Du néant au frisson. Chapitre 16.

5 mins

Il était la planté devant moi. Avec son air trop sérieux. Mais j’aimais tellement ça. Je savais que j’allais craquer. Même en colère, j’avais toujours ce frisson qui me parcourait quand je le voyais. Ce frisson qui me rappelait combien j’étais vivante. Malgré tout, il fallait que je me montre forte. Que je ne flanche pas.

— Qu’est-ce que tu fais là ?

— Tu as fait tomber tes clés. Je te les rapporte.

— Merci !

Je lui prends les clés des mains et lui tourne le dos.

— C’est tout un simple merci ?

— Tu veux quoi de plus ?

— Tu pourrais m’inviter à boire un verre.

Je me retourne, pour voir s’il était sérieux dans ce qu’il disait.

— Ben quoi, je t’ai bien invité chez moi.

J’ouvre la porte du hall d’entrée et lui tiens la porte. Je ne dis pas un mot. Je monte les deux étages, et il me suit. J’ouvre la porte de chez moi et le laisse entrer. Je referme la porte à clés. Jette mon sac dans l’entrée et me dirige tout droit vers la poubelle de la cuisine.

— Qu’est-ce que tu cherches ?

— Rien qui ne te regarde.

J’en sors les anxiolytiques et antidépresseurs, jeté la veille. J’ouvre la boîte et prends un cachet de chaque. Je me sers un grand verre d’eau et les avales tout de suite.

— Qu’est-ce que tu veux boire ?

— Tu me proposes quoi ?

— De l’eau.

— Et bien de l’eau alors.

Je lui sers son verre d’eau. Et je me précipite sur la terrasse. J’ouvre mon paquet de clopes et en allume une. Axel me rejoint et fait de même.

— Tu veux qu’on parle de ce soir ?

— Tu veux parler de quoi Axel ? De ton comportement de merde ?

— C’est toi qui m’as laissé seul ce soir.

— Pardon ?

Je me tourne vers lui pour lui faire face.

— Dis-moi que tu te fous de moi Axel !

— C’est la vérité. Tu n’avais pas besoin de moi.

— Et donc, c’était une raison pour te comporter comme un vrai connard ?

— Eliya.

— Non tais-toi Axel. N’en rajoute pas une couche. Tu fais ce que tu veux. Risque ta vie. Risque ton avenir. Mais me fais pas chier. On ne se connaît pas.

— On ne se connaît pas. Mais c’est toi qui as décidé de venir bouleverser ma putain de vie. Et crois-moi j’étais loin d’en avoir besoin.

Je l’attrape par le bras, pour rentrer à l’intérieur de l’appart. Je ferme la baie vitrée. Je vais finir par ameuter tout l’immeuble et je n’ai pas besoin de ça.

— C’est moi qui bouleverse ta putain de vie ? C’est bien ce que t’es entrain de me dire la ? Qui est venu parler à l’autre en premier ?

J’étais tellement en colère. Et je sentais que lui aussi.

— Arrête.

— Sinon quoi ? Tu vas me taper dessus Axel ? Tu vas me cogner comme le mec que tu as cogné si fort ce soir ? Comme tous les autres ? Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ?

— Tais-toi Eliya ! Arrête !

— Non, je n’arrête pas.

Il me plaqua contre le mur du salon. Et me hurla d’arrêter. Son visage était si près du mien. Calmement, je lui dis.

— Va y Axel. Frappe-moi.

Il me lâcha aussitôt, comme ci il venait de se rendre compte, de la violence de son geste. Il recula. Il attrapa mes clés ouvrit la porte et la claqua derrière lui.

J’étais à bout de souffle. Je ne savais pas ce qui m’avait poussé à le provoquer de cette manière. Mais c’était tellement… Vivant.

J’étais pétrifié. Je n’osais plus bouger de contre le mur. Mon téléphone sonna.

C’était la conversation discord avec le groupe.

02h48 : Johane : Tout le monde est bien rentré ?

02h49 : Maria : Oui merci pour ce soir et de m’avoir ramené. Je file au lit.

02h50 : Julien : Bien arrivé également. Merci pour ce soir. Et j’espère que ça va Eliya.

02h55 : Eliya : Bien rentrée. Antoine m’a raccompagné. Je suis vraiment désolé pour ce soir. Je n’avais pas prévu de tomber sur cette personne et quelle gâche la soirée !

02h56 : Antoine : Rien n’a été gâché. Merci pour ce soir. C’était cool de voir du monde.

J’allais enfin m’écrouler sur mon lit, quand je reçus une nouvelle notification, cette fois-ci en message privé. C’était Antoine.

Antoine : Ça va mieux ?

Eliya : Oui merci et encore désolé.

Antoine : Je te l’ai déjà dit, tu n’as pas à t’excuser.

