient du mal. Lola aimait son amie mais elle la connaissait, elle connaissait sa personnalité, son caractère qu’elle avait accepté jusque-là mais qui la fragilisait aujourd’hui. Elle n’avait plus aucune envie de la voir ni même de lui parler. Si couper les ponts avec ses proches étaient la seule solution se disait-elle pour enfin être tranquille alors elle n’hésiterait pas une seconde. La tête lourde, elle alla se passer de l’eau sur le visage. Lorsqu’elle releva la tête, ce qu’elle vit dans le miroir la dégouta. Des yeux rougis par les pleurs, cernés par la fatigue, la peau toute blême, elle ressemblait à une junkie. Comment avait-elle pu en arriver là ? « Je n’ai que ce que je mérite », les mots qu’elle prononça juste avant d’abattre son poing sur son reflet.
Lorsqu’elle réapparut à la fac, la Lola déprimée des jours précédents avait disparu. On aurait dit une autre fille. Souriante, aimable, pas farouche, elle n’hésitait pas à se mêler aux autres pour tenter de se faire des amis. En une journée, elle s’était créé un réseau d’amis qui l’invitait de partout à des soirées où l’alcool et la drogue coulaient à flot. La jolie rousse commençait sa vie d’étudiante et rien ne pouvait la rendre plus heureuse. Une seule chose lui manquait, elle voulait un petit ami. Sans copain, elle ne sentait pas complètement normale. C’est dans cette idée qu’elle partait en soirée, elle partait à la chasse. Entreprenante, elle dansait avec les mecs qui étaient bien contents de trouver une fille avec qui finir la soirée. Alcoolisée et soucieuse d’oublier qu’elle aimait la gent féminine, elle ne se rendait pas compte de ce qu’elle faisait. C’est ainsi qu’un dimanche matin, elle se réveilla avec un mal de crâne horrible dans un lit qui n’était pas le sien, à côté de ce garçon dont elle ne se rappelait pas le nom.
Pierre fut son premier petit ami. Pas d’amour, pas de sentiment, tout cela n’était pas important pour elle. Elle rentrait enfin dans le moule. Sauf que Pierre n’était pas dupe. Elle ne faisait que l’exhibait devant ses amis, ils ne se voyaient jamais, aucune marque d’affection de sa part. S’il réussissait à avoir un baiser de temps en temps c’était déjà une grande victoire. Pas de sorties ciné, pas de soirées seules tous les deux. Les soirées étudiantes s’enchainaient. Lola buvait maintenant très régulièrement et ne pouvait de moins en moins se contrôler étant alcoolisée.
Les amis qu’elle s’était fait commençaient maintenant à l’éviter. Ils voulaient s’amuser et non pas jouer les sauveurs pour quelqu’un en manque d’attention qui ne faisait que se mettre en danger ne savant pas boire.
Pierre finit par partir, de nouveau elle se retrouva seule. Du moins, c’est ce qu’elle croyait car elle avait encore quelqu’un qui se préoccupait de sa santé, celle qu’elle voulait éviter le plus possible. Tous les matins, Steph la rejoignait à la cafet prendre de ses nouvelles et lui souhaiter une bonne journée. Elle détestait ces visites du matin, espérant jour après jour qu’on la laisse tranquille. Elle ne voyait pas ce que Steph pouvait lui trouvait, pourquoi elle ne faisait pas comme les autres. Elle méritait que tout le monde la haïsse.