Sven
– Comment ça je ne suis pas l’Ancien ? Me demandait-il, horrifié.
– J’ai commencé à avoir des doutes hier. Tu étais, je dirais, différent depuis qu’on est arrivé ici. Tu étais moins enragé… Apaisé. Et puis, tu ne connaissais pas la « Clé des Mondes » et pleines autres choses qui m’ont mis la puce à l’oreille… Je ne sais pas si tu as remarqué mais tu as fait le petit déjeuner et même débarrassé. Comment un démon tel que toi, aurait pu faire ça ? Et j’ai aussi senti ta détresse quand nous sommes retrouvés devant la pierre tombale de mes parents. Alors non c’est sûr tu n’es pas l’ancien, lui expliquais-je.
– Qui suis-je alors ?
– Ça je ne sais pas mais je compte y remédier en retrouvant un sortilège, qui va te faire revenir tes derniers instants avant qu’on te mette dans ce corps.
– Et c’est possible ?
– Bien sûr ! Tu ne sais pas encore à qui que tu as à faire ! Lui répondais-je, faussement outré, pour détendre l’atmosphère.
– Et on fait ça quand ?
– Maintenant ! Lui répondais-je, en claquant des doigts pour faire apparaître mon grimoire. Alors voyons voir ! Ah j’ai trouvé ! Bon ce n’est pas à ce je m’attendais mais ça fera l’affaire quand même.
– Tu m’expliques ? Car je ne comprends rien ! Me demandait-il, avec les sourcils froncés.
– Normalement avec cette incantation, nous retournons dans le passé en état de fantôme, pour voir les derniers instants de la vie de la personne, mais c’est uniquement valable pour les humains ou les sorciers. Mais pour les démons s’est complètement différent… On entendra uniquement les voix mais on n’aura pas d’image… Tu vois ce que je veux dire ?
– Oui… Enfin je crois.
– Ne t’en fait pas, tu vas vite comprendre… Installons-nous confortablement.
Et sans plus attendre, je fis apparaître, d’un mouvement de main, un tapis au milieu de la pièce. Nous nous installions au milieu, jambe en tailleur et je reprenais mes explications :
– Donne-moi tes mains, ferme les yeux et concentres-toi sur ma voix. Mais surtout, je dis bien surtout, ne me lâche pas, d’accord ?
– D’accord, me répondait-il perplexe.
Après quelques minutes de concentrations, je récitais à haute voix l’incantation :
« Sorciers, sorcières et haut delà.
Écouter ma voix.
Que le futur devienne le présent.
Que le présent devienne le passé.
Que la vérité nous soit révélée »
Et d’un coup, une chaleur nous envahissait, des bruits qui ressemblaient à du vent se faisaient entendre et soudain des voix, des pas et des cris apparaissaient, ça y est, nous avions remonté le temps.
– Tu vas te dépêcher immonde créature.
– Oui j’arrive Monsieur.
– Qu’est-ce qu’il est bête et inutile. Si je m’écouterais, il serait déjà mort !
– Mais dépêches-toi ! Il ne faut pas les faire attendre plus longtemps.
– Oui ! Oui ! J’arrive.
– Espèce d’empoté.
(Silence… Des pas qui résonnent… Une porte qui s’ouvre… La voix de Tara)
– Mais Maître comment faire ?
– Il me faut un corps humain mort et une âme d’un démon qu’il n’a aucune importance pour nous.
(Bruit d’un plateau qu’on pose sur une table… Encore la voix de Tara)
– Ah enfin, je croyais que nous allions mourir de faim ! Dégage, imbécile, rien que de te voir… Me donne la nausée.
(Des rires moqueurs)
– Oui Maîtresse.
– Voici le corps de l’humain Maître.
(Un bruit lourd qui ressemblait à une chose lourde qu’on posait par terre)
– Ah parfait ! Vous l’avez bien choisi, un peu vieux par rapport à ce que je pensais, mais de bonne carrure… Félicitations.
– Merci Maître.
(Une fierté dans la voix)
– Quel démon voulez-vous, Maître ?
– Il me faut un démon très maniable et peu puissant pour que je puisse envahir son esprit sans difficulté et en faire ce que je veux !
(Des bruits de pas, une porte qui s’ouvre)
– Attends !
– Oui Maître.
– Approche.
(Une porte qui se referme… Des ricanements qui se faisaient entendre)
– Quel est ton nom ?
– Kohl, Maître.
– Parfait !
– Pardon, Maître.
(Un bruit qui ressemblait à une épée qui transperçait un corps)
– Allongez-le à côté du corps de l’humain, je vais commencer le rituel.
(Silence… Une longue ancienne qu’on prononçait… Silence… Le cri d’une personne qui revenait à la vie)
– Parfait…
Sans m’apercevoir, Kohl avait tout interrompu, en me lâchant les mains. Et c’est ouvrant les yeux que je m’apercevais qu’il était déjà à la fenêtre, son visage reflétant son inquiétude.
– Que se passe-t-il ? Lui demandais-je, en allant le rejoindre.
– Je ne suis rien… Qu’une merde que les autres supportaient… Un serviteur, rien qu’un simple serviteur, que tout le monde insultait et humiliait.
– Je suis désolé.
– Pourquoi ? Tu n’es pour rien.
– Si, j’ai voulu savoir qui tu étais et en faisant remonter ses souvenirs à la surface, tu es triste maintenant.
– Fallait bien qu’on le fasse de toute façon.
– C’est vrai… Mais sache une chose que tout ce que tu as entendu… est faux, d’accord ? Car si tu étais vraiment mauvais, tu serais avec eux entrain d’élaborer ce plan.
Alors qu’il allait répondre, je tournais ma tête vers la fenêtre, quelque chose n’allait pas.
– Que ce passe-t-il ?
Quand soudain une voix, que je connaissais très bien, se fit entendre :
– Bonjour Sven.
– Ismaël ! Répondais-je, en me retournant.