Dans un lycée dit banal, pendant un cours d’histoire, Lucien, 16 ans, s’ennuie maintenant depuis 1 heure et demie. Il s’ennuie, essaie de se concentrer sur le récit lassant de la “fabuleuse” épopée du roi Louis XIV et de ses toilettes ; tout le monde le suivait partout où il allait. Lucien ne comprend pas l’intérêt de l’Histoire. Ce jeune homme – en proie à la fougue de la jeunesse – ignore à ce moment-là que le cours de Mr Guilt va lui changer sa vie.
Mais pour l’instant, il pense, divague et fait tout pour ne pas réfléchir ; comme ça, inconsciemment. Lucien se perd dans ses pensées, qui sont plus perdues que lui. D’abord, il pense à sa famille, bien loin de lui désormais, reposant…..sur le canapé familial ; à son chien, sans doute couché dans son panier ; et soudain, Lucien quitte ses pensées, pour diriger son regard vers une personne. Une et une seule.
Elle s’appelle Lise, elle a 16 ans, passionnée de littérature depuis ses 9 ans. Parfois, dans la cour de récréation, elle remarque Lucien et n’ose pas l’approcher, de peur de se faire rembarrer. À la simple vue de Lise, le jeune amoureux a un sentiment tout nouveau en lui ; frisson gênant qui n’a aucun rapport avec l’amour. Non, ce frisson, c’est celui de l’inspiration.
Ce mot retentit dans l’esprit de Lucien en faisant des ricochets entre les différentes parties de son crâne et de son inconscient ; jusqu’à atteindre une partie tout juste découverte : l’imagination.
À l’annonce – personnelle – de ces deux notions, Lucien ne se retient plus. Il n’a pas besoin d’en entendre plus, ici, dans cette salle de classe auprès du fastidieux roi Soleil. Non. Le jeune lycéen a besoin d’évasion, spirituelle comme physique : le besoin d’air lui monte au cerveau, manquant de peu de détruire les deux notions.
Il prend une décision qui lui vaudra, plus tard, une mise en garde inscrite sur son carnet. Pris d’un étrange instinct, Lucien se lève, sort de la salle, et se dirige vers la cour. Il traverse le couloir de son étage en courant, descend les escaliers, et, arrivé devant la porte de sortie d’immeuble, court sans s’arrêter jusqu’à arriver à une table de pique-nique.
Dehors, le silence règne. Aucune forme de vie n’apparaît à ses yeux, ni à ses oreilles, ni même à son esprit ; qui lui, est déjà bien rempli par les deux notions. Lucien, dans sa course, n’a même pas le temps de remarquer si oui ou non quelqu’un se trouve dans la cour. Tant de sentiments s’étaient mêlés dans sa course, qu’au moment de s’asseoir, il en perdit l’énergie.
Lucien sort un carnet et un stylo qu’il avait emporté dans sa fuite. Sans réfléchir, mais en pensant, il inscrit les deux notions qui lui taraudent l’esprit depuis maintenant deux bonnes minutes. Notions, accompagnées d’un petit texte ; texte d’ailleurs coupé à cause de l’intervention d’un surveillant.
Voici ce qu’il écrit :
“Inspiration & Imagination,
voilà deux mots aussi simples que complexes. Deux notions qui m’ont enlevé de l’ennui scolaire et m’ont rattachés à l’amour des mots. Ce texte est le premier de ma carrière future, ainsi que le dernier de ma période d’ignorance des mots.
Inspiration et Imagination,
voilà deux mots que j’inscrit là, sans aucun filtre – qui m’aurait laissé l’opportunité de mentir – mais avec une pointe d’émotion. Jamais je ne lâcherais ces deux notions, jamais je ne lâcherais mon rêve.
Inspiration et Imagination,
maintenant je le sais, je veux être écri…”