Social Parasite

4 mins

Chapitre I : L’envers du décor 

Tout commença un soir de pleine lune on ne peut plus ordinaire. L’hiver touchait à sa fin et les dernières gelées nocturnes s’en donnaient à cœur joie, sachant pertinemment bien qu’elles dussent bientôt laisser place à la douceur printanière. 

Dans ce contexte de fin de cycle, l’individu qui fit son entrée dans « la confrérie millénaire » semblait tout droit sorti d’un film fantastique.  

Pourtant, ce n’était pas tant son physique que son accoutrement qui dénotaient avec les autres personnages présents dans ce lieu où la clandestinité était de rigueur.  

Le nouveau venu arborait une longue veste en cuir noire et un pantalon du même teint. Quant à ses chaussures, elles étaient tout aussi foncées ; et, sa longue chevelure n’échappait pas non plus à ce standard qui lui conférait un certain standing.  

– Ça va, l’ami ! l’apostropha une jeune femme qui avait tout au plus la vingtaine. 

– Ça va très bien, madame, répondit l’homme en noir. 

– AHHAHAHAH ! s’esclaffa son interlocutrice. Tu es un drôle de zozo, toi ! Tu m’appelles madame alors que j’ai à peine 18 ans. 

– Excuse-moi. Je prends toujours des gants avec les gens que je ne connais pas. 

– Détends-toi un peu, l’ami. Ton accoutrement me laissait présager que tu étais quelqu’un de cool. 

– Ne parle pas si fort, je suis censé être incognito. 

– Et tu penses sincèrement pouvoir passer inaperçu avec un tel déguisement ! ricana l’adolescente. 

– Ça va, mon pote ! intervint un quidam au visage livide. 

– Je vais très bien, monsieur ! Merci de vous en soucier. 

– Du calme, mon pote : on n’est pas à un examen oral ici, gloussa le nouvel intervenant. 

– Vous deux, laissez mon invité tranquille, put-on entendre à trois mètres sur la gauche.  

Celui qui venait de sortir notre « touriste » de l’embarras n’était autre que le maître des lieux en personne. 

– Bonjour très cher, commença le patron en se tournant vers le symbole de l’obscurité. 

– Bonjour, monsieur ! répondit l’objet de toute l’attention de la salle. 

– Très cher, il est inutile de donner du monsieur à qui n’en demande pas. Vous pouvez m’appeler Alisto. 

– Bonjour, Alisto, répéta le jeune homme à l’allure douteuse. 

– Détendez-vous, très cher, et prenez un verre pour moi. Robert, ajouta-t-il en se tournant vers le serveur, veux-tu bien servir un verre à mon invité ? 

– Que prendra monsieur ? demanda le garçon de café. 

– Un whisky sur glace, lança Tristan d’un air assuré qui cadrait mal avec son ressenti intérieur. 

– Je vois que vous êtes un fin connaisseur ! s’exclama le propriétaire de l’établissement. 

– J’essaye de profiter des bienfaits de la vie, précisa l’homme de l’ombre. 

– En parlant de l’existence, pouvons-nous nous entretenir à propos de l’affaire qui vous amène ici ? suggéra Alisto. 

– C’est bien pour ça que je suis là, assura Tristan revigoré par l’intérêt qu’on lui portait. 

– Robert, veux-tu bien nous apporter nos consommations dans mon salon privé ? 

– À vos ordres, monsieur ! répondit le barman. 

– Venez, très cher. Allons nous installer à la table des vainqueurs, proposa Alisto. 

– Je vous suis ! se contenta de murmurer Tristan. 

*  

Moins d’une minute plus tard, notre duo se retrouva devant une porte qui avait l’air de donner accès à un monde complètement inconnu du grand public. Et, en poussant l’imposant rectangle en bois qui se présentait devant nous, Alisto m’entraina dans un univers où tous mes rêves les plus fous semblaient pouvoir se matérialiser. 

Pour autant, la pièce en question n’était pas spécialement impressionnante. Mais, les miroirs placés habilement lui conféraient un effet de profondeur quasiment infini. 

Cela étant, il y avait bien plus interpellant, dans cet endroit. En effet, en son centre se tenait un groupe de personnes à la peau aussi pâle que la mort et au regard incroyablement intense. 

– Bienvenue parmi nous, très cher frère, put-on entendre sortir de la bouche d’un des énergumènes au teint blanchâtre. 

– Merci, messieurs. Vous n’imaginez pas à quel point je suis honoré de vous rencontrer. 

– Tout le plaisir est pour nous. 

– Et si tu nous montrais ce que tu sais faire, suggéra un autre participant à la fête qui semblait se dessiner. 

– Comment ça ! Je ne vois pas où vous voulez en venir, objectai-je. 

– Ben oui, quoi : montre-nous tes dents, qu’on voit de quelle émaille tu es fait, insista le grossier personnage. 

J’avançai alors au centre de la pièce et laissai découvrir mes magnifiques canines à mes joyeux convives. 

– Tu te moques de nous, lança soudainement Alisto ! Ton implant est aussi grossier que ton accoutrement, ajouta l’hôte du jour qui avait visiblement perdu de sa superbe. 

– Je ne vois pas de quoi vous parlez, tentai-je. Mes… 

Avant qu’il ne puisse continuer son explication, le jeune garçon vit un énorme poing fondre sur lui à une vitesse vertigineuse et son corps se pétrifia tant sa peur était grande. Quant à son esprit, il ne pouvait qu’appréhender la sensation qui résulterait du choc entre son petit nez fragile et cette massue à forme humaine… 

Quelques minutes après la bastonnade qu’il venait d’essuyer, Tristan se retrouva aux abords d’un terrain vague, abandonné par ses détracteurs, comme une ordure juste bonne à jeter à la poubelle. 

« Dans quel bourbier me suis-je encore fourré ? », ne put-il s’empêcher de se demander.  

Tout en se questionnant, il entreprit de rentrer chez lui pour soigner les blessures que lui avait infligées cette bande de sauvages. 

– Oh, mon Dieu ! Que t’est-il arrivé, mon chéri ? hurla sa mère quand elle aperçut le visage en décomposition de son fils.  

– Je me suis fait agresser par des voyous, balbutia Tristan. 

– Ça t’apprendra à te balader dehors à une heure aussi tardive ! grommela son père qui semblait plus irrité par les promenades nocturnes de son fils que par son état de santé pourtant défaillant.  

Le jeune homme ne daigna même pas répondre au mépris affiché par son procréateur. De toute façon : qu’aurait-il pu dire ? Il était évident que s’il venait à raconter ce qui lui était arrivé, il serait bon pour l’asile.  

Et, plus il y réfléchissait, plus il lui semblait primordial de garder toute cette histoire pour lui. Après tout : qui serait assez ouvert d’esprit pour croire en l’existence des vampires quand on connait l’effort d’imagination qu’il faut pour conceptualiser cette éventualité…

No account yet? Register

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Lire

Plonge dans un océan de mots, explore des mondes imaginaires et découvre des histoires captivantes qui éveilleront ton esprit. Laisse la magie des pages t’emporter vers des horizons infinis de connaissances et d’émotions.

Écrire

Libère ta créativité, exprime tes pensées les plus profondes et donne vie à tes idées. Avec WikiPen, ta plume devient une baguette magique, te permettant de créer des univers uniques et de partager ta voix avec le monde.

Intéragir

Connecte-toi avec une communauté de passionnés, échange des idées, reçois des commentaires constructifs et partage tes impressions.

0
Exprimez-vous dans les commentairesx