Imagine une ombre, voguant tranquillement sur la surface de l’eau. Une absence de lumière traversant un océan. De longues ailes de ténèbres, un plumage d’onyx. L’oiseau vole, l’ombre suit. À jamais lier à son créateur, à jamais aux côtés de son hôte. Flottant sur des vagues des plus impressionnantes, elle reste en retrait. L’ombre ne fait que glisser, tirer par une force inconnue. Son hôte bat des ailes, il respire, il vit. Elle ne fait que l’imiter. Ne sachant pourquoi, ne sachant comment.
Le soleil se couche à l’horizon, elle s’allonge à vue d’œil. Grandissante, s’étirant, l’ombre se répand sur l’océan. Si elle possédait une bouche, elle sourirait. Que devient une ombre sans lumière? Elle va bientôt faire partie de la nuit. L’ombre ne fera plus qu’un avec l’obscurité, englobant son hôte pour le protéger. Un ange gardien, un démon protecteur.
Nuage, pluie, éclair, l’oiseau se dirige vers une tempête. Elle ne peut pas le protéger de cette ennemie-là. Une ombre ne peut vivre dans la lumière.
Un arc d’électricité descend du ciel et elle doit s’écarter. Elle doit abandonner cet être qui la fait voguer. Si elle avait des yeux, elle pleurait. L’éclair frappe son hôte, le tuant d’un coup. L’ombre voit son hôte plonger et elle se rétrécie jusqu’à ce qu’elle meure à son tour.
Imagine une carcasse, voguant tranquillement sur la surface de l’eau.