Eliya : Merci

Antoine : Merci à toi.

Eliya : Pour ?

Antoine : Ce soir, je me suis senti utile.

Eliya : Oui heureusement que tu étais là.

Antoine : Je n’allais pas le laisser te toucher. Tu avais l’air déboussolé.

Eliya : C’était le cas.

Antoine : Tu cherchais quoi dans ton sac ?

Eliya : Mes médicaments…

Antoine : Anxio ?

Eliya : Oui… Mais comme j’avais tout jeté la veille…

Antoine : Pourquoi ça ?

Eliya : Je pensais aller mieux.

Antoine : Je sais ce que c’est. Il y a quelques semaines, j’ai tout jeté. Antidouleur, anxio, antidépresseur. Tout.

Eliya : Tu penses qu’on va s’en sortir un jour ?

Antoine : Je pense que tout est possible. Vous avez bien réussi à me faire sortir ce soir.

Eliya : En tout cas, j’ai passé un bon moment avec vous.

Antoine : Moi aussi.

Antoine : Ça te dirait qu’on se voit demain, dans la journée ?

Eliya : Tu voudras faire quoi ?

Antoine : Je ne sais pas. Se poser en terrasse et ne rien faire d’autre, que de profiter du beau temps.

Eliya : OK, ça me va. Quelle heure ?

Antoine : 15h ?

Eliya : Parfait, je te laisse. Je commence à m’endormir.

Antoine : Bonne nuit, à demain.

Eliya : Bonne nuit à toi aussi.

Ce n’était pas vrai. Je n’avais pas sommeil. Pas du tout même. J’étais encore trop remonté contre Axel pour tenter de dormir. Et trop de choses se bousculaient dans ma tête.

Je me suis fait couler un bain. Le contact de l’eau chaude me détendit automatiquement. J’étais un peu plus calme. J’ai posé mon téléphone sur le rebord de la baignoire. J’ai fermé les yeux. Et j’ai essayé de ne plus penser à rien. De faire le vide. D’oublier l’accident, Axel et le groupe de victimes.

Je sentais que je m’endormais. Jusqu’à ce qu’il écrive.

Axel : Ce que tu ne veux pas comprendre. C’est que ce que tu prends pour de la violence, ça me fait sentir vivant. J’ai besoin de violence. J’ai besoin d’avoir mal. J’ai besoin de sentir que j’ai le contrôle. J’ai besoin de ça. C’est mal, mais je ne frappe pas de pauvres mecs. Ils sont là parce qu’ils ont envie de se battre. J’ai que ça dans ma putain de vie. Enfin, j’avais que ça. Jusqu’à ce que tu te pointes au restau. J’ai adoré ta façon de me regarder. Ta façon de répondre à tes copines. Je me suis dit que je devais te laisser tranquille, puis tu t’es pointé à la salle de boxe. J’ai aimé te provoquer. J’aime ce que tu me fais ressentir. Que tu me mettes hors de moi. Que tu franchisses toutes les lignes rouges. Et je sais que tu aimes ça. Sinon tu ne me laisserais pas revenir encore et encore. Ça ne fait que quelques jours, mais regarde la connexion entre nous. Tu te sens vivante avec moi. Je sais que je ne me trompe pas.

Je ne savais pas quoi répondre à ce message. Il avait tout juste. J’aimais ça. Je me sentais vivante avec lui.

Axel : Tu as besoin de moi, autant que j’ai besoin de toi.

Je perdais pied avec ce garçon. Je ne répondis à aucun de ces messages. Je voulais le laisser douter. Douter de lui. Douter de ce qu’il se passait entre nous.

Je suis allé me coucher. Un peu plus détendu. Et avec le sourire.

Il avait besoin de moi.

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3 Commentaires
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Wine Michel
2 années il y a

je reviens par hasard ^^ une bestiole est en train de me faire chier … trop de commentaires tuent l’histoire ^^ et je n’analyse pas le coté personnel, il faut rester généraliste, mais je ne suis que touriste.

bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

Entre les deux … compliqué. Ange ou démon?

DeJavel O.
2 années il y a

C’est une caractéristique des PN. Ils ont la faculté de décoder l’autre plus vite que la personne ne se décode elle-même. Ici, il est clair qu’Axel a compris qu’Eliya cherchait à renaître, à se sentir vivante. La phrase suivante «  Ce que tu ne VEUX pas comprendre. C’est que ce que tu prends pour de la violence, … ça me fait sentir vivant. » est magnifiquement bien plantée. Elle exprime comment le PN vole à l’autre ses désir les plus profonds. Comment il la diminue subtilement, insidieusement. Je remarque également qu’il « injecte » des désirs de substitution. Manipuler, c’est aussi cela.., Magnifique chapitre !

